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Agenda - Distinction honorifique

Le Père Khalil Chalfoun, recteur de l’Université La Sagesse, dans les Palmes académiques

Véronique Aulagnon remettant les Palmes académiques au Père Chalfoun, recteur de l’ULS.

« Pour votre engagement en faveur de la langue française et de la coopération entre nos deux pays dans le domaine universitaire, mais aussi pour votre humanisme, j’ai l’honneur, au nom du ministre français de l’Éducation nationale, de vous remettre les insignes de chevalier de l’ordre des Palmes académiques. » C’est en ces termes que la directrice de l’Institut français du Liban et conseillère de coopération culturelle Véronique Aulagnon a rendu hommage au Père Khalil Chalfoun, recteur de l’Université La Sagesse.

La cérémonie s’est tenue à la faculté de tourisme et de gestion hôtelière de l’Université La Sagesse (ULS), sous le patronage de Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth, et en présence notamment de l’archevêque maronite de Jbeil Mgr Michel Aoun, de Mgr Charles Mourad, du consul général de France au Liban Karim Ben Cheikh et de nombreuses personnalités du monde politique, académique et social, de directeurs d’établissements universitaires et scolaires, ainsi que d’amis et de proches.

Dans le mot qu’elle a prononcé en ouverture de la cérémonie, présentée par Suzanne el-Sayegh, la conseillère de coopération et d’action culturelle Véronique Aulagnon a commencé par brosser un tableau de la carrière académique du P. Chalfoun, recteur d’une université plus que centenaire dont il a pris les rênes en 2015, couronnement de 27 années de services rendus à la coopération universitaire entre le Liban et la France.

« Une grande famille humaine »

« Défendre le français, c’est pour vous défendre un monde commun, a souligné Mme Aulagnon. En accueillant l’année passée notre ambassadeur dans votre université, vous avez eu ces mots forts : “La francophonie a toujours soutenu la Méditerranée, la liberté, les droits de l’homme et le droit à la différence. Avec elle, nous nous sentons appartenir à une grande famille humaine et universitaire d’étendue mondiale, assoiffée de développement durable, de justice et de dialogue. Cet attachement à la francophonie est indéfectiblement ancré en nous, nous ne l’abandonnerons jamais !” Ces mots nous touchent, nous Français, car ils nous disent que la francophonie, qui a parfois été perçue dans certains pays comme une entreprise coloniale, est vécue par beaucoup de Libanais comme une entreprise humaniste, que la francophonie peut et doit être une alliance librement choisie par celles et ceux qui défendent une vision d’un monde pluriel et fondé sur des valeurs communes, et pas – ou pas seulement – sur un marché commun. »

Chalfoun : Une reconnaissance pour l’université

Dans le mot de remerciements qui a suivi, le P. Chalfoun a affirmé : « Au-delà de ma personne, cette distinction est également une reconnaissance à notre Université La Sagesse. En me discernant les Palmes académiques, vous honorez également le fondateur de l’Université La Sagesse, le grand visionnaire Mgr Youssef Debs, archevêque maronite de Beyrouth. C’est en 1875 qu’il fonda la première école de droit à Beyrouth avec pour objectif de faire passer la société libanaise de la division confessionnelle éprouvée à la suite des événements meurtriers de 1860, à l’unité du peuple, seule garantie de progrès et de souveraineté nationale. »

Et d’ajouter : « Fermé entre les deux guerres, l’Institut supérieur de droit à la Sagesse renaît de ses cendres en 1961 grâce à Mgr Ziadé, à qui je dédie aussi ces palmes. Il a eu le courage de faire revivre cet institut face aux menaces qui pesaient sur l’enseignement supérieur au Liban par un arabisme réducteur de la particularité libanaise. Enfin, je dédie ces Palmes académiques à notre chancelier Mgr Boulos Matar, qui a su transformer l’Institut supérieur de droit en une université diocésaine, le dotant de plusieurs facultés en l’an 2000. Située au confluent des lignes de démarcation entre les régions jadis en conflit durant la guerre (1975-1990), à l’entrée est de Beyrouth, Mgr Matar dota cette université de la mission de former de futurs citoyens engagés et responsables et de leur donner les moyens, voire les outils nécessaires, pour réussir leur futur. Sa vision est de conjuguer éducation et paix afin d’y former des artisans de paix pour un Liban libre, uni et souverain… Une société plurielle n’existe qu’à ce prix-là. »

Matar : Le combat pour l’homme

Prenant la parole à son tour, Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth, confiera à ses auditeurs : « Chaque fois que je vais en France et que je passe par Paris, je me rends devant l’Arc de Triomphe que j’aime beaucoup, et je relis ce qui est inscrit dessus, sur ses hauteurs, à quarante mètres : “Liberté, Égalité, Fraternité”. Et chaque fois que je lis ces trois mots, je suis prêt à les signer moi-même, je les adopte et je pense que tous les Libanais sont prêts à les signer, comme les signent les Français. Toute cette amitié qui nous lie depuis des siècles. Entre la France et le Liban, c’est une histoire humaine et culturelle, plus qu’elle n’a été une histoire politique, parce que le vrai combat, c’est le combat pour l’homme, pour la civilisation, le reste appartient au domaine du matériel. On faisait la guerre pour l’herbe, pour l’eau, pour le pétrole. C’est pour les moyens, la finalité, c’est autre chose. Nous nous sommes placés, les Français et nous, au niveau de la finalité et non pas au niveau des moyens. »

Et de poursuivre : « Nous parlons la même langue, mais nous parlons davantage le même langage, le langage de l’humain, le langage du progrès, le langage du respect de l’autre. Et c’est pourquoi nous considérons cette décoration comme un message d’encouragement à l’Université La Sagesse pour continuer son œuvre de culture, son œuvre humaniste, son œuvre de progrès dans la société libanaise et autour du Liban aussi. » La cérémonie s’est achevée sur un mot de la famille prononcé par la fille du recteur de l’ULS, Youanna Chalfoun, qui a parlé en des termes d’une grande tendresse d’un homme de cœur et de foi, qui a su incarner à merveille les figures humaines de l’époux, du père et… du grand-père.

« Pour votre engagement en faveur de la langue française et de la coopération entre nos deux pays dans le domaine universitaire, mais aussi pour votre humanisme, j’ai l’honneur, au nom du ministre français de l’Éducation nationale, de vous remettre les insignes de chevalier de l’ordre des Palmes académiques. » C’est en ces termes que la directrice de l’Institut...