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Liban - Femmes au travail

Maman comblée, Nada Boustani ne prendra qu’une semaine de congé

Une ministre en exercice qui accouche : c’est une première au Liban.

Nada Boustani et son mari Youssef Khoury, heureux d’accueillir Alexa. Photo tirée du compte Twitter de la ministre de l’Énergie et de l’Eau.

Nada Boustani Khoury, ministre de l’Énergie et de l’Eau, n’usera pas de son droit à un congé maternité de 70 jours, après avoir donné naissance samedi à son deuxième enfant, une fille, prénommée Alexa.

Maman comblée, Nada Boustani a annoncé l’heureux événement sur son compte Twitter, quelques moments après la naissance de sa fille, en même temps qu’elle a fait part de sa volonté de ne pas s’arrêter de travailler pour l’occasion.

« Aujourd’hui, 12 octobre, à 4h45, nous avons accueilli un nouveau membre de la famille. Il n’y a pas de mots qui puissent exprimer nos sentiments à Youssef (son époux), Julia (sa fille aînée, âgée de 2 ans) et moi. Bienvenue Alexa ! Pendant qu’une lumière nouvelle éclaire ma vie, je vais continuer d’œuvrer avec mon équipe en vue d’éclairer tout le pays. » Qu’une ministre en exercice accouche est une première au Liban. Même à l’étranger, il est peu fréquent qu’une telle situation se présente. Parmi les rares exemples existants, on cite Jacinda Ardern, Première ministre de la Nouvelle-Zélande, qui a repris son travail en août dernier, six semaines après son accouchement. Il y a dix ans, en France, Rachida Dati avait accouché, alors qu’elle occupait le poste de ministre de la Justice, et, s’étant rendue à son ministère quelques jours plus tard, avait provoqué toute une polémique. Avant elle, il faut remonter à 1992, quand Ségolène Royal, alors ministre française de l’Écologie, examinait ses dossiers à l’hôpital alors qu’elle venait d’être mère pour la quatrième fois.


« Responsabilités énormes »

Contactée hier après-midi par L’Orient-Le Jour, Mme Boustani, a affirmé qu’elle allait regagner son domicile en soirée, après 48h d’hospitalisation. À la question de savoir si elle compte tout de même se donner le temps de se reposer, la ministre de l’Énergie confie : « J’étudie en ce moment des dossiers qui nécessitent rapidement ma signature. » Et d’ajouter : « Je devrais retourner au travail lundi prochain. » Soit une semaine après l’accouchement.

Pour expliquer son refus de profiter d’un vrai congé maternité, la ministre évoque les « responsabilités énormes » qu’elle doit assumer en tant que ministre de l’Énergie, d’autant, dit-elle, que « le pays traverse actuellement une période difficile ».

« Je ne peux pas, en toute conscience, me permettre de m’absenter plus longtemps, sachant qu’il faut finaliser le plus vite possible les cahiers des charges de l’électricité (appels d’offres pour la construction de centrales électriques) ainsi que le budget. »

Depuis plusieurs mois elle avait œuvré d’arrache-pied à la préparation de ces cahiers des charges, espérant qu’ils allaient être approuvés avant l’échéance de son accouchement, mais cela « n’a malheureusement pas eu lieu ». Mme Boustani aura continué de travailler jusqu’aux dernières heures précédant la naissance de son enfant. Vendredi, elle avait accordé sur NBN une interview qui sera diffusée ce dimanche. Rentrée vers 20h après l’entretien, elle raconte avoir senti dès 23h les signes annonciateurs, et s’être alors rendue à l’hôpital al-Arz (Zalka), où elle a accouché samedi à l’aube.


Décision réfléchie

Lorsqu’en janvier elle a été pressentie pour faire partie du gouvernement, Mme Boustani avait longuement mûri avec son mari, pédiatre, cette décision. Elle ne savait pas encore qu’elle portait déjà son second enfant, d’autant que le couple s’était donné un an pour agrandir la famille. « Dès que j’ai pris en charge le ministère de l’Énergie et de l’Eau, je me suis mise à travailler 20 heures au quotidien sans me rendre compte que j’étais déjà enceinte », note celle qui a mené de front, simultanément, les deux responsabilités.

