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Moyen Orient et Monde - Européennes

Macron s’active pour peser sur le Parlement européen

Le président français tente de renforcer sa capacité d’influence dans une Europe divisée, à l’heure où il peine à faire avancer ses projets pour l’Union et où le puissant moteur franco-allemand est en panne.

Le président français Emmanuel Macron, faiseur de rois dans le prochain Parlement européen ? François Mori/Pool via Reuters

Le président français Emmanuel Macron, qui a évité dimanche une lourde défaite électorale, tente maintenant d’endosser le costume du faiseur de rois d’une majorité « progressiste » en Europe, qui reste à constituer. Tout au long de la campagne, il avait dépeint l’Union européenne sous la menace d’un danger populiste, qui risquait de l’emporter et contre lequel il était un rempart.

Une stratégie risquée, exposant l’impopulaire président à un référendum contre sa personne en France. Mais, s’il n’a pas gagné (sa liste étant arrivée deuxième), il n’a pas vraiment perdu non plus (vu la faiblesse de l’écart avec l’extrême droite en tête). Cet obstacle surmonté, place au deuxième étage de la fusée : essayer de prendre les clés d’un Parlement très éclaté en maçonnant une vaste coalition centriste, une très grande coalition ratissant très largement à gauche et à droite, autour d’un pivot, le groupe des centristes et libéraux, l’ALDE, qui compte 109 élus, troisième force derrière la droite (PPE : 180) et les sociaux-démocrates (146), devant les Verts (69).

Le président français doit agir vite puisqu’un sommet informel réunira ce soir à Bruxelles les chefs d’État et de gouvernement pour commencer à choisir les nouveaux dirigeants des institutions européennes, dont le président de la Commission. C’est notamment pour cela qu’il a reçu le chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, victorieux dans son pays dimanche, à dîner. « Aucune majorité pro-européenne n’est possible sans le nouveau groupe que Renaissance (la liste du parti d’Emmanuel Macron), l’ALDE et USR Plus (formation roumaine) formeront avec d’autres formations politiques réformistes », ont affirmé ces dernières dans un communiqué. Pour le numéro deux de la liste Renaissance, Pascal Canfin, « nous allons donc peser de manière considérable au sein de ce groupe et de la future coalition et donc au sein du Parlement européen », et le groupe sera au cœur d’« une majorité à trois avec le PPE sans (le dirigeant national-conservateur hongrois Viktor) Orban, et avec les socialistes », ou à quatre « si les Verts veulent la rejoindre ». Avec cette assertion, Emmanuel Macron tente de boulonner sa capacité d’influence dans une Europe divisée, à l’heure où il peine à faire avancer ses projets pour l’Union et où le puissant moteur franco-allemand est en panne.

Position stratégique

« Emmanuel Macron jouera un rôle fondamental. (...) Il sera le leader des prochains mois en Europe avec un rôle pivot de faiseur de rois », avait pronostiqué dimanche dans le Journal du dimanche français l’ancien président du Conseil italien Matteo Renzi. « Il est dans une position stratégique. La fameuse position de l’arbitre », selon François Hublet, responsable de l’analyse des élections européennes pour le groupe d’études géopolitiques (GEG) de l’École normale supérieure (ENS) à Paris. « Mais est-il un faiseur de rois ? Et surtout, est-ce que cela va lui profiter à l’arrivée ? » s’interroge-t-il. En tout cas, un scénario qui marginaliserait le président français semble peu probable.

« On ne peut se passer ni du PPE ni des sociaux-démocrates, on est obligés de rajouter quelqu’un, soit l’ALDE, soit les Verts », souligne M. Hublet. Or « la droite du PPE n’est pas forcement compatible avec les Verts. Si le PPE tente une alliance avec les sociaux-démocrates et les Verts, ce serait faire un pari osé », celui de risquer l’explosion du PPE, privant la coalition de majorité, explique-t-il. D’autant que pour se renforcer encore dans cette quête d’incontournabilité, « Macron veut organiser et amplifier » la base de l’ALDE, en allant « récupérer des gens qui sont ailleurs », explique Manuel Lafont Rapnouil, responsable parisien du think tank européen ECFR.

Une des difficultés est que l’ALDE « est un groupe très composite, avec deux gros composantes, Renaissance et les libéraux démocrates britanniques, qui ont un avenir incertain. Après, vous avez une trentaine d’autres partis » qui forment le reste des troupes, expose François Hublet. « On sait qu’ils ont fait la cour à certains élus du Parti démocrate italien. Sans doute que le parti en tant que tel va rester dans le groupe des sociaux-démocrates, mais on peut imaginer qu’il y ait des transfuges individuels », anticipe-t-il.

Fabien ZAMORA/AFP

Le président français Emmanuel Macron, qui a évité dimanche une lourde défaite électorale, tente maintenant d’endosser le costume du faiseur de rois d’une majorité « progressiste » en Europe, qui reste à constituer. Tout au long de la campagne, il avait dépeint l’Union européenne sous la menace d’un danger populiste, qui risquait de l’emporter et contre lequel il...

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