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Culture - Expositions

La ballade des sculptures de Raffi Tokatlian

Une sculpture de Raffi Tokatlian.

Elles sont allées faire un tour au pays du Cèdre et dans la Blonde Albion, les sculptures tous matériaux confondus de Raffi Tokatlian. De Faqra à Enfé en passant par Londres, ces personnages, pour la plupart défigurés, rescapés des massacres et des cataclysmes de la terre, font non pas leur « horror show », mine décomposée ou fondant comme de la cire, mais donnent à voir une beauté baudelairienne pour un message de paix et de sagesse.

Plus surréalistes que jamais, tourmentées et témoins des temps modernes où sévissent violences, guerres et stridences contemporaines, sont les sculptures, extra et intra muros, de celui qui a exposé à Venise et New York. De leur poids de bronze, de fonte, de résine, de plâtre, de béton et de bois, elles font sans vergogne et avec panache la roue sous plus d’un horizon différent. Et parlent avec éloquence, pour ne pas dire grandiloquence, du drame, de la force et de la volonté de (sur)vivre…

D’abord pour cette fin de l’été et cet automne, Tokatlian a ouvert sa nouvelle galerie aux portes de Faqra. En haute montagne, entre peupliers frémissants et cimes dégarnies après les fontes des neiges, entre maigre verdure et rocaille, ses sculptures respirent le vent frais ou ploient sous un soleil de plomb. Surtout ce molosse en pagne aux jambes écartées et au torse criblé de flèches. Il crie en véritable saint Sébastien, au bord de l’agonie, en pleine nature, au haut des escaliers. Il crie sa douleur de vivre et son endurance face au ciel, de jour et de nuit.

Au musée Nabu, au Liban-Nord, à Héri (Batroun), trois autres sculptures sont invitées pour une ronde que les visiteurs peuvent admirer tout au long de l’année, et ce depuis le 14 septembre. De l’homme ployant sous un livre monumental (la sagesse a tant de poids en cette période de chaos !) à l’unijambiste qui tient en équilibre comme un funambule, en passant par l’homme au torse dressé en armure vulnérable, l’univers du sculpteur atteste, sans oublier la part d’une esthétique tissée des défigurations contemporaines, de ses préoccupations environnementales.

Pour Londres, à la galerie Karnik, sise à Manson Yard, St. James, quatre statues rejoignent un monde de science-fiction sous le thème des extraterrestres sauvant notre planète en perdition. Avec la détérioration de la Terre à cause des agissements des hommes, du mépris des valeurs et d’une bonne part de négligence, ce sont les extraterrestres qui viendront sauver « l’orange bleue », pour reprendre la belle formule de Paul Éluard. Notre planète fatiguée de tant de dégâts entre pollution, immondices et réchauffement climatique.

Pour cela, un couple oscillant entre pas de danse à deux et marche martiale, ainsi que cet « alien » (extraterrestre venu de nulle part) à la silhouette dalinienne, comme les montres molles du génie de Figueras, chevauchant une boule en verre à la transparence de placenta abritant un fœtus comme dans le ventre de sa mère. Signe et symbole d’un futur, incertain et fragile, pour une planète en péril…

Sous l’ombrelle de l’imaginaire, de l’imagination et de la dénonciation des génocides (il ne faut pas oublier les racines arméniennes du sculpteur), les sculptures de Raffi Tokatlian prennent un nouvel envol…


Elles sont allées faire un tour au pays du Cèdre et dans la Blonde Albion, les sculptures tous matériaux confondus de Raffi Tokatlian. De Faqra à Enfé en passant par Londres, ces personnages, pour la plupart défigurés, rescapés des massacres et des cataclysmes de la terre, font non pas leur « horror show », mine décomposée ou fondant comme de la cire, mais donnent à voir...

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