Ce mardi 15 octobre, pour la première fois dans l’histoire de l’aviation iranienne, un équipage composé uniquement de femmes a pris son envol. Neshat Jahandari et sa copilote Forouz Firouzi ont pris les commandes d’un des nombreux MD-80 de la compagnie Zagros Airlines pour emmener quelque 170 passagers de Téhéran à Mashaad, deuxième plus grande ville iranienne.
Le vol, qualifié par la presse iranienne d’historique, a largement été relayé sur les réseaux sociaux. L’activiste irano-américaine Masih Alinejad, qui a fait du droit des femmes en Iran son cheval de bataille, s’est empressée de partager la nouvelle avec ses 2,8 millions d’abonnés sur Instagram.
Ce trajet inédit est d’abord le résultat de l’acharnement et de la détermination d’une femme : Neshat Jahandari. Du haut de ses 29 ans, la jeune femme affiche une belle expérience en matière de pilotage. Elle compte à son actif plus de 3 000 heures de vol en tant que copilote pour la compagnie Zagros Airlines. Dès 17 ans, elle commence une formation de pilote parallèlement à ses études à l’université et décroche un diplôme d’ingénieur aéronautique. Puis la compagnie, en manque de pilotes, décide de lui faire passer une formation de pilotage. Après avoir réussi haut la main le test final, Neshat accomplit son rêve et devient pilote. Elle-même l’affirme : « Beaucoup ont été surpris par mon arrivée à l’école de pilotage, beaucoup m’ont dit que cette profession était faite pour les hommes et que je n’y avais pas ma place. »
Ce vol s’inscrit notamment dans une volonté de féminiser le secteur aérien iranien. En 2018, la femme d’affaires iranienne Farzaneh Sharafbafi, à la tête de la compagnie Iran Air depuis 2017, espérant augmenter ses effectifs féminins, avait annoncé l’ouverture aux femmes des postes de pilote. Une fonction qui leur était auparavant interdite au sein des compagnies aériennes nationales. Cette initiative reste cependant dérisoire, moins d’une dizaine de femmes étant aujourd’hui pilotes d’avion en Iran et étaient jusqu’alors sous le commandement d’un homologue masculin.
Le pouvoir iranien semble vouloir montrer des signes d’ouverture sur la question de la condition des femmes. La nouvelle intervient en effet une semaine après l’ouverture des tribunes des stades de foot aux Iraniennes. Un accès qui leur était interdit depuis la révolution islamique afin de les « préserver de la grossièreté masculine ». Une interdiction qui avait poussé Sahar Khodayari – aussi connue sous le nom de la Fille bleue – à s’immoler par le feu, le 8 septembre dernier, par peur de représailles judiciaires pour avoir tenté d’assister à un match. L’affaire – qui a suscité l’indignation de la presse internationale – avait conduit la FIFA à faire pression sur le gouvernement iranien pour qu’il autorise l’accès des femmes aux stades. À l’occasion des éliminatoires pour le Mondial de football 2022, près de 4 000 supportrices avaient assisté à la très large victoire (14-0) de l’Iran sur le Cambodge.
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je dirais meme plus, en chaque peuple il y a quelque chose de bon a prendre enfin une analyse sensée
20 h 57, le 17 octobre 2019