Photo du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah publiée le 28 septembre par le bureau de Ali Khamenei et montrant le chef du parti chiite lors d'une "discussion exclusive" avec des membres du bureau à une date non précisée. AFP / KHAMENEI.IR
L’échec de la médiation française visant à réunir les présidents américain et iranien en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU à New York a été suivi, la même semaine, par l’annonce d’une attaque d’envergure des rebelles houthis au Yémen à la frontière avec la province saoudienne de Najran. Une attaque, menée samedi, qui serait le premier signe que « la décision iranienne vient d’être prise formellement de mener une escalade régionale », selon une source politique libanaise informée.
Au Liban, cela s’est traduit par « la décision inédite du Hezbollah de riposter d’une manière directe aux sanctions américaines », selon la même source. L’escalade se jouerait sur un double front : l’armée et les banques, soit les « deux leviers » de la stabilité du pays depuis au moins 2005.
S’agissant de la troupe, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil mène campagne depuis plusieurs mois contre le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun, dont la proximité grandissante avec Washington a fait de lui l’un de ses principaux rivaux à la présidentielle, selon la même source. Ces calculs partisans du chef du Courant patriotique libre servent une vision plus large du Hezbollah de vouloir rompre le lien entre Washington et l’armée. En se consolidant récemment, ce lien a paru constituer une alternative au compromis sur lequel s’est fondé le mandat Aoun et qui lie l’ensemble de la caste politique au Hezbollah, d’après la même source.
Du reste, les efforts de Gebran Bassil (efforts non déclarés, menés par un lobby chrétien libanais) de rencontrer ne serait-ce qu’un responsable de l’administration américaine à New York ont échoué. Il a eu beau défendre la distanciation dans les couloirs de l’ONU, Washington ne se fait pas d’illusion sur sa proximité avec le Hezbollah, qui n’aurait d’ailleurs « jamais été plus forte », selon la même source. Pour ce qui est du secteur bancaire, la corrélation entre Michel Aoun et le Hezbollah s’exprime dans la campagne de plus en plus audible menée contre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, inaugurée par le CPL, toujours selon la source souverainiste.
Les lectures divergent toutefois sur la portée de cette campagne. Le Hezbollah n’aurait-il pas intérêt à maintenir le statu quo actuel, sur lequel il a une mainmise ? Quelle serait l’utilité de s’attaquer au secteur bancaire qui subit les mêmes pressions que lui ? s’interroge un économiste.
C’est omettre un élément essentiel de l’équation : les intérêts de l’axe dit de la moumanaa, Damas-Téhéran, sous-tendent le régime actuel. Les proches du Hezbollah, cibles potentielles des sanctions, qui ont fermé leurs comptes à la demande des banques libanaises, ont récupéré leur argent en dollars. La confiscation d’actifs hommes d’affaires syriens par le pouvoir de Bachar el-Assad aurait provoqué le retrait de leurs dépôts bancaires au Liban estimés à quelques milliards de dollars et datant du début du conflit syrien en 2011, selon la source proche des milieux souverainistes.
S’attaquer au secteur bancaire serait-il une manière pour le Hezbollah d’anticiper son effondrement en se dédouanant de toute responsabilité, voire de l’accaparer en l’isolant du système international, comme le craignent certains milieux souverainistes ?
L’échec de la médiation française visant à réunir les présidents américain et iranien en marge des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU à New York a été suivi, la même semaine, par l’annonce d’une attaque d’envergure des rebelles houthis au Yémen à la frontière avec la province saoudienne de Najran. Une attaque, menée samedi, qui serait le premier signe que...
commentaires (5)
Encore une fois, méfions nous des américains ! Ils vou promettent monts et metveilles, vous amènent jusqu'aux bords des précipices les plus profonds et vous l?achent soudain ignominieusement ! Encore une leçon aux rêveurs de l'oncle Sam !
Chucri Abboud
21 h 18, le 30 septembre 2019