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Dernières Infos - Liban

Raï discute de la crise économique avec Aoun à Beiteddine

Le patriarche maronite Béchara Raï. Photo d'archives AFP

Le patriarche maronite Béchara Raï a discuté mercredi matin de la crise économique avec le chef de l'Etat au palais de Beiteddine, résidence estivale du président Michel Aoun, affirmant que cette question était primordiale sur la scène nationale.

"Je suis venu féliciter le président pour son déplacement à Beiteddine. Ce séjour a créé une atmosphère positive et est très important, car le président est le père de tous. Sa venue consacre la réconciliation historique (druzo-chrétienne scellée en 2001). Les habitants de la Montagne, chrétiens, druzes, musulmans, ont compris que la région ne peut vivre que dans l'union", a d'abord souligné Mgr Raï, lors d'un point de presse à sa sortie de la réunion.

Le 9 août, le président Aoun a parrainé à Baabda une réunion de réconciliation entre les rivaux druzes Walid Joumblatt et Talal Arslane, après 40 jours de crise provoquée par les affrontements de Qabr Chmoun, le 30 juin, et qui avaient fait deux morts dans les rangs des partisans de M. Arslane.

"Nous avons également discuté de la situation économique qui affecte tous les Libanais. Le président Aoun m'a confirmé que cette situation serait au menu du Conseil des ministres qui se tiendra demain ici", a ensuite indiqué le chef de l'Eglise maronite. "Aujourd'hui, il faut trouver les solutions pour sortir le pays de la crise économique. Tout autre sujet est secondaire par rapport à cela. Durant la séance de demain, le gouvernement va plancher sur les moyens de mettre à exécution la feuille de route économique annoncée à l'issue de la réunion (du 9 août) au palais de Baabda", a précisé le patriarche.

Une réunion élargie consacrée à la situation financière et économique du pays s'était tenue le 9 août au palais de Baabda, en présence du chef de l'Etat, du Premier ministre, Saad Hariri, et du président du Parlement, Nabih Berry. Elle s’était achevée par une lecture, par M. Hariri, d’une série d’engagements pris par les participants lors de cette réunion, dont la bonne exécution du budget de 2019 (voté le 19 juillet au Parlement avec plus de sept mois de retard) et le vote du budget de 2020 dans les délais constitutionnels.

Le Liban connaît actuellement une importante crise économique et financière. Le pays traîne une dette publique de plus de 85 milliards de dollars, qu’il ne parvient pas à juguler (+3,4 % de hausse à fin juin) et qui pèse plus de 150 % de son PIB, tandis que sa balance des paiements a enregistré un déficit cumulé de 5,4 milliards de dollars sur la même période. Le déficit public a, lui, atteint 6,2 milliards en 2018 (plus de 11 % du PIB), explosant au passage le seuil initialement prévu dans le budget prévisionnel pour cet exercice (4,8 milliards de dollars).

C’est en principe cette semaine que deux des trois principales agences de notation américaines, Fitch et Standard & Poor’s (S&P), vont mettre à jour leurs évaluations respectives de la dette souveraine libanaise. Fitch devrait publier son rapport jeudi, alors que S&P devrait dévoiler le sien vendredi. Cette nouvelle mise à jour est très attendue dans la mesure où la probabilité est forte que la note souveraine du Liban soit dégradée par ces deux agences. Le pays est actuellement noté "B-" avec perspective "négative" par chacune d’entre elles, tandis que la troisième, Moody’s, a abaissé en janvier la note du pays d’un cran, de "B3" – "négative" à "Caa1" – "stable"

Par ailleurs, le patriarche Raï a indiqué avoir discuté avec le président Aoun de la question de l'article 95 de la Constitution qui a trait à la répartition confessionnelle dans la fonction publique. "Cet article ne peut pas faire l'objet de diverses interprétations, et puis la Constitution est un tout, à prendre dans sa totalité", a-t-il dit. Le président Aoun a récemment demandé au Parlement d'"expliquer cet article", estimant que "certains ne veulent pas supprimer le confessionnalisme mais ne veulent pas non plus assurer l'équilibre confessionnel" dans les administrations.

Enfin, le patriarche Raï a commenté la polémique autour de la stratégie nationale de défense, après les propos du chef de l'Etat à ce sujet lundi. "La stratégie de défense est une nécessité nationale et doit être élaborée car elle vitale pour le Liban", a affirmé Mgr Raï.

Le président Aoun avait indiqué lundi que "tous les critères à prendre en compte pour l’élaboration de cette stratégie, même les zones d’influence, ont changé". "Je suis le premier à avoir préparé un projet pour la stratégie de défense, mais est-il encore pertinent aujourd’hui ?" avait souligné le président Aoun.

De nombreux observateurs ont estimé que ces propos signifiaient un report sine die de la question de la stratégie de défense qui est censée porter, entre autres, sur les armes illégales, notamment l'arsenal du Hezbollah, l'allié du chef de l'Etat.

Hier, la présidence de la République a publié une mise au point à ce sujet que "le chef de l’État ne faisait que décrire une situation de fait, dix ans après que le sujet eut été soulevé en congrès de dialogue national". Le bureau de presse assure que "le chef de l’État se considère toujours tenu par les positions antérieures en matière de défense stratégique, et par la nécessité de les examiner dans un climat consensuel".

Le patriarche maronite Béchara Raï a discuté mercredi matin de la crise économique avec le chef de l'Etat au palais de Beiteddine, résidence estivale du président Michel Aoun, affirmant que cette question était primordiale sur la scène nationale."Je suis venu féliciter le président pour son déplacement à Beiteddine. Ce séjour a créé une atmosphère positive et est très important,...