Comment compte-t-elle à présent gérer dans le même temps sa famille agrandie et le ministère ? « Cela demande certes des efforts, mais il s’agit surtout de bien s’organiser », indique Mme Boustani, qui, bien secondée à la maison, compte sur l’aide précieuse de son époux et de sa maman.

« Depuis ma désignation, ma mère vit pratiquement chez nous », confie-t-elle, ajoutant que son père et les autres membres de sa famille approuvent cette situation, puisque, dit la ministre, « ils savent que c’est moi qui ai le plus besoin d’elle ».Quant à l’objection selon laquelle un enfant veut sa maman le plus de temps auprès de lui, Mme Boustani affirme qu’elle « privilégie la qualité à la quantité ». « Je suis tous les jours auprès de Julia à son réveil, et parfois elle passe me voir à mon bureau », sourit-elle, prévoyant qu’elle misera aussi sur la qualité du temps qu’elle passera avec sa seconde fille. Aux femmes libanaises, qui après avoir lutté durant de nombreuses années bénéficient depuis 2014 d’un congé maternité de 70 jours à plein salaire, la ministre de l’Énergie et de l’Eau recommande à chacune de « suivre son rythme ».

Interrogée par L’OLJ au sujet de savoir si la décision de Mme Boustani ne pourrait pas susciter la controverse, en offrant aux employeurs un prétexte pour faire pression, Leila Awada, avocate et cofondatrice de l’association Kafa qui se consacre aux droits de la femme, affirme que « la maternité ne doit pas constituer un obstacle à l’emploi ».

« Au contraire, il faut présenter toutes les facilités à une employée devenue mère », réclame-t-elle, soulignant que « celle-ci ne doit pas se sentir coupable, d’autant que son droit est consacré par une loi, qui d’ailleurs reste insuffisante au regard des normes internationales ».

Nada Boustani Khoury, ministre de l’Énergie et de l’Eau, n’usera pas de son droit à un congé maternité de 70 jours, après avoir donné naissance samedi à son deuxième enfant, une fille, prénommée Alexa. Maman comblée, Nada Boustani a annoncé l’heureux événement sur son compte Twitter, quelques moments après la naissance de sa fille, en même temps qu’elle a fait part de sa...

commentaires (5)

Félicitations! Mais pourrait-on savoir qui va s'occuper du bébé(tiens, ce mot est encore masculin, à quand "la bébée"?) pendant que Mme s'occupe des affaires du Ministère de l'Energie et des Eaux? Idem pour toutes les autres mamans qui comptent suivre son exemple en limitant à sept jours leur congé de maternité? Je suis peut-être vieux jeu(et qui ne l'est pas au seuil de sa 73ème année?), mais qu'il était beau le vingtième siècle!

Georges MELKI

14 h 45, le 15 octobre 2019

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Commentaires (5)

  • Félicitations! Mais pourrait-on savoir qui va s'occuper du bébé(tiens, ce mot est encore masculin, à quand "la bébée"?) pendant que Mme s'occupe des affaires du Ministère de l'Energie et des Eaux? Idem pour toutes les autres mamans qui comptent suivre son exemple en limitant à sept jours leur congé de maternité? Je suis peut-être vieux jeu(et qui ne l'est pas au seuil de sa 73ème année?), mais qu'il était beau le vingtième siècle!

    Georges MELKI

    14 h 45, le 15 octobre 2019

  • MILLE MABROUK ET NOS MEILLEURS SOUHAITS POUR UNE VIE AU LIBAN MILLE FOIS MIEUX QU'AUJOURDH'UI POUR VOTRE NOUVEAU NEE

    LA VERITE

    13 h 54, le 15 octobre 2019

  • Mabrouk pour notre jeune ministre pour ce beau bébé Lumière .

    Antoine Sabbagha

    13 h 21, le 15 octobre 2019

  • Mabrouk, bon travail.

    Eddy

    09 h 24, le 15 octobre 2019

  • Mabrouk Madame La Ministre. Toutes nos félicitations et bon courage pour votre implication personnelle dans tous les dossiers de l’Energie qu’aucun ministre n’a pu résoudre à ce jour

    Lecteur excédé par la censure

    07 h 49, le 15 octobre 2019

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