Beyrouth à l’heure berlinoise avec « Naissance Musik »

Grosse soirée en perspective ce vendredi sur le toit du tout nouveau Eden Beirut ! Le club, qui a ouvert ses portes il y a environ deux semaines dans le quartier de la Quarantaine, à quelques centaines de mètres du port de la capitale, va être investi par une petite armée de DJs et de musiciens venus faire passer le Liban à l’heure berlinoise. Les six noms programmés pour l’occasion ont été rassemblés sous la houlette du label Naissance Musik lancé en 2016 par le DJ libano-canadien Sary Sehnaoui, alias HEAR, résidant dans la ville grise depuis des années. Il s’agit de son premier « showcase » au Liban, après deux autres organisés en Allemagne.

Dans l’industrie musicale, le terme désigne une représentation promotionnelle qui peut prendre plusieurs formes. « L’objectif est naturellement de présenter les artistes du label au Liban, où la scène est dynamique et la musique circule bien », affirme à L’Orient-Le Jour celui qui a commencé à mixer pour le plaisir en 2002 avant de progressivement s’incruster dans le paysage de la scène « electro » teutonne, l’une des principales places fortes de ce courant musical en Europe et dans le monde. Le label a déjà commercialisé deux EP en vinyle (Dream Scoring en 2016, Hakim Murphy et HEAR; Elephantoms en 2017, HEAR et San Proper) ainsi qu’un album de remixes en version numérique (Amir Alexandre, Nesta, Wareika et Yard One, en 2018). « Un nouveau vinyle estampillé Naissance Musik est en préparation pour sortir vers la fin de l’année au plus tard. J’espère ensuite pouvoir augmenter la cadence à partir de 2020, avec 3 ou 4 nouveautés par an », révèle Sary Sehnaoui.

Allemagne et oud

En attendant ces échéances, le label se focalise sur la soirée au cours de laquelle se succéderont trois DJs locaux – Albert Sehnaoui, alias Umberto, cooganisateur de la soirée ; Élias Merheb, connu sous le pseudonyme 3lias, son frère, Raphaël Merheb –, HEAR la Hambourgeoise Melina ainsi que le trio allemand Wareika, attendu pour un « live set ». Dans le jargon electro, il s’agit d’une représentation au cours de laquelle l’artiste mêle mixage, séquenceurs, voire instruments de musique, à l’opposé du DJ set, où les équipements se limitent aux platines et tables de mixage.

Wareika, qui s’est déjà produit au Liban il y a environ trois ans, est d’ailleurs la tête d’affiche de la soirée. Il a été formé en 2007 par Jakob Seindensticker, Florian Schirmacher et Henrik Raabe, qui se sont tous les trois forgés au classique et au jazz avant de plonger dans l’electro. « Ils ont une patte unique alliant instruments à cordes, synthés, voix et boîtes à rythme (avec une dominante acid jazz, NDLR) et savent très bien faire évoluer leur musique en fonction de l’ambiance dans le public », plaide Sary Sehnaoui. « Pour la petite histoire, le guitariste Henrik Raabe s’est fait offrir un oud lors de son dernier passage à Beyrouth. Il a ramené l’instrument en Allemagne et a appris à en jouer avec l’aide de ressortissants syriens qui avaient fui le conflit qui a éclaté dans leur pays en 2011 et qui se sont réfugiés en Allemagne. L’instrument aura une place importante dans le live set de Wareika ce vendredi », raconte encore Sary Sehnaoui.

S’il n’a pas communiqué d’objectifs en termes d’affluence, le fondateur de Naissance Musik espère que la soirée sera un succès et compte pour y parvenir aussi bien sur le talent de Wareika que sur les qualités des autres DJs présents. Verdict dans deux jours. Les détails de l’événement sont disponibles sur Facebook, sur la page Naissance Musik.