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Idées - Tribune

Lettre aux jeunes du Liban, par Michel Aoun

Michel Aoun. Archives AFP

Ma lettre d’aujourd’hui vous est adressée, à vous, les jeunes de ce pays, parce que vous êtes le Liban à venir.

Nous avons hérité de nos grands-pères une belle patrie, mais elle est épuisée et elle exige de nombreux efforts et du travail dans tous les domaines. Nous faisons de notre mieux, avec tous les moyens dont nous disposons, pour vous la remettre dans un meilleur état que lorsque nous l’avons reçue, pour que vous preniez ensuite le relais, avant de la remettre à votre tour, plus belle, à vos enfants puis à vos petits-enfants.

C’est la loi de la vie : chaque génération s’appuie sur les piliers établis par celle qui l’a précédée, tout en cherchant à les améliorer et à les faire évoluer, en les enrichissant de sa propre expérience, de nouvelles connaissances, et même en y ajoutant de nouveaux. C’est ainsi que l’humanité a évolué, que les connaissances, le savoir et la culture se sont accumulés et que l’Homme a pu atteindre le niveau actuel, faire des découvertes et des inventions qui ont changé la vie.

Oui, vous êtes aptes à acquérir de plus grandes connaissances que celles que nous avons actuellement, tout comme nous l’avons fait avec ceux qui nous ont précédés. Le savoir est une évolution constante et il mène une course permanente avec le temps.

Mais les valeurs, les principes, eux, ne changent pas. Ils sont une constante qui est aujourd’hui en danger. Faites attention, car les valeurs et les principes sont le sel de la société. S’ils tombent, elle tombe aussi.

Tous les Hommes sont égaux dans la naissance et dans la mort, mais c’est dans leur vie qu’ils diffèrent. Les distinctions commencent avec l’apparence et la couleur, l’empreinte de l’œil, celle des doigts et celle de la voix.

Les différences, elles, commencent avec la pensée, l’opinion, l’émotion et l’appartenance.

Ces différences-là sont plus qu’un droit. Elles constituent le nerf de la vie et celui de l’évolution. Car elles sont la particularité de l’Homme, sans laquelle l’humanité n’aurait pas pu avancer, créer et innover. Imaginez un seul instant que tous les Hommes, depuis le premier, soient des clones les uns des autres sur le plan de la pensée ! D’ailleurs, s’ils pensaient tous de la même façon, l’Homme serait-il sorti des cavernes ?

Les différences sont donc une bénédiction, non une malédiction. Ce qui compte, c’est simplement d’avoir une bonne approche et de savoir les gérer. Additionner nos différences nous enrichit et nous pousse vers l’avant dans tous les domaines. Mais si, au contraire, nous laissons nos différences devenir des conflits, et pour ne pas les régler, nous nous replions sur nous-mêmes, nous perdons, nous nous appauvrissons et nous régressons.

Une gestion saine du droit à la différence commence par sa reconnaissance, c’est-à-dire reconnaître le droit de l’autre à exister et à être différent, dans sa couleur, son appartenance, sa pensée, ses croyances et son opinion. C’est cela la société humaine à laquelle nous appartenons tous.

La liberté des croyances religieuses et des convictions politiques est sacrée. Rappelez-vous toujours que la relation entre l’Homme et son créateur est verticale et directe. Nul n’a le droit de s’en mêler. Rappelez-vous aussi que la pensée de l’Homme libre peut le porter là où il le souhaite, et c’est lui seul qui doit en assumer la responsabilité, qu’il soit dans le vrai ou dans le faux.

Après l’acceptation du droit à la différence vient la liberté d’expression. Elle est aussi sacrée, mais elle a un plafond, la vérité, et des limites, la morale. Chaque Homme a le droit de parler de lui, d’exprimer son opinion et ses croyances et d’essayer d’en convaincre les autres avec des arguments et par la logique. Mais lancer des rumeurs et des mensonges ou utiliser le langage des insultes et de la diffamation ne font partie d’aucune liberté. Ils constituent une atteinte aux droits de l’autre, à sa dignité, à sa réputation et à sa crédibilité.

Ce sont là les fondements d’une société solidaire et le rempart qui protège la patrie. Rappelez-vous toujours ces trois éléments : le droit à la différence, la liberté de croyance et d’opinion et la liberté d’expression. Les expériences nous ont appris qu’il s’agit de constantes auxquelles il ne faut pas toucher. Lorsque nous avons été tentés de le faire, nous avons failli perdre notre patrie.

J’espère que vous parviendrez à les enraciner encore plus dans notre pays. Vous réussirez ainsi là où nous avons échoué.

Ma lettre d’aujourd’hui vous est adressée, à vous, les jeunes de ce pays, parce que vous êtes le Liban à venir.Nous avons hérité de nos grands-pères une belle patrie, mais elle est épuisée et elle exige de nombreux efforts et du travail dans tous les domaines. Nous faisons de notre mieux, avec tous les moyens dont nous disposons, pour vous la remettre dans un meilleur état que...

commentaires (10)

Un de ces pays ou la classe politique est constituée de vauriens qui se permettent de donner des leçons d'éthique à une jeunesse et à une société civile qui en ont beaucoup plus.

