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Liban - Vivre-ensemble

Aoun : Le destin du Liban est d’être une terre de rencontre

Le premier congrès de la Rencontre levantine s’est ouvert hier sous le thème du « Liban, patrie du dialogue et des civilisations ».

Le président Aoun entouré de participants au congrès. Photo Dalati et Nohra

Pour la séance d’ouverture de son premier congrès sur le thème du « Liban, patrie du dialogue et des civilisations », la Rencontre levantine a réuni des représentants des différentes communautés de la région, ainsi que du Vatican et d’Allemagne, mais aussi d’Indonésie et du Pakistan, pour confirmer la foi dans la diversité comme source d’enrichissement et de tolérance et comme facteur de paix.

Des orateurs prestigieux ont ainsi pris la parole, mais le discours le plus attendu était celui du chef de l’État Michel Aoun qui a, en quelques mots, résumé la situation en déclarant : « Il est vrai que les guerres chaudes se sont relativement réduites, mais leurs conséquences continuent à se faire sentir. Le plus dangereux, ce sont les plans visant à exploiter leurs résultats, dans le sens de l’effritement du Levant sur des bases confessionnelles, religieuses, ethniques et géographiques, en prélude à l’établissement de nouvelles alliances sur des bases raciales, confessionnelles et ethniques qui vont dans le sens de ce qui est prévu pour la région et qui est désormais connu sous le nom du deal du siècle. »

Selon le président Aoun, la généralisation du concept d’islamophobie fait partie de cette guerre, alors que le « takfir » (accusation d’apostasie) en est une autre, dans le but de monter les deux grandes religions l’une contre l’autre et de favoriser ainsi le racisme, le fanatisme, la peur et la haine.

Toutefois, selon le chef de l’État, il faut barrer la voie à toutes les régressions. Alors que l’unilatéralisme et le totalitarisme, sous toutes les formes, sont tombés partout dans le monde, est-il possible que nos sociétés, au Levant, se dirigent vers ces modèles du passé qui sont en principe révolus ?

Pour M. Aoun, le rôle des Levantins est justement de développer une culture qui soit en contradiction totale avec ce qui se dit sur le choc des religions et des civilisations. « Le Liban, dans sa composition et sa formation, est une image réduite du Levant, a déclaré Michel Aoun. Son rôle et son destin sont donc de rester une terre de rencontre et de dialogue, un symbole de la diversité et le contraire de l’unilatéralisme et du totalitarisme, un pays qui rejette toutes les formes d’extrémisme religieux et intellectuel. » Se voulant lucide, le chef de l’État a tenu compte du fait que ceux qui suivent la vie politique au Liban peuvent penser, en voyant toutes ses divisions, que ce pays n’est plus en mesure de jouer le rôle auquel il aspire. Mais en dépit de la violence du ton et des polémiques, les conflits qui opposent les Libanais restent sous le plafond de la politique et ne touchent pas à l’essence du pays qui repose sur la liberté de croyance et le droit à la différence. Ce sont là des constantes que tous les Libanais ont en partage et qu’ils respectent tous.

C’est d’ailleurs dans cet esprit que Michel Aoun a conçu le projet de l’Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue, qui a été récemment adopté par l’Assemblée générale des Nations unies, et qui est désormais en voie d’application. Le chef de l’État attache beaucoup d’espoir sur ce projet qui permettra à des jeunes du monde entier de se rencontrer, d’apprendre à se connaître et de partager leurs espoirs, leurs déceptions et leurs expériences pour construire ensemble, et chacun à sa manière, une même civilisation humaine basée sur la paix, le pardon et le respect des différences.


Rejet du concept de minorité

Le président a été applaudi avant d’être entouré par les personnalités présentes, notamment le vice-président de la Chambre Élie Ferzli, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, le ministre des Déplacés Ghassan Atallah, le ministre du Tourisme Avédis Guidanian et d’autres personnalités libanaises, arabes et internationales.

M. Aoun a également salué ceux qui avaient pris la parole avant lui, notamment le représentant du Vatican, Mgr Khaled Akasheh, chef du bureau du dialogue et secrétaire général de la commission des relations entre le Vatican et les musulmans. Il a été suivi du mufti de Tripoli Malek Chaar qui a insisté sur le fait que l’islam respecte la diversité et la considère comme une volonté divine, et qu’en même temps, il rejette le principe des minorités, en établissant l’égalité entre les citoyens qui vivent dans une même patrie. Le thème des minorités a été évoqué par la plupart des orateurs, pour être rejeté, car, comme l’a dit le secrétaire général de la Rencontre levantine Habib Ephrem, ce concept est variable et ceux qui constituent une minorité dans un lieu peuvent devenir une majorité dans d’autres. Ce qui compte, c’est donc l’égalité dans le respect et la tolérance. M. Ephrem a tenté de définir l’identité levantine en précisant qu’elle consiste à croire que le Levant est, comme l’a voulu Dieu, la source des religions célestes et la terre de civilisations, cultures, peuples, religions et ethnies différents qui ont tous le droit de vivre dans la dignité, sans être éliminés ou marginalisés.

