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Nos Lecteurs ont la Parole - Georges H. MALLAT

Neil Armstrong, la culture au-delà de la technique

C’est lorsque l’on pense que tout a été dit sur un événement historique que l’histoire commence à dévoiler des témoignages qui le grandissent encore plus. Les 50 ans du premier pas de l’homme sur la Lune ont monopolisé l’attention du monde durant tout le mois de juillet 2019 pour mieux rappeler ce moment unique de juillet 1969. C’était aussi l’occasion d’entendre témoigner deux des trois astronautes d’Apollo 11 toujours en vie, Buzz Aldrin et Michael Collins.

C’est sur le pas de tir 39A d’où s’était élancée à l’époque la fusée Saturn V que Michael Collins, aujourd’hui âgé de 88 ans, répondait aux questions du directeur actuel du Kennedy Space Center, Bob Cabana. Durant leur conversation, Michael Collins s’attarda sur la personnalité de Neil Armstrong qui, nous le savons bien, avait été choisi pour ses qualités hors pair de maîtrise de soi et de prise de décision appropriée à l’aune des circonstances – ce qui lui valut d’ailleurs de sauver la mission in extremis lors de l’alunissage. Sur ces qualités bien connues, Michael Collins témoigna aussi des grandes compétences techniques d’Armstrong et enchaîna en déclarant qu’Armstrong était une personne très cultivée, et qu’en fait, « Armstrong était probablement plus cultivé que technicien » ….

Révélation qui peut nous paraître surprenante de prime abord ! Comment un as de l’aviation, ayant navigué pendant une semaine dans l’espace pour le vol aller-retour vers la Lune, après avoir aluni, marché et redécollé de la surface lunaire, peut-il être plus cultivé que technicien? C’est que les grandes réalisations de l’homme ne peuvent s’accomplir sans un véritable esprit humaniste. La science au service de la condition humaine. La science qui brisa des tabous bien avant la politique et les droits sociaux, lorsqu’une femme fut admise au centre de lancement comme contrôleur, que des femmes afro-américaines avaient participé aux calculs de trajectoires et que le dépassement des clivages idéologiques et historiques s’était concrétisé par la participation déterminante de savants allemands au programme Apollo, dont Wernher von Braun.

À l’heure où le débat se développe sur l’influence croissante de l’intelligence artificielle, et l’inexorable disparition, selon certains, disons-le scientistes, du rôle de l’homme, la célèbre phrase prononcée en ce 20 juillet 1969 montre l’importance de la finalité humaine à toute manifestation scientifique. En effet, si d’aucuns ont déclaré que la célèbre phrase “C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité” avait été le fruit de l’improvisation, la revue Sciences et Vie, dans son numéro spécial de juillet 2019, en relate une autre version. Le magazine rapporte que Neil Armstrong avait montré à son frère Dean cette phrase écrite sur un papier plusieurs mois avant la mission, phrase qui avait permis au grand astronaute d’extrapoler combien la science sans l’élément humain ne serait que science-fiction, définitivement transformée en outil contre-progressiste.

La philosophie de Neil Armstrong, formulée à 400 000 km de la Terre, n’était donc pas le fruit d’une improvisation instantanée, mais d’un long cheminement de vie et de réflexion culturel et humaniste.

Avocat à la Cour

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

C’est lorsque l’on pense que tout a été dit sur un événement historique que l’histoire commence à dévoiler des témoignages qui le grandissent encore plus. Les 50 ans du premier pas de l’homme sur la Lune ont monopolisé l’attention du monde durant tout le mois de juillet 2019 pour mieux rappeler ce moment unique de juillet 1969. C’était aussi l’occasion d’entendre...

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