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Meurtre d'un responsable allemand pro-migrants : deux nouvelles arrestations



La maison mise sous scellés de Walter Luebcke, un responsable politique pro-migrants du parti de la chancelière allemande Angela Merkel qui a été assassiné par un sympathisant néonazi présumé, à Wolfhagen, dans l'ouest de l'Allemagne, le 3 juin 2019. Photo Germany OUT / AFP / dpa / Swen Pfِrtner

Deux nouvelles personnes ont été arrêtées pour leurs liens avec le tueur néonazi présumé d'un responsable allemand pro-migrants, membre du parti d'Angela Merkel, un crime qui pour les autorités illustre la menace d'un terrorisme d'extrême droite.

Les deux nouveaux suspects sont le vendeur présumé de l'arme du crime, Elmar J., 64 ans, et un intermédiaire, Markus H., 43 ans, deux Allemands. La transaction aurait eu lieu en 2016. Le parquet fédéral "va demander leur placement en détention provisoire pour complicité de meurtre".

Le tueur présumé Stephan Ernst a admis mardi devant les policiers l'assassinat. Il a révélé aux enquêteurs dans ses aveux sa cache d'armes, qui contenait notamment un fusil à pompe et un pistolet-mitrailleur Uzi, ainsi que les noms du fournisseur de l'arme du crime et d'un intermédiaire. Ceux-ci ont donc été arrêtés.

"Nous partons du principe que les deux prévenus connaissaient le positionnement extrémiste de droite de Stephan Ernst et qu'ils savaient qu'il était possible que les armes livrées soient employées ensuite pour un meurtre à motif politique", a indiqué à la presse un porte-parole du parquet fédéral. Ce dernier a toutefois précisé qu'aucun indice ne laissait entendre que les deux hommes étaient directement impliqués dans le crime ou qu'ils appartenaient à une cellule radicale avec Stephan Ernst.

Le meurtrier présumé, condamné en 1993 pour une attaque contre un centre de migrants mais qui n'avait plus fait parler de lui depuis des années, a "déclaré avoir agi seul", selon le ministre de l'Intérieur, Horst Seehofer.
Selon des médias allemands, l'intermédiaire, Markus H., avait néanmoins aussi des liens avec la mouvance extrémiste de droite et détenait des artefacts nazis.

Les armes sont entre les mains de la police scientifique pour déterminer si elles ont été utilisées dans d'autres crimes.

Walter Lübcke, haut fonctionnaire territorial de 65 ans de la région de Kassel, a été retrouvé mort le 2 juin sur la terrasse de sa maison à Wolfhagen (ouest). Le défunt s'était fait remarquer sur la question migratoire en défendant la décision de la chancelière d'ouvrir les portes du pays en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d'asile. En octobre de cette année-là, il avait aussi invité les Allemands ne partageant pas ses valeurs à quitter le pays, ce qui lui avait valu les foudres de l'extrême droite et des menaces de mort.


"Situation à haut risque"
Après sa mort, Angela Merkel avait appelé à combattre les néonazis "sans aucun tabou". Son parti, la CDU, a accusé le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) d'être indirectement la cause du meurtre par son discours anti-migrant virulent et ses attaques répétées contre ceux favorables à l'accueil des réfugiés.

Le chef de l'AfD, Alexander Gauland a estimé que ces accusations relèvent de "l'instrumentalisation (politique) du meurtre" pour "exclure (le parti) de la discussion politique et démocratique". Cette formation a connu un essor jamais-vu en Allemagne pour un parti d'extrême droite depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, attisant les inquiétudes des Allemands à la suite de la crise migratoire de 2015-2016.

Le ministre de l'Intérieur a pour sa part jugé la situation "préoccupante", un rapport du renseignement intérieur présenté jeudi recensant en Allemagne 12.700 extrémistes de droites "prêts à recourir à la violence". Selon lui, il s'agit d'une "situation à haut risque".

Pour les policiers, l'assassinat du haut fonctionnaire constitue un "attentat politique", si bien que le parquet fédéral, chargé des affaires de terrorisme, a été saisi. Il s'agirait du premier meurtre d'un responsable par un sympathisant d'extrême droite depuis 1945. Il y a toutefois eu des précédents violents : un attentat au couteau contre la maire de Cologne Henriette Reker en 2015, et deux ans plus tard contre le maire d'Altena Andreas Hollstein. Ils en ont réchappés de justesse. Tous deux défendaient une politique d'accueil généreuse des migrants, comme Walter Lübcke. L'Allemagne a aussi été confrontée au groupuscule néonazi NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés au début des années 2000. 

Deux nouvelles personnes ont été arrêtées pour leurs liens avec le tueur néonazi présumé d'un responsable allemand pro-migrants, membre du parti d'Angela Merkel, un crime qui pour les autorités illustre la menace d'un terrorisme d'extrême droite.Les deux nouveaux suspects sont le vendeur présumé de l'arme du crime, Elmar J., 64 ans, et un intermédiaire, Markus H., 43 ans, deux...