L’ancien ministre allemand Tilo Braune a parlé de l’expérience de son pays, insistant sur la culture de la tolérance pour réduire les conflits dans le monde. Il a aussi évoqué la responsabilité de chacun dans la volonté de traiter les injustices qui provoquent la frustration, la rancœur et finissent par les conflits.

Le Dr Ramzi Khoury, chef de la Commission présidentielle des églises en Palestine, a précisé que les chrétiens au Levant sont partie intégrante de l’identité dans cette région et leur avenir ne peut pas être dans l’isolationnisme, l’extrémisme ou même l’émigration. Il a rappelé que la cause palestinienne est celle de toute la nation arabe et celle de tous les hommes libres dans le monde. Elle restera une plaie béante pour l’humanité entière.Tristan Azbej, ministre d’État hongrois, a évoqué les souffrances des chrétiens persécutés dans le monde à cause de leurs croyances. Il précise qu’en 2016, pour la première fois dans le monde, la Hongrie a créé une unité relevant du gouvernement pour aider les chrétiens du Moyen-Orient. Le programme de cette unité a permis à 50 000 chrétiens dans la région de rester dans leurs foyers.

Après les discours, deux séances de débats ont été organisées, la première présidée par le ministre Salim Jreissati et consacrée aux moyens de préserver la diversité religieuse et ethnique au Levant, et la seconde conduite par l’ancien ministre Karim Pakradouni, consacrée à la responsabilité internationale dans la protection de la diversité.

Le congrès poursuivra ses travaux aujourd’hui avec des séances consacrées aux moyens de faire face au fanatisme et à l’extrémisme, et au modèle libanais en particulier. Mais il faut sans doute beaucoup plus qu’un congrès pour que les Libanais recommencent à croire en eux et en un destin particulier de leur pays. Toutefois, selon les organisateurs, en parler est déjà un pas dans la bonne direction.

Pour la séance d’ouverture de son premier congrès sur le thème du « Liban, patrie du dialogue et des civilisations », la Rencontre levantine a réuni des représentants des différentes communautés de la région, ainsi que du Vatican et d’Allemagne, mais aussi d’Indonésie et du Pakistan, pour confirmer la foi dans la diversité comme source d’enrichissement et de...

commentaires (4)

Une terre de rencontre entre la carpe et le lapin...

LeRougeEtLeNoir

20 h 04, le 15 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • Une terre de rencontre entre la carpe et le lapin...

    LeRougeEtLeNoir

    20 h 04, le 15 octobre 2019

  • Une terre de rencontre, de paix un melting pot etc... et même je dirai encore plus depuis que le liban a la force qui inspire le respect , PHARE AOUN COMMANDANTE KHENERAL.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 23, le 15 octobre 2019

  • TERRE DE RENCONTRE... OUI ! MAIS QUAND UNE COMMUNAUTE EST ARMEE ET IMPOSE SES LOIS DANS LE PAYS OU TROUVE-T-IL LA TERRE DE RENCONTRE ET LE VIVRE ENSEMBLE ? LES PAROLES EN L,AIR NE CONVAINQUENT PERSONNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 15 octobre 2019

  • Tous ces visiteurs étrangers et participants locaux devant lesquels il fait de beaux discours, savent-ils qu'une partie du peuple libanais, pas très éloigné du palais présidentiel, n'a plus de travail, de quoi nourrir sa famille, d'envoyer ses enfants à l'école...de vivre dignement, tout simplement ? Les visiteurs locaux, y-compris celui qui les reçoit dans son palais et affirme que le "...destin du Liban est d'être une terre de rencontre..." le savent très bien...mais ils s'enfoutent...du moment que leurs salaires de soi-disant "ministres" est payé ! Le Liban est une "terre de rencontre" de tous les j'menfoutistes-profiteurs corrompus, rien d'autre, et tous les beaux discours devant de nombreuses délégations ne peuvent malheureusement rien y changer ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 03, le 15 octobre 2019

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