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Liban - Décoration

Gisèle Khoury chevalier dans l’ordre français de la Légion d’honneur

L’ambassadeur Bruno Foucher a salué « une femme de courage et de conviction ».

L’ambassadeur de France Bruno Foucher et Gisèle Khoury, lors de la cérémonie à la Résidence des Pins. Photo ambassade de France

À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’ambassadeur de France Bruno Foucher a remis hier les insignes de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur à la journaliste et présidente de la Fondation Samir Kassir, Gisèle Khoury. La cérémonie a eu lieu à la Résidence des Pins à Beyrouth, en présence de nombreuses figures politiques dont l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, la députée May Chidiac, l’ambassadrice de l’Union européenne Christina Lassen ou encore les anciens ministres Nouhad Machnouk, Sejaan Azzi et Nabil de Freige.

« Si nous sommes ici ce soir, c’est aussi pour rendre hommage à une femme de courage et de conviction », a déclaré M. Foucher, qui a tenu par la même occasion à rendre hommage au journaliste et historien Samir Kassir, époux de Mme Khoury, assassiné en 2005. « Ce matin du 2 juin 2005, lorsque votre destin personnel se lie à la tragique histoire du Liban et que votre époux, Samir Kassir, est lâchement assassiné dans un terrible attentat, malgré la douleur de l’absence et la violence du choc, vous décidez de continuer le combat », a dit l’ambassadeur dans son allocution.



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Une femme « tournée vers l’avenir »
« Vous lancez en 2005 la Fondation Samir Kassir que vous présidez. Au-delà du souvenir du martyr de la liberté Samir Kassir – qui devient une icône du printemps de Beyrouth –, vous décidez de la tourner vers l’avenir, celui du Liban, mais aussi celui de la région », a indiqué M. Foucher dans un court descriptif de la carrière de Mme Khoury. « En 2007, vous créez au sein de la Fondation Samir Kassir le centre SKeyes chargé de la défense des libertés médiatiques et culturelles dans les quatre pays arabes du Levant (Jordanie, Liban, Syrie, Palestine). Cette institution incarne un modèle dans une partie du monde où les violations de la liberté d’expression sont quotidiennes », a ajouté l’ambassadeur.

« Vous êtes en quelque sorte un “passeur”. C’est dans cet esprit que chaque année, en coopération avec la Délégation de l’Union européenne au Liban, vous remettez le prix Samir Kassir pour la liberté d’expression qui vient récompenser de jeunes journalistes de la région qui couvrent les thématiques liées à la démocratie et à l’État de droit. Je sais que vous voulez aujourd’hui aller encore plus loin et que vous formez le vœu de transformer le site internet du centre en un véritable média qui serait dédié aux droits de l’homme dans le monde arabe », a indiqué M. Foucher.

« En cette Journée internationale de la liberté de la presse, je souhaite réitérer le soutien de mon pays à la liberté d’informer, valeur cardinale de toute démocratie. Je souhaite aussi rendre hommage aux journalistes qui, partout dans le monde, courageusement et malgré les difficultés, continuent d’assumer leur rôle », a-t-il conclu.

« Contre l’intimidation, la menace et les compromissions »
Prenant la parole à son tour, Gisèle Khoury a rendu un véritable hommage aux journalistes dans la région et a appelé à la préservation de la liberté de la presse.

« Je ne me suis pas tue après l’assassinat de Samir Kassir. Je me suis exprimée à travers la fondation qui porte son nom. Nous n’avons pas voulu d’une fondation, comme tant d’autres, dédiée au souvenir, mais d’une institution qui puise sa force des valeurs qui ont animé le combat de Samir Kassir contre l’intimidation, la menace et les compromissions, un combat en faveur de la liberté et du renouveau de l’esprit critique dans le monde arabe ; un combat qui lui a coûté la vie », a-t-elle dit.

Elle s’est ensuite attardée sur le double rôle de la fondation ; à la fois culturel, à travers le festival Printemps de Beyrouth, et militant pour la défense de la liberté d’expression, avec le centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture. « SKeyes est devenu le principal observatoire des violations contre les médias, les journalistes, les professionnels de l’information, les artistes et les intellectuels du Proche-Orient : au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Palestine, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza. Mais nous sommes aussi la seule ONG arabe présente pour défendre la liberté d’expression des Palestiniens des territoires de 1948 », a souligné Mme Khoury.

« S’il est vrai qu’au Liban, l’état de la liberté de la presse reste meilleur que dans les pays qui nous entourent, cela ne doit pas cacher la détérioration dangereuse de la situation. Aucune action judiciaire sérieuse n’a été entamée pour juger ceux qui ont tué 24 journalistes au Liban depuis notre indépendance en 1943. L’interprétation arbitraire des lois pour intimider les journalistes a repris de plus belle. Et le contrôle de l’expression libre par les services de sécurité est redevenu la norme. Tout le monde s’y met : l’armée, la police, le bureau de lutte contre la cybercriminalité, la Sûreté générale et tous les services de renseignements locaux et régionaux », a-t-elle mis en garde.

Gisèle Khoury a par ailleurs appelé « à créer un environnement juridique qui protège la liberté des médias en mettant un terme aux violations justifiées par les lois sécuritaires qui sont mises en œuvre, en réalité, pour restreindre l’espace civique et la liberté ». Elle a également demandé à « mettre fin à la surveillance numérique (…) et à l’impunité de ceux qui attaquent et tuent les journalistes ».



Pour mémoire 
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