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Liban - Journée internationale des filles

L’autonomisation des adolescentes, un défi dans un Liban aux mentalités encore rétrogrades

L’Institut arabe pour les femmes de la LAU a organisé hier une conférence à l’occasion de la Journée internationale des filles.

De gauche à droite : l’ambassadrice Emmanuelle Lamoureux, la ministre Violette Khairallah Safadi, la présidente de la CNLW, Claudine Aoun Roukoz, et la journaliste à « L’OLJ » Anne-Marie el-Hage. Photo Dalati et Nohra

La Journée internationale des filles, célébrée le 11 octobre, était l’occasion hier pour l’Institut arabe pour les femmes (AIW) de l’Université libano-américaine (LAU) à Beyrouth d’organiser une conférence sur le thème « L’autonomisation des filles pour un avenir meilleur ». L’événement a vu la participation de l’ambassadrice du Canada, Emmanuelle Lamoureux, dont le pays est à l’origine de la Journée des filles, de la ministre d’État pour l’Insertion sociale et économique de la jeunesse et des femmes, Violette Khairallah Safadi, et de la présidente de la Commission nationale de la femme libanaise, Claudine Aoun Roukoz.

Pourquoi l’autonomisation des filles est-elle si importante, au Liban comme partout ailleurs ? Et pourquoi faut-il lui consacrer une journée ?

« Parce que selon les dernières statistiques, plus de 62 millions de filles n’ont pas accès à l’école dans le monde entier. Parce qu’elles sont victimes de discrimination, d’exploitation économique, sociale, sexuelle, plus particulièrement durant les conflits », martèle le président de la LAU, Joseph Jabra, qui rappelle que l’institution a accueilli les trois premières étudiantes femmes dans l’Empire ottoman. « Célébrer la Journée des filles est l’occasion de renouveler notre engagement à mettre fin aux inégalités et de bâtir un lendemain meilleur pour les filles et les femmes », renchérit la directrice exécutive de l’AIW, Myriam Sfeir Murad.


« Nul pays n’a atteint la pleine égalité des genres »

L’objectif du Canada est de réaliser la pleine égalité des genres. C’est dans ce cadre que le gouvernement canadien conduit sa politique locale et adopte ses lois. « Mais il nous reste encore beaucoup de progrès à faire », constate l’ambassadrice canadienne, précisant que seulement « le quart du Parlement canadien est composé de femmes ». « Nul pays n’a atteint l’égalité absolue entre les genres », précise-t-elle à ce propos. D’où la nécessité « de continuer à travailler pour ce faire ». L’égalité des genres est aussi au cœur de la politique étrangère d’Ottawa. « Les assistances humanitaires sont au centre de notre approche », affirme Emmanuelle Lamoureux, faisant état de l’engagement canadien contre le mariage des mineures notamment. Et d’insister sur la détermination de son pays « à soutenir les efforts du Liban pour une participation plus importante des femmes à la vie économique ».

« Les jeunes Libanaises sont présentes en force sur le marché du travail. Mais lorsqu’elles se marient et qu’elles ont des enfants, elles lâchent leur emploi. » C’est le triste constat de la ministre d’État pour l’Insertion sociale et économique de la jeunesse et des femmes, qui déplore « l’absence de politique nationale de protection de la maternité ». Car à leur accouchement, les mères qui travaillent n’ont droit qu’à dix semaines de congé maternité. Sans compter « les pressions » qu’elles subissent souvent de la part de leurs employeurs pour ne pas tomber enceintes ou pour écourter leur congé maternité. Violette Khairallah Safadi regrette « l’absence de statistiques » liées à l’emploi des femmes, au taux de chômage, au travail informel, aux différences de salaires entre les genres, qui permettraient de mieux comprendre la situation. « Nous ne pouvons bâtir nos stratégies sur des suppositions », observe-t-elle, tout en estimant « le taux de travail des Libanaises à moins de 30 %, et le taux d’emploi des Libanais à plus de 70 % ». La ministre s’engage en revanche auprès des femmes libanaises à encourager leur participation à la vie économique. Et ce, dans le cadre de « la promesse du Premier ministre, Saad Hariri, d’améliorer de 5 % le taux d’emploi des femmes ». Elle promet dans ce cadre qu’elle redoublera d’efforts pour qu’une séance parlementaire soit prochainement consacrée aux femmes. « Nous avons déjà identifié toutes les lois du travail injustes à l’encontre des femmes », assure-t-elle à ce propos, tout en déplorant « les mentalités encore rétrogrades ».


