Le Festival du film de Locarno, organisé par l’ambassade de Suisse à Beyrouth, est de retour du 30 mai au 1er juin. Pour cette édition, pas de projection au cinéma Metropolis, bien que celui-ci reste l’un des partenaires du festival avec le musée Sursock, mais seulement trois projections qui se tiendront en plein air sur l’esplanade du musée. L’inauguration aura lieu le jeudi 30 mai en présence de l’ambassadrice de Suisse au Liban Monika Schmutz Kirgöz ainsi que de Hania Mroué, directrice du cinéma Metropolis, et de Zeina Arida, directrice du musée Sursock. Après discours et cocktails, les projections commenceront. La qualité de la programmation fait déjà baver les cinéphiles; les réalisateurs Spike Lee, Vittoria de Sica, et Hang Sang-soon seront au rendez-vous sur les écrans géants du musée. Si nous n’en sommes qu’à la deuxième édition de ce festival, Alia Chucri, chargée des affaires culturelles à l’ambassade suisse de Beyrouth, espère faire de cet événement un rendez-vous cinéphile annuel dont l’organisation se perpétuera sur les années à venir.
La programmation est certes plus légère que l’an dernier et ne mise que sur les trois projections en plein air. Mais il s’agit surtout cette année de rendre hommage au Festival de Locarno originel qui se tient en Suisse et dont l’événement beyrouthin s’inspire. En effet, les projections en plein air font toute la réputation du festival ; chaque été, il réunit jusqu’à 8 000 spectateurs devant des écrans géants en plein air pour plusieurs soirées hors du commun, et ce depuis 72 ans. Soixante-douze ans que des passionnés de cinéma se réunissent sur la Piazza Grande de Locarno, 72 ans de partage, 72 ans de révélation de talents encore méconnus du grand public jusqu’à leur sélection par le festival. Cette année, l’événement suisse se déroulera du 7 au 17 août 2019. Mais avant, sa petite sœur beyrouthine dévoile sa programmation modeste et fait honneur aux cinéastes qui ont fait l’édition 2018.
Environ 400 personnes sont attendues à Beyrouth pour les projections du 30 mai au 1er juin prochain. En termes de taille, l’événement est incomparable à celui de Locarno, mais son impact en demeure néanmoins important car celui-ci offre un concept plutôt unique parmi les manifestations culturelles de la ville. Son intérêt se trouve également dans le choix des films qui y seront présentés. En effet, l’origine de cette manifestation demeure dans la volonté de la Suisse de rendre hommage aux 70 ans du Festival de Locarno, en choisissant des films illustrant l’histoire du festival. Ainsi, la programmation commence avec Spike Lee et son BlacKkKlansman, récompensé par le prix du public UBS en 2018. Ce thriller relate l’histoire d’un policier s’infiltrant au sein du Ku Klux Klan, et mêle dénonciation et humour à travers une incroyable histoire vraie. Le vendredi, place à Hang Sang-soon avec Right Now, Wrong Then. Ce drame coréen dépeint une rencontre entre deux artistes et se présente sous la forme de deux films indépendants réunis en un seul morceau. Ce concept original et la qualité cinématographique du film ont valu à Hang Sang-soon de se faire décerner le Léopard d’or en 2015, récompense la plus prestigieuse du Festival de Locarno. Enfin, le festival s’achèvera le samedi avec l’indémodable Bicycle Thieves de Vittorio de Sica, sorti en 1948. Ce long métrage néoréaliste raconte l’histoire d’un homme misérable cherchant sa bicyclette sans laquelle il ne peut aller travailler dans la Rome de la Seconde Guerre mondiale. La sélection n’est donc pas laissée au hasard et permet de voyager à travers l’histoire du grand Festival de Locarno et de s’y glisser sans même quitter Beyrouth.
Alia Chucri explique que la réédition du Locarno Film Festival de Beyrouth s’inscrit dans la volonté de la Suisse de perpétuer son activité culturelle, qui est à ce jour très importante. Si, contrairement à des pays comme la France, il n’y a pas d’instituts culturels à proprement parler aux côtés des ambassades en Suisse, les fonds culturels fournis à celles-ci s’avèrent assez généreux pour donner vie à des manifestations culturelles importantes. D’autant que le Festival international de Locarno, bien que surtout connu des cinéphiles, commence à se faire un nom auprès du grand public. C’est ainsi que Alia Chucri décrit la Suisse comme un acteur prépondérant sur la scène culturelle internationale, et que ce genre d’événement permet de « rapprocher le public de la culture suisse à son apogée ». Le festival de Beyrouth permet ainsi de délocaliser cette culture, de la partager avec le plus grand nombre, et de l’enrichir. Les plus curieux sont ainsi invités à prendre place devant les projections gratuites de ces films faisant vivre un festival qui est, finalement, chargé de symboles.
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