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Culture

« Chapeau bas, messieurs, un génie ! »

Un portrait de Chopin par le peintre Delacroix qui était son voisin et son ami intime.

« Hut ab, ihr Herren, ein Genie » (« Chapeau bas, messieurs, un génie ! »). C’est par ce compliment de taille que Robert Schumann, alors critique musical, présentait, en 1831, aux lecteurs de sa revue musicale un jeune compositeur âgé de vingt ans qui venait d’attirer l’attention à Vienne au cours d’une tournée de concerts. Il s’agissait de Frédéric Chopin. La parution des Variations pour piano et orchestre sur le thème célèbre « Là ci darem la mano » de Don Giovanni marquera le début de la notoriété de celui dont la vie s’inscrira le mieux dans la plus idéale des trajectoires de tous les météores qui ont traversé le ciel du romantisme, pour reprendre les mots du poète et romancier français Camille Bourniquel. C’est à Vienne, en 1831, puis à Paris, le 25 février 1832, lors de son premier concert dans les salons Pleyel, que Chopin, à jamais éloigné de son pays dépecé par la guerre russo-polonaise, se couvre de gloire. Il figure ainsi, par excellence, « l’Ariel du piano », « le roi du jeu de l’âme », mais aussi l’exilé déchiré par le souvenir de sa patrie, le symbole d’une identité meurtrie, le chantre de la Pologne opprimée, à travers ses « polonaises », et du mal du pays à travers ses mazurkas qui ne sont que « le carnet de voyage de son âme à travers les territoires sociopolitiques d’un monde de rêve sarmate », selon Wilhelm von Lenz, l’écrivain et l’ami russe de Chopin; le poète de la musique romantique dont les envolées lyriques dans les ballades, dramatiques et virtuoses dans les scherzos ne manquent pas de souligner toutefois les effarantes difficultés techniques, mais d’une majestueuse beauté, des 24 sonates qui « renferment des combinaisons harmoniques d’une étonnante profondeur », selon Berlioz. Tour à tour épiques, dramatiques, virtuoses, tantôt brillants, tantôt mélancoliques, mais toujours aristocratiques quand on parle de ses valses, élégiaques quant aux nocturnes, hautement lyriques dans les barcarolles et les préludes, ou simplement joyeux et séduisants dans les berceuses, les chefs-d’œuvre de Chopin, nourris de solitude et de tristesse de l’exil, dépassent toute contingence ethnologique et sociologique à la faveur de son universalité. Heinrich Heine, l’un des plus grands écrivains du XIXe siècle, résumera le génie du compositeur romantique par la phrase suivante : « La Pologne lui a donné son sens chevaleresque et sa douleur historique, la France sa grâce légère et son charme, l’Allemagne sa profondeur romantique. Mais la nature lui a donné une taille élancée, un peu frêle, le plus noble cœur, et le génie. »

« Hut ab, ihr Herren, ein Genie » (« Chapeau bas, messieurs, un génie ! »). C’est par ce compliment de taille que Robert Schumann, alors critique musical, présentait, en 1831, aux lecteurs de sa revue musicale un jeune compositeur âgé de vingt ans qui venait d’attirer l’attention à Vienne au cours d’une tournée de concerts. Il s’agissait de Frédéric...

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