Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Joe ACOURY

Notre destination n’est jamais un lieu

Si jamais nous devons assister à la naissance d’un nouveau paradis, d’une nouvelle terre, ce sera sûrement un paradis où l’argent sera absent, oublié, parfaitement inutile. La solution ne peut venir que d’une attitude envers une expérience humaine qui fait de la réduction des besoins physiques et économiques une nécessité morale et esthétique... (p. 31-32) « Notre destination n’est jamais un lieu, mais plutôt une nouvelle façon de regarder les choses » (p. 40).

*Henry Miller, Big Sur et les oranges de Jérôme Bosch ; traduit de l’américain par Roger Giroux, 1959.

Un couple atypique se retrouve un soir pour discuter de nouvelles résolutions. Il ne s’agit ici de réviser un budget économique ou de réorganiser des convenances sociales, mais de réfléchir dûment sur le sens et l’expression d’une vie, cohérente, saine et paisible. Cette expérience convenue puis échangée se distingue de la performance, de la course compétitive et du succès à réaliser. Elle consiste à prendre en charge un précieux présent au lieu de le regarder filer à travers des expectatives. Ces jeunes seniors ont pourtant été instruits dès le plus jeune âge à connaître la dialectique des formes, à pratiquer la convenance aux normes et à préférer des contextes sécurisants aux initiatives personnelles ou marginales. Cependant, les démocraties chancelantes sont surtout prometteuses de meilleurs jours. Les valeurs humaines à préserver se composent de rares répondants ou des téméraires, alors que des héritages historiques pacifiés relatent bien mieux des coexistences rapprochées. Sont-elles devenues la part figée des rapports sécurisés dans un espace multilatéral, où l’expectative est surtout souhaitable et l’attentisme la règle avant les détours propices de quelques décideurs ?

Cependant, pour ces deux personnes vaut mieux changer de cap, éviter le joug des stratégistes car les opportunités ne sont plus pour faire rêver ! Elles veulent accomplir sans préjugés, sans gants et sans mensonges l’exploration à neuf du rapport humain dépouillé. C’est bien là qu’on est en dehors de toute éventuelle manipulation. Néanmoins, il s’agira de réapprendre à travers des espaces naturels une autre lecture des rapports, au temps, au climat, aux choses de la vie, aux gestes pour respirer pleinement et pour découvrir l’aventure trépidante d’un moment non formaté.

Du lever du jour au coucher du soleil, voici l’extraordinaire à proximité de quiconque. Le mouvement du vent, l’écoute du silence et la vérité des choses se manifestent alors en des formes propres, loin de tout faux-semblant. On s’y retrouve sur une terre de montagne ou sur le sable de la mer à distance des restrictions obligées pour chercher cette destination qui nous veut du bien. Elle privilégie la cohérence en chacun.

« En simplifiant notre vie, tout prend une signification qui nous était resté cachée jusque-là. Lorsque nous ne faisons qu’un avec nous-mêmes, le plus insignifiant brin d’herbe prend sa place dans l’univers. Ou un tas de fumier. N’importe quoi, à condition que tout soit convenablement accordé » (p. 52)*.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Si jamais nous devons assister à la naissance d’un nouveau paradis, d’une nouvelle terre, ce sera sûrement un paradis où l’argent sera absent, oublié, parfaitement inutile. La solution ne peut venir que d’une attitude envers une expérience humaine qui fait de la réduction des besoins physiques et économiques une nécessité morale et esthétique... (p. 31-32) « Notre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut