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Lifestyle - Un peu plus

Et si on faisait tous la grève ?

Photo Bigstock

Puisque nous sommes dans l’incapacité de descendre dans la rue. De manifester pour nos droits. De demander des comptes. D’exprimer notre ras-le-bol, notre colère, notre déception. Vu que nous sommes incapables de nous unir, pourquoi ne ferions-nous pas grève ? Chacun de son côté, puisque nous sommes un peuple individualiste, égoïste et particulièrement égocentrique. Pourquoi ne déciderions-nous pas d’arrêter d’être les complices de ce régime qui continue de nous prendre pour des cons ? Il serait grand temps de leur signifier qu’on ne peut plus continuer comme ça. Que nous ne pouvons plus remplir les caisses d’un État qu’ils ont vidées.

Les grèves se multiplient. Un coup, c’est la Banque centrale, un coup les militaires, les enseignants, le port, la Sécurité sociale, les fonctionnaires. Et les autres ? Les commerçants, les restaurateurs, les plagistes, les employés du secteur privé, les journalistes. Nous tous en somme. Qu’attendons-nous pour arrêter de travailler ?

Ce n’est pas en restant chez soi à rouspéter et se morfondre qu’on fera avancer les choses. Les nôtres en tout cas. Ce n’est pas en acceptant la crise, les réductions de salaire, les coupes dans les budgets, les licenciements et la fermeture de nos entreprises que la situation ira mieux. On va mal, on ne le dira jamais assez. Mais on risque d’aller encore plus mal si on reste les bras croisés au lieu de se serrer les coudes. On peut faire entendre notre voix dans le silence. Et en toute légalité. Sans désobéissance civile, pour ne pas finir derrière les barreaux, mais en stoppant les rouages de l’engrenage dans lequel on se noie de plus en plus profondément.

Arrêtons de bosser. Fermons boutique, baissons les stores et les devantures. Déclarons une journée noire. Les mesures d’austérité qu’ils prennent, l’augmentation de certaines taxes, les réductions sur les retraites, ou le renchérissement du prix des plaques à 3 chiffres ou de l’autorisation des vitres teintées sont comme un pet dans l’eau. Un petit pet qui ne réglera pas grand-chose, mais qui coûtera bonbon au citoyen. Avant les mesures, il faudrait des réformes, mais bon, ne nous leurrons pas, on ne peut pas faire de réformes contre soi. Contre sa propre politique.

Alors, restons à la maison devant Netflix en attendant qu’ils réagissent. Retrouvons-nous entre potes autour d’un plat de pâtes. Fermons nos téléphones portables pour ne pas payer les communications. Parlons-nous via le WhatsApp web. Envoyons-nous des mails. Allumons des bougies pour ne pas utiliser l’électricité et encore moins les « moteurs ». Ouvrons à peine l’eau. N’utilisons pas nos voitures pour ne pas brûler d’essence et pour purifier l’espace d’un instant l’air que nous respirons. Ne faisons pas de transactions bancaires. Consommons « local » au lieu de produits de luxe importés. Pendant ces vacances forcées, on pourra aller nettoyer notre bord de mer, nos rivières et nos forêts. Vider les rues de leurs déchets. Ramasser les saletés et les mouchoirs jetés par les fenêtres de voitures délabrées. Et attendons.

Attendons de voir ce qui se passera si on immobilise le pays, à défaut de se mobiliser. Si on paralyse le pays, puisque nous sommes nous-mêmes endormis. Mais insomniaques. Et profitons de nos nuits pour cogiter. Pour essayer de trouver des solutions. Et si on n’en trouve pas à notre niveau, ils le feront à leur tour. Et ce sera à notre tour de prendre des vacances. Nous, on glandera, et eux feront peut-être et enfin leur boulot. Celui de nous servir, de nous aider et de nous garantir une vie décente.

Parce que ce pays est à nous. C’est à nous qu’il appartient. Qu’appartiennent ces lieux qu’ils dénaturent et violent. Qu’appartiennent les routes, les rues, la mer, l’eau. Ce pays est à nous. Et il doit le rester. Pour nos enfants et pour les générations à venir. Et si en restant chez soi et en foutant en l’air cet ordre établi par une centaine de personnes, on peut ébranler le système, alors faisons-le. Après tout, David a bien battu Goliath.

Puisque nous sommes dans l’incapacité de descendre dans la rue. De manifester pour nos droits. De demander des comptes. D’exprimer notre ras-le-bol, notre colère, notre déception. Vu que nous sommes incapables de nous unir, pourquoi ne ferions-nous pas grève ? Chacun de son côté, puisque nous sommes un peuple individualiste, égoïste et particulièrement égocentrique. Pourquoi ne...

commentaires (3)

C'est une révision du scénario de Natourit el mafatihs... Malheureusement, et dans notre cas, on n'a pas qu'un roi à narguer mais une armée de politiciens et de leurs hommes à tout faire... On allume des bougies ils les souffleront, on ne boit plus ils nous coupe l'eau, on ne conduit plus ils nous confisquent les voitures... On doit démarrer une pétition qui devra porter au moins deux millions de signatures de libanais...avant d'avoir une certaine attention.

Wlek Sanferlou

22 h 47, le 25 mai 2019

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Commentaires (3)

  • C'est une révision du scénario de Natourit el mafatihs... Malheureusement, et dans notre cas, on n'a pas qu'un roi à narguer mais une armée de politiciens et de leurs hommes à tout faire... On allume des bougies ils les souffleront, on ne boit plus ils nous coupe l'eau, on ne conduit plus ils nous confisquent les voitures... On doit démarrer une pétition qui devra porter au moins deux millions de signatures de libanais...avant d'avoir une certaine attention.

    Wlek Sanferlou

    22 h 47, le 25 mai 2019

  • IL Y A DES BANANES DANS LES CHAMPS... ET DES BANANES AVEC FESSES SUR LES SIEGES DE LA CHAMBRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 51, le 25 mai 2019

  • Il faut savoir ce que l'on veut. Ou la grève avec narguilés du matin au soir, ou travailler malgré tout pour créer des richesses et stopper l'exode de nos jeunes. Au Liban, la seule "démocratie" au Moyen-Orient, les gouvernements n'ont jamais cédé devant les grèves qui les considèrent comme des défis envers leurs majestés les ministres intouchables de la République bananière sans bananes.

    Un Libanais

    17 h 18, le 25 mai 2019

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