Emprise des religieux et habitudes culturelles

Rappelant de son côté la « lente » évolution des droits des femmes depuis qu’elles ont obtenu le droit de vote et d’accès à la vie politique en 1953, Claudine Aoun Roukoz s’attarde sur la Cedaw, la Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, signée par le Liban en 1996 avec certaines réserves. La présidente de la Commission nationale de la femme libanaise (NCLW) fait part de son souhait de voir le Liban lever ces réserves et explique les efforts qu’elle effectue dans ce sens. Elle regrette à ce propos « l’emprise des hommes de religion, toutes communautés confondues », sur des questions comme l’âge du mariage, la violence familiale, le viol… et ne manque pas de dénoncer les législations communautaires discriminatoires envers les filles. Mais elle reconnaît aussi que « les habitudes culturelles ont la vie dure ». Mme Aoun n’est pas moins décidée à mettre toutes ses forces dans la balance « pour amender la loi sur la violence domestique, afin de mieux protéger les victimes ». Elle rappelle par ailleurs avoir présenté au Parlement une proposition de loi accordant à la femme libanaise le droit de transmettre sa nationalité (sous certaines conditions, NDLR) et garde espoir que les quotas féminins seront bientôt adoptés pour une meilleure participation des femmes dans la vie politique. « Soyez autonomes financièrement », lance-t-elle aux jeunes femmes de l’assistance en guise de conclusion, insistant sur la sécurité que constitue pour une femme l’indépendance financière, et pas seulement en cas de divorce ou de violence conjugale.

La conférence sur « L’autonomisation des filles pour un avenir meilleur » a clôturé une initiative conjointe de l’ambassade du Canada et du ministère d’État pour l’autonomisation des femmes et des jeunes, visant à inspirer les filles et les aider à développer leur potentiel. Dans ce cadre, des professionnels issus de divers secteurs du Liban ont été invités à encadrer des adolescentes de 14 à 17 ans et à leur servir de modèle. Chaque adolescente a donc suivi son mentor au cours d’une journée de travail, assistant à des réunions, prenant part à des conversations et des activités. Violette Safadi Khairallah et Emmanuelle Lamoureux ont toutes deux pris part à l’initiative et encadré chacune une jeune fille pendant une journée de travail. De même, une journaliste de L’Orient-Le Jour a accueilli une adolescente, pour une journée de reportage.


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commentaires (2)

SORTEZ DE L,OBSCURANTISME IMPORTE OU INNE CHEZ CERTAINS ET EPOUSEZ LA LIBERTE DE CHAQUE SEXE.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 46, le 12 octobre 2019

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Commentaires (2)

  • SORTEZ DE L,OBSCURANTISME IMPORTE OU INNE CHEZ CERTAINS ET EPOUSEZ LA LIBERTE DE CHAQUE SEXE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 46, le 12 octobre 2019

  • Très belle initiative de S.E. Mme Lamoureux et de Mesdames S.E. la Ministre Violette Khairalla Safadi, Claudine Aoun et Anne Marie El Hage, toutes dignes d'un profond respect!!!Pourvu qu'elle soit mise en application et suivie, pour qu'elle serve d'orientation civique aux jeunes des deux sexes qui tendent à tourner autour d'un cercle vicieux chaotique, ignorant les valeurs de l'éthique, donc de la morale! Bravoo Mesdames!!!

    Zaarour Beatriz

    14 h 02, le 12 octobre 2019

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