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Moyen Orient et Monde - Interview express

« Le bilan de la présidence Essebsi est plutôt positif dans son ensemble »

Hasni Abidi, politologue, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) et spécialiste du Maghreb, revient sur les défis de « l’après-Essebsi ».

Le président tunisien Beji Caïd Essebsi, 92 ans, est décédé hier matin, jour de la célébration de la fête de la République. Photo AFP

Il était le premier chef d’État tunisien démocratiquement élu et l’un des plus vieux dirigeants du monde en exercice. Beji Caïd Essebsi, 92 ans, est décédé hier matin, jour de la célébration de la fête de la République, commémorant la proclamation de la République de Tunisie, le 25 juillet 1957.Le président du Parlement, Mohammad Ennaceur, 85 ans, va maintenant assurer la présidence du pays, pour une période allant de 45 à 90 jours. Une fois ce temps écoulé, un nouveau chef de l’État doit être élu. Une présidentielle anticipée aura donc lieu le 15 septembre avant les élections législatives, prévues, elles, le 6 octobre. Quel sera « l’après-Essebsi »? La classe politique tunisienne peut-elle assurer la relève ? Le point sur la situation avec Hasni Abidi, politologue, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) et spécialiste du Maghreb.


Quel bilan peut-on dresser de la présidence de M. Essebsi ?

Durant la période qui a suivi celle de la révolution, Beji Caïd Essebsi a tenté d’être à la hauteur d’une mission qui était loin d’être facile. Il fallait accompagner une transition démocratique tout en assumant un héritage « bourguibien » et en nourrissant des ambitions qui sont devenues contrariées par la suite des événements.

Le bilan de la présidence Essebsi est plutôt positif dans son ensemble. Le chef de l’État tunisien a connu un mandat en deux temps. Le premier temps a été celui de la réussite pour se présenter comme le président « de tous les Tunisiens » malgré ses accointances politiques. Le second temps a été celui de la déchirure au sein de sa propre famille politique (le parti Nida’ Tounès, laïc) et de son incapacité à y mettre de l’ordre. Beji Caïd Essebsi a d’ailleurs été contraint, par ces accointances et la situation interne de son parti, de ne pas se représenter aux prochaines élections.


Dans quel contexte son décès intervient-il ?

Le décès de Beji Caïd Essebsi survient dans un contexte aussi délicat que celui qui l’a fait venir à la magistrature suprême. C’est une situation sur les plans économique, social et sécuritaire qui est très difficile et pénible pour le peuple tunisien, mais aussi pour l’élite au pouvoir. La Tunisie est aussi dans une période de vulnérabilité. Elle a réussi à se doter d’institutions relativement stables capables d’assurer la suite de la disparition du président, mais elles restent fragiles et tiraillées par des conflits politiques internes. La classe politique tunisienne ne semble, de son côté, pas avoir réussi à être, ou à rester, à la hauteur des aspirations des Tunisiens et des défis auxquels Tunis doit faire face depuis plusieurs années.


La disparition du président tunisien peut-elle fragiliser davantage les institutions ou la transition démocratique?

« L’après-Essebsi » dépendra entièrement de la succession. Le président du Parlement, qui va assurer l’intérim jusqu’aux prochaines élections, est un homme de consensus, capable de mener la barque jusqu’à la fin de son « mandat ». La transition démocratique dépendra quant à elle de la capacité de la Tunisie entière à la mener à bien. Elle s’y est engagée pleinement après la révolution.Aujourd’hui, ce n’est plus la figure de « l’homme providentiel » qui est la priorité des Tunisiens, mais plutôt la solidité des institutions et la capacité des hommes ou des femmes issues des urnes à mener des réformes politiques et institutionnelles, dont celles entamées, mais non achevées, par Beji Caïd Essebsi. Mais en attendant que tous les projets soient menés à bien, les Tunisiens devront encore s’accommoder d’une certaine période d’incertitude.



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commentaires (1)

La raison principale pour laquelle il ne va pas se représenter aux prochaines élections c'est qu'il est mort maintenant et qu'il était déjà beaucoup trôp vieux pour être président en premier lieu. C'est dommage que la France a supporté un tel président. Si il y a maintenant "incertitude", il y avait pourtant une "certitude" : ce n'est pas normal qu'un homme de 90+ soit président.

Stes David

13 h 02, le 26 juillet 2019

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Commentaires (1)

  • La raison principale pour laquelle il ne va pas se représenter aux prochaines élections c'est qu'il est mort maintenant et qu'il était déjà beaucoup trôp vieux pour être président en premier lieu. C'est dommage que la France a supporté un tel président. Si il y a maintenant "incertitude", il y avait pourtant une "certitude" : ce n'est pas normal qu'un homme de 90+ soit président.

    Stes David

    13 h 02, le 26 juillet 2019

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