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Culture - Spectacle

Des femmes sur la bonne « voix »

Après son succès en 2017, « La Voix/Sawti » de Chadi Zein a résonné à nouveau au théâtre Monnot, dans un spectacle pluridisciplinaire « pour honorer la femme et lui rendre justice. »

« Sawti », de Chadi Zein, pour dire, chanter et danser la femme. Photo Rima Maroun

« Quand je regarde un papillon, une fleur ou un enfant, je suis à chaque fois en admiration devant le miracle de la vie. Je suis un éternel amoureux de l’existence. » Et Chadi Zein d’ajouter : « Sans la femme, il n’y a pas de vie possible. Elle est la mère nourricière, elle est Gaia la terre et nous sommes tous les enfants de cette terre. Sawti est un hommage à toutes les femmes du monde. »

Parce que, au commencement était le verbe et que le son est ce qui est à l’origine du cosmos, parce que la parole est le germe de la vie et avant tout un acte, Sawti s’est fait entendre pour dire, chanter et danser la femme. Mais c’est d’abord et avant tout l’histoire d’une amitié entre trois femmes qui partagent le même amour pour l’art, pour la poésie et les mots, pour la vie. Trois artistes, dont deux d’entre elles se sont amusées à chorégraphier des chansons choisies par la troisième et, qui un jour, vont proposer à Chadi Zein de les mettre en scène. C’est ainsi que des chorégraphies contemporaines créées par Souraya Baghdadi et Nadra Assaf vont trouver leur place dans le monde musical unique et contemporain de Yolla Khalifé. « Une pièce artistique qui n’a pas nécessairement de trame, dit le metteur en scène, mais où j’ai tenté de relier les éléments scéniques afin de créer une sorte de lien entre les paroles des chansons et les danses, entre la musique et les images. »

Complexité du beau

Un spectacle qui tantôt ravit le regard, tantôt laisse le spectateur interloqué par une absurdité qui peine à trouver sa raison d’être car l’imaginaire prolifique de Chadi Zein est aussi vaste qu’impénétrable. Sur les planches, une agitation souvent dénuée de signification si le spectateur ne parvient pas à traverser, avec le metteur en scène, le pont qui relie le monde de la poésie à celui de l’expression corporelle. Car en fait tout est là. Il existe bien un lien direct entre la musique et son interprétation en mouvements.

Alors les caddies qui font des allers-retours, les valises qui se déplacent, les acteurs/danseurs qui courent dans tous les sens et même les trois femmes qui tentent de composer entre le poétique et le visuel semblent tout à coup étranges, et un dialogue qui s’annonçait prometteur risque de se rompre. Le paradoxe de cette œuvre singulière qui a le mérite de n’appartenir à aucun et à tous les genres à la fois de par sa complexité et sa quête du beau, ce paradoxe réside dans cet écart entre un metteur en scène, un inconditionnel de l’humain, un amoureux de la vie qui a tellement à dire et à offrir, et la réception du spectacle dans le mental et le regard du regardant.

La danse interminable des acteurs/miroirs qui renvoient la lumière des projecteurs dans les yeux des spectateurs est pour Zein une introspection en soi, une invitation à mieux pénétrer l’univers magique de Sawti. Sauf que le spectateur, plutôt que de s’immerger dans le monde de Zein, trouve une raison pour fermer les yeux et décrocher. Les chorégraphies réalisées par trois femmes – que le passage du temps mis en lumière a rendues encore plus belles – emportent le regard dans un premier temps mais ne tardent pas à le lasser par la répétition et la désagréable impression d’un éternel retour et surtout d’un déjà-vu. Reste que le spectacle à beaucoup à offrir. D’abord la performance exceptionnelle du pianiste et compositeur Rami Khalifé. La mise en place, ensuite, d’une scène au visuel puissant de créativité et d’esthétique où, d’un bout à l’autre de la scène, des rubans rouges traversent l’espace, guidés par des mains dans l’ombre des coulisses, et emprisonnent les artistes qui tentent de se libérer au son d’une musique envoûtante. Des rubans qui, pour Chadi Zein, renvoient tantôt au lien de sang, tantôt au tracé des balles qui illuminaient le ciel d’une capitale en feu pendant que l’être humain se débattait. Quand les femmes s’en détachent enfin, c’est aussi une parabole de leur libération des préjugés et des tabous imposés par une société patriarcale. Et enfin la maturité doublée d’une énergie audacieuse de Souraya Baghdadi, Nadra Assaf et Yolla Khalifé qui bravent le temps face à l’intervention d’une jeunesse qui dévoile des talents prometteurs et promet une génération prête à prendre la relève, pour l’amour de l’art et pour la voix de la femme.

Équipe artistique

Chansons et monde musical : Yolla Khalifé

Chorégraphie : Nadra Assaf, Souraya Baghdadi

Interprétation : Nadra Assaf, Souraya Baghdadi, Yolla Khalifé

avec Rami Khalifé (piano)

et Aline Ouais, Ala’ Jammoul, Leila Maroun, Shirine Sakr, Rayan Abi Faraj, Cyril Kokozaki, Sheima’ Oubari

Adaptation, direction artistique, scénographie, mise en scène : Chadi Zein.

« Quand je regarde un papillon, une fleur ou un enfant, je suis à chaque fois en admiration devant le miracle de la vie. Je suis un éternel amoureux de l’existence. » Et Chadi Zein d’ajouter : « Sans la femme, il n’y a pas de vie possible. Elle est la mère nourricière, elle est Gaia la terre et nous sommes tous les enfants de cette terre. Sawti est un hommage à...

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