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Moyen Orient et Monde - Analyse

Trump-Kim : Un petit pas pour la com ou un pas de géant vers la paix ?

Le leader nord-coréen Kim Jong-un et le président américain Donald Trump dans la zone de démarcation entre le Sud et le Nord hier. AFP/Brendan Smialowski

Le troisième rendez-vous entre Donald Trump et Kim Jong-un hier à la frontière intercoréenne, au cours duquel un président américain a, pour la première fois, foulé le sol de la Corée du Nord, a été riche en symboles, mais il divise les analystes sur sa portée : simple coup de communication ou pas de géant vers la paix ? La rencontre, concrétisée au lendemain d’une invitation surprise du président américain au dirigeant nord-coréen, a ranimé l’attention générale envers un duo qui s’était émoussée depuis l’échec de leur deuxième sommet à Hanoï en février dernier pour cause de désaccord sur la dénucléarisation du Nord.

Washington exige que Pyongyang renonce définitivement à son programme nucléaire, alors que le régime totalitaire réclame au préalable la levée des sanctions internationales dont il fait l’objet.Lors d’une minute historique, Donald Trump a donc foulé le sol nord-coréen, une première pour un président américain en exercice. Le symbole est important pour deux pays qui se menaçaient mutuellement d’annihilation il y a encore un an et demi.


(Reportage : Capharnaüm à Panmunjom : Trump frappe chez Kim à l’improviste)


Ces quelques pas, malgré l’absence de progrès vers la dénucléarisation de la Corée du Nord, montre « la force d’attraction » de Pyongyang, souligne Soo Kim, ancienne analyste de la CIA. « Kim n’a pas eu besoin de lever le petit doigt pour que Trump traverse la DMZ », relève-t-elle. Il lui a suffi d’agiter « un séduisant élixir à base de ruse et de rhétorique menaçante », déclare-t-elle. « Nous assistons à une sorte de diplomatie du défibrillateur », analyse, pour sa part, Mintaro Oba, un ancien fonctionnaire du département d’État américain. « On maintient le processus en vie avec des piqûres, mais sans traiter le problème de fond. »

Depuis l’échec du sommet de Hanoï, Pyongyang accusait Washington d’avoir agi de « mauvaise foi » et lui avait donné jusqu’à la fin de l’année pour changer d’approche. Les deux parties ne tenaient plus de pourparlers officiels et le Nord a suscité des tensions le mois dernier en tirant des missiles à courte portée pour la première fois depuis novembre 2017.


(Lire aussi : Trump écrit l'histoire avec quelques pas en Corée du Nord)


« Du théâtre »

La rencontre d’hier a au moins permis de viser une relance des discussions sur le dossier nucléaire au niveau des groupes de travail d’ici deux à trois semaines, comme l’a annoncé Donald Trump. Et le milliardaire new-yorkais a annoncé avoir invité son partenaire à se rendre aux États-Unis. Au total, le résultat peut sembler plus consistant que ne pouvait le laisser craindre une invitation lancée au dernier moment samedi sur Twitter par un Donald Trump qui disait seulement vouloir rencontrer le dirigeant nord-coréen « pour lui serrer la main et lui dire bonjour ».

L’entrevue a le « potentiel pour relancer les négociations dans l’impasse », reconnaît David Kim, du cercle de réflexion Stimson Center, mais les discussions au niveau opérationnel seront selon lui cruciales. « Ce qu’il nous faut, c’est de la substance, pas du théâtre », martèle l’expert. Il s’agit d’un « énorme cadeau de Kim à Trump », relève, de son côté, Go Myong-hyun, analyste à l’Institut Asan d’études politiques à Séoul, rappelant que Washington n’a pas répondu aux demandes de Pyongyang pour la reprise des négociations : une levée des sanctions internationales.


(Lire aussi : Pourquoi Khamenei ne s’inspire-t-il pas de la stratégie de Kim Jong-un ?)



« Nouvelle chance »

La semaine dernière, lors de la visite d’État triomphale du président chinois Xi Jinping à Pyongyang, Kim Jong-un s’est plaint à son hôte d’avoir pris « beaucoup de mesures positives » pour réduire la tension, mais de ne pas avoir « obtenu de réponses positives » en échange de la part de Washington.

« La Corée du Nord a donné une nouvelle chance à Trump en maintenant en vie la diplomatie grâce au lien personnel » entre les deux dirigeants, estime M. Go. Il s’agit aussi d’un cadeau fait à Kim : la Corée du Nord, soucieuse d’apparaître comme l’égale des États-Unis cherchait depuis longtemps à obtenir une visite sur son sol d’un président américain.

Au début de sa rencontre avec le président américain, Kim Jong-un s’est dit « convaincu » que sa relation avec le président américain permettrait de « surmonter les obstacles », ajoutant que leurs liens étroits avaient permis à un tel rendez-vous de se tenir « du jour au lendemain ». Mais pour un président américain en quête de réélection en 2020 et pour un dirigeant nord-coréen qui a cruellement besoin d’une victoire après un résultat humiliant à Hanoï, ce troisième rendez-vous était trop court. « La Corée du Nord et les États-Unis manquent de temps », estime Koo Kab-woo, professeur à l’Université d’études nord-coréennes de Séoul.


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