Arsenal a battu Valence en demi-finales de la Ligue Europa et disputera la finale. Son adversaire ? Un autre club anglais : Chelsea. En C1 (Liverpool vs Tottenham) et C3, les finales seront à 100 % anglaises, une domination bâtie à grands coups de livres sterling, d’intensité, de changements culturels et d’un brin de chance. Sergio Perez/Reuters
Le football anglais a célébré le Brexit à sa façon, en envahissant l’Europe ! La Ligue des champions (C1) et la Ligue Europa (C3) verront en effet deux finales 100 % anglaises, une domination bâtie à grands coups de livres sterling, d’intensité, de changements culturels et d’un brin de chance. Liverpool contre Tottenham en C1, Arsenal face à Chelsea en C3 : quatre équipes dont trois de la même ville, Londres, et un seul pays. Exit la domination de l’Espagne, qui a remporté neuf des dix dernières Coupes d’Europe.
« Le football européen de clubs est à l’aube d’une nouvelle ère », estime ainsi l’hebdomadaire allemand Die Zeit. « La Premier League domine le continent par l’argent et le cosmopolitisme. Aucun autre championnat au monde ne tire autant d’argent des droits TV, aucun autre n’est aussi ouvert au capital venu de l’étranger », ajoute l’hebdomadaire.
De fait, la Premier League domine également les terrains financiers : six clubs anglais figurent actuellement dans le top 10 des clubs les plus riches du monde, selon le cabinet Deloitte. La saison passée, les clubs anglais ont enregistré des revenus record de 5,56 milliards d’euros, grâce notamment aux droits TV. C’est environ 60 % de plus que les championnats allemand ou espagnol et trois fois plus qu’en France. Dans le même temps, ils ont dépensé plus d’un milliard d’euros lors du dernier mercato estival.
Bouillon de cultures
L’argent qui coule à flots et les meilleurs entraîneurs, voilà comment la Premier League prend tout. Jürgen Klopp, Mauricio Pochettino, Unai Emery et Maurizio Sarri : la presse britannique célèbre cette nouvelle vague d’entraîneurs étrangers, sans doute plus tournés vers l’Europe que certains de leurs prédécesseurs.
« La Premier League accueille les trois plus grands entraîneurs du football mondial », insiste ainsi le légendaire Tony Cascarino dans sa tribune dans le Times. « Si la Premier League n’a jamais accueilli les meilleurs joueurs du monde (même si ce sera le cas après les retraites de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo), l’inverse n’est pas vrai quand il s’agit des hommes derrière le banc, note l’ancien attaquant de l’Olympique de Marseille. On n’était pas loin avec Alex Ferguson et Arsène Wenger, mais, désormais, n’importe quel club dans le monde prendrait Guardiola, Pochettino ou Klopp. »
Ce parfum anglais qui plane sur l’Europe tient aussi à deux minutes héroïques, inspirées par des managers chefs de meute, au bout de deux demi-finales de C1 aussi intenses qu’indécises. « Voici le mot qui résume le football anglais actuel : courage. Sans fioriture, ils ont mis sur le terrain tout ce qu’ils avaient », souligne d’ailleurs le quotidien italien Corriere dello Sport.
Intensité
Une intensité et un investissement qui se retrouvent régulièrement les week-ends sur les terrains anglais. « La Premier League est le meilleur championnat d’Europe. Pour aller en finale de la Coupe de la Ligue anglaise, il a fallu battre Liverpool et Tottenham. Et, en finale, on a été battus par la meilleure équipe d’Europe selon moi, Manchester City », abonde l’entraîneur de Chelsea, Maurizio Sarri. « C’est très dur d’arriver en bonne forme physique lors du dernier mois. Ici, on joue plus. C’était le 61e match de notre saison. En Italie, il y en a dix de moins. Ça fait une grosse différence », ajoute le technicien italien.
Au Portugal, la presse n’est pas mécontente de la méforme espagnole. « Les Espagnols ont fait la grave erreur de sous-évaluer le départ de Ronaldo et le Real Madrid l’a payé cher. Sans le choc Messi-Ronaldo, il n’y avait pas grand-chose à voir, écrit le journal sportif Record. En Angleterre, il y a beaucoup d’argent. Mais il y a aussi davantage de patience, d’organisation et d’idées. »
De là à voir une suprématie durable du football anglais ? Historiquement, les finales entre deux clubs d’un même pays n’ont pas forcément signifié le début d’un cycle de domination : depuis la finale 2008 entre Manchester United et Chelsea, les clubs anglais n’ont remporté qu’une C1 (Chelsea en 2012). « Je ne pense pas que le cycle espagnol est menacé. Ce qui est sûr, c’est qu’on voit les Anglais. À un moment donné, ça a été les Italiens, nuance Zinédine Zidane. Ça ne m’étonne pas de voir les clubs anglais. Les entraîneurs qui sont à la tête de ces équipes-là amènent leur nouveauté, leur savoir-faire, qui est différent. (...) Ça n’empêchera pas que le football espagnol a toujours sa place, dès l’année prochaine. »
D’autant que l’issue incertaine du Brexit (dépréciation de la livre, restrictions de joueurs étrangers, etc.) plane toujours.
Source : AFP