Christine KHALIL

08 h 51, le 06 juillet 2019

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Commentaires (10)

  • Un de ces pays ou la classe politique est constituée de vauriens qui se permettent de donner des leçons d'éthique à une jeunesse et à une société civile qui en ont beaucoup plus.

    Christine KHALIL

    08 h 51, le 06 juillet 2019

  • Je trouve qu'il s'agit un très beau message du président qui découle du fond du cœur, merci Monsieur le Président. J'espère que les jeunes mais aussi tous les citoyens libanais vont prendre en considération le sens de son message. La jeunesse a besoin d'un repère, et ce message peut s'apparenter à une orientation, sous forme d'un conseil d'un bon père de famille. Reste l'essentielle ... l'exemple des dirigeants qui d'une manière ou d'autre les jeunes aiment se calquer.

    Sarkis Serge Tateossian

    21 h 54, le 05 juillet 2019

  • Les jeunes vont croire en leur pays, le jours un le policier arrêtera la moto qui roule en sense inverse, enlèvera la voiture garer sur le trottoir et gênant les piétons, le jours ou le policier osera faire face au Abaday. TANT que la lois est bafouée, il n'existera pas de s sentiment d'appartenance au Liban, mais un sentiment clanique le remplacera. LE RESPECT DE LA LOIS, RIEN QUE LA LOIS est un droit fondamental qui est en manque au Liban. RIEN ne peut se construire tant que vous ne faites pas respecter la lois. nous somme tous différents, oui !, mais nous ne sommes actuellement pas tous égaux devant l'application de la loi. Commencez le chantier par ici.

    Aboumatta

    14 h 23, le 05 juillet 2019

  • FAITES CE QUE JE VOUS DIT, MAIS NE FAITES PAS CE QUE JE FAIS. PLUTÔT ÇA VOTRE DISCOURS.

    Gebran Eid

    13 h 16, le 05 juillet 2019

  • Merci Monsieur le Président pour votre discours en faveur de la jeunesse de ce pays, mais malheureusement, sans exemple ni modèle de vie, il n'y a point de salut...! Les jeunes, Monsieur le Président, sauf votre respect, ont la capacité autant que chacun de nous, de développer les principes que vous leur proposez d'appliquer, mais là où le bât blesse, c'est que notre monde politique actuel est profondément vicié et corrompu. Il est incapable lui-même de donner le bon exemple,il transige et passe outre la bonne application des lois et des principes constitutionnels, dans le seul but de servir ses propres intérêts...! C'est à eux que vous devriez peut-être commencer à vous adresser, et exiger d'eux de changer de cap et de paver la voie de l'honnêteté, de la probité et de la crédibilité, en faveur d'une jeunesse nationale ayant faim de justice, de stabibilité, d'emplois et de dignité...!

    Salim Dahdah

    11 h 16, le 05 juillet 2019

  • Monsieur Michel Aoun, votre lettre part d'une bonne intention! Mais la jeunesse libanaise, aujourd'hui, n'a pas besoin de mots, mais de faits: 1) de voir les responsables de ce pays agir, eux avant tout, pour leur bien et celui de leurs pères, mères, fréres et seurs 2) de ne plus voir leurs pères sans travail ni revenus depuis des années, de par votre faute à vous RESPONSABLES, qui avez laissé la corruption s'installer dans tous les domaines, et en profitez sans aucune honte et au grand jour 3) de ne plus voir jour après jour les mêmes IRRESPONSABLES s'étriper pour des raisons personnelles, et ainsi provoquer problèmes et même morts 4) de voir enfin ces RESPONSABLES incarner, comme vous l'écrivez: "...le droit à la différence, la liberté de croyance et d'opinion et la liberté d'expression..." Responsabilité bien ordonnée doit commencer chez vous, Messieurs les chefs politiques, religieux et de partis ! Et vous constaterez que la jeunesse libanaise suivra votre exemple. Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 27, le 05 juillet 2019

  • KALAM BEL HAWA ! LES JEUNES NE GOBENT PAS DES PAROLES ET DES PROMESSES VIDES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 04, le 05 juillet 2019

  • Un appel à respecter la liberté d'expression. Mr Gendre est-il encore un "jeune" pour qu'il puisse se sentir concerné? Lui qui fait convoquer par la justice toute personne qui a l'audace de le critiquer!

    Yves Prevost

    07 h 05, le 05 juillet 2019

  • L'intention est peut-être louable, mais les mots sonnent bien vides et difficilement convaincants, pour les jeunes comme pour les moins jeunes... L'état de décomposition dans lequel se trouve ce pauvre pays par la faute des tous ses dirigeants actuels et passés au fil des décennies est à pleurer... Plutôt d'écrire une lettre aux jeunes, il faudrait donner un sérieux coup de fouet moral aux ainés pour qu'ils se réveillent, agissent, donnent le bon exemple, et cessent de s'entredéchirer tous les jours, pour qu'il reste encore un Liban (le vrai) qui donne aux jeunes l'envie de rester et agir...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 02, le 05 juillet 2019

  • Merci d'avoir pris la parole Monsieur le président en ces temps troubles. Puissent vos propos résonner aussi auprès de votre entourage le plus immédiat. Les jeunes vous écouteront, vous entendront. Et les autres?

    Marionet

    00 h 43, le 05 juillet 2019

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