Un convoi d’une centaine de voitures transportant des habitants du caza de Denniyé s’est rendu hier matin au sommet de Qornet es-Saouda, afin d’affirmer leur droit de construire un lac sur ce sommet, le plus haut du Liban, dans ce secteur revendiqué par le caza voisin de Bécharré. Une initiative qui exacerbe encore plus la tension entre les deux localités.
Selon le site d’informations locales du Liban-Nord TNN, les manifestants brandissaient depuis leurs véhicules des drapeaux libanais sur lesquels il était écrit « Qornet es-Saouda appartient à Denniyé ». Et sur les réseaux sociaux, outre cet appel aux habitants de Tripoli, de Minié, du Akkar, de Miriata et des villages environnants, afin qu’ils soutiennent la localité sunnite de Bkaasefrine, circulent des photos des manifestants en train de prier collectivement sur le lieu controversé du site. L’armée libanaise avait parallèlement pris des mesures préventives sur le sommet, se déployant sur les routes d’accès, afin d’éviter toute escalade entre les habitants des deux cazas.
Le projet de construction d’un lac artificiel avait été lancé par la municipalité de Bkaasefrine (caza de Denniyé) et il est financé par le Plan vert. Considéré comme pouvant assurer les ressources nécessaires à l’irrigation des terres agricoles de la localité, l’aménagement du lac a créé des tensions avec le caza voisin de Bécharré autour de litiges territoriaux et menace de prendre une dimension confessionnelle.
En outre, la construction de ce lac à 2 700 mètres d’altitude va à l’encontre d’une décision du ministère de l’Environnement, qui interdit tous travaux et par conséquent toute exploitation de l’eau souterraine à plus de 2 400 mètres. En vertu de la même décision, la région de Qornet es-Saouda est classée zone naturelle.Samedi, le député Fayçal Karamé avait annoncé que la municipalité de Bkaasefrine allait déposer un recours contre la décision du juge des référés de Bécharré, rendue publique jeudi, qui ordonnait l’arrêt des travaux entrepris pour la construction du lac artificiel.
Malgré un arrêt des travaux stipulé par le mohafez du Liban-Nord Ramzi Nohra, le ministère de l’Agriculture, dirigé par Hassan Lakkis (Amal), avait ordonné leur reprise, au grand dam de Bécharré. Une plainte a ensuite été déposée par la municipalité de Bécharré contre le ministère de l’Agriculture et contre la municipalité de Bkaasefrine, sur la base de laquelle le juge de Bécharré, Joe Khalil, a statué jeudi.
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