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Taïwan un peu plus esseulé après la décision des Kiribati de reconnaître Pékin



Vue, depuis un avion, sur des lagons l'île de Kiritimati, qui appartient à l'archipel des Kiribati, dans le Pacifique, le 5 avril 2016. Photo d'archives REUTERS/Lincoln Feast

Taïwan a fustigé l'attitude de la Chine après la décision du petit archipel des Kiribati de reconnaître Pékin, qui vient isoler un peu plus Taipei sur la scène internationale.

Cette décision constitue un nouveau coup diplomatique de la Chine populaire, à quelques jours des célébrations du 70ème anniversaire de sa fondation. D'autant que le gouvernement chinois était déjà parvenu lundi à ravir la reconnaissance des Îles Salomon. Ce renversement d'alliance signifie que Taïwan n'est plus reconnu que par 15 Etats. Et Kiribati est le septième à changer son fusil d'épaule depuis l'élection en 2016 à la présidence taïwanaise de Tsai Ing-wen, dont le parti défend une ligne intransigeante vis-à-vis de Pékin.

Lors d'une conférence de presse organisée vendredi à la hâte, le chef de la diplomatie taïwanaise Joseph Wu a annoncé que son pays rappellerait immédiatement ses diplomates en poste dans le petit archipel du Sud du Pacifique. Il a accusé Pékin d'avoir fait des promesses d'aide et d'investissements pour "séduire les Kiribati afin qu'ils changent leurs relations diplomatiques". "Le président des Kiribati Taneti Mamau et certains membres de son parti nourrissent des fantasmes au sujet de la Chine", a-t-il affirmé.


Pékin redouble d'efforts 
La Chine continentale et Taïwan sont dirigés par des régimes rivaux depuis 1949 et la fuite sur l'île des nationalistes de Tchang Kaï-chek après leur défaite face aux troupes communistes de Mao Tsé Toung. Pékin voit toujours Taïwan comme partie intégrante de son territoire susceptible d'être reprise par la force. Les deux rives du détroit de Formose se considèrent, chacune, comme la véritable "Chine", ne laissant la possibilité aux autres pays du monde que d'en soutenir une seule.

Au fur et à mesure de la montée en puissance économique et politique de la Chine, la plupart des pays, comme la France ou les Etats-Unis, ont décidé de ne plus reconnaître Taïwan et d'envoyer une ambassade à Pékin. Ces dix dernières années, seule une vingtaine de pays demeuraient encore loyaux à l'égard de Taïwan, pour la plupart des Nations pauvres d'Amérique latine et du Pacifique. Le seul Etat européen reconnaissant encore Taipei est le Vatican.

Mais malgré tout, Pékin a redoublé d'efforts à la suite de l'arrivée de Mme Tsai au pouvoir pour isoler davantage l'île. Notamment parce que son Parti progressiste démocratique (PPD) refuse de reconnaître le principe selon lequel Taïwan fait partie d'une "Chine unique". Mme Tsai avait succédé à Ma Ying-jeou, issu du Kuomintang (KMT), dont la politique de rapprochement avec Pékin initiée en 2008 avait culminé par sa poignée de main historique en 2015 avec le président chinois Xi Jinping.


"Voulons-nous des ajustements ?" 
Depuis 2016 Pékin a coupé les communications officielles avec Taipei, renforcé ses exercices militaires et durci les pressions économiques sur l'île. Et sur le plan diplomatique, la Chine a arraché à Taïwan sept alliés en trois ans : Sao Tome et Principe, le Burkina Faso, Panama, le Salvador et la République dominicaine, et pour finir, cette semaine, les Salomon et les Kiribati.

Ce regain d'activité diplomatique chinois intervient à quelques mois de la présidentielle taïwanaise, alors que la question des relations avec Pékin domine la campagne.
Mme Tsai a décrit le scrutin de janvier comme un "combat pour la liberté et la démocratie", en se posant en femme à poigne capable de défendre l'île face à l'agressivité de la Chine continentale. Son principal adversaire Han Kuo-yu, issu du KMT, est favorable à une reprise du dialogue avec Pékin.

"Le timing est un facteur", a déclaré à l'AFP Alexander Huang, professeur de relations internationales à l'Université Tamkang de Taipei, en citant le 70ème anniversaire de la fondation de la Chine populaire le 1er octobre, et la présidentielle taïwanaise. Appelés aux urnes, "les Taïwanais vont devoir réfléchir sérieusement aux relations entre les deux rives du Détroit", a-t-il expliqué. "Voulons-nous en poursuivre avec cette hostilité avec la Chine ? Ou voulons-nous des ajustements ?"

Taïwan a fustigé l'attitude de la Chine après la décision du petit archipel des Kiribati de reconnaître Pékin, qui vient isoler un peu plus Taipei sur la scène internationale.
Cette décision constitue un nouveau coup diplomatique de la Chine populaire, à quelques jours des célébrations du 70ème anniversaire de sa fondation. D'autant que le gouvernement chinois était déjà parvenu...