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Bénin: Cotonou renoue avec le calme après deux jours de violences post-électorales


Cotonou, la capitale économique du Bénin, semble avoir renoué vendredi avec le calme et ses activités habituelles, même si les esprits sont toujours échauffés après deux jours de violences post-électorales dans la foulée de législatives dont l'opposition a été exclue. AFP / Yanick Folly

Cotonou, la capitale économique du Bénin, semble avoir renoué vendredi avec le calme et ses activités habituelles, même si les esprits sont toujours échauffés après deux jours de violences post-électorales dans la foulée de législatives dont l'opposition a été exclue.

Des soldats sont toujours déployés devant plusieurs barrages dans les rues de Cotonou après ces violences qui ont fait au moins deux morts dans le pays.

"La nuit a été calme", confie un proche de l'ex-président Boni Yayi, dans sa résidence de Cadjehoun, un quartier populaire de Cotonou qui avait été encerclé par les forces de l'ordre donnant lieu à des heurts avec des manifestants de l'opposition. "Les soldats sont toujours en bas, mais ils savent que s'ils viennent pour l'arrêter, la population va le défendre".

La vie a presque retrouvé son cours habituel. Chacun se presse vers les marchés ou les bureaux, en contournant le quartier de l'ancien chef de l'Etat.

L'éviction de l'opposition des législatives dans un pays considéré comme un modèle de démocratie en Afrique laisse cependant un goût amer.

"La démocratie béninoise a été enterrée le 28 avril 2019", date du scrutin, regrette Blaise Dansou Attakoun, entrepreneur à Cotonou. "La Cour Constitutionnelle, qui est censée garantir la protection des lois est devenue juge et partie", accuse-t-il. "Ils ont donné 28% de participation, alors que la commission électorale disait 23%".

Joseph Djogbenou, le président de la Cour Constitutionnelle, un proche du président Patrice Talon, a dévoilé les résultats définitifs des législatives, donnant une abstention moins importante que les résultats préliminaires. Il a jugé que les "irrégularités" et les "perturbations" enregistrées pendant le vote n'étaient pas de nature à "compromettre la validité du scrutin".

L'opposition, qui a vu ses listes rejetées par la commission électorale, ainsi que deux anciens chefs de l'Etat, Boni Yayi (2006-2016) et Nicéphore Soglo (1991-1996), avaient appelé au boycott du scrutin, dénonçant un "coup d'Etat électoral".

Mercredi soir, deux personnes ont été tuées lors de heurts entre manifestants et forces de l'ordre: une femme à Cotonou et un jeune homme de 19 ans à Kandi, dans le Nord, où la population a mis le feu à une importante usine de coton - secteur dans lequel Patrice Talon a fait fortune avant de se lancer en politique.

Jeudi, l'armée et la police ont à nouveau dispersé les manifestants en tirant à balles réelles sur la foule, faisant trois morts selon l'opposition.

Selon une source judiciaire, une vingtaine de personnes ont été interpellées à Cotonou lors des violences et doivent être présentées au parquet ce vendredi.

"La France regrette que le débat politique national de ces derniers mois n'ait pas pu aboutir à l'organisation d'un scrutin inclusif et compétitif", a déclaré vendredi le Quai d'Orsay dans un communiqué. Paris "déplore les violences" et "face aux tensions manifestes (...) appelle tous les acteurs politiques à faire preuve de retenue".

"Désordre"
"C'est Yayi qui a organisé le désordre", accuse Abdel Adjao, un partisan du régime. "Moi je suis un pro-Talon, ils n'ont qu'à le laisser travailler", lance-t-il. "Il change les choses, les infrastructures ont changé, et on espère qu'il fera encore plus".

"Ils disent que c'est la mort de la démocratie, mais de quelle démocratie parle-t-on?", interroge un passant dans les rues de Cotonou. "D'une démocratie avec 250 partis politiques, où les députés sont payés pour voter des lois ? Tous les présidents que l'on a eus, Yayi en tête, ils bouffent, ils bouffent, et après ils partent", accuse-t-il.

Devant un kiosque à journaux, conducteurs de taxi-moto et passants échangent sur la Une des quotidiens, et les esprits s'échauffent.

"La jeunesse est fâchée, ça fait des années qu'ils (les jeunes) ruminent", commente Mérite Baloubi. "Le président est le père de la Nation, à tout moment, il pourrait intervenir, ce n'est pas bien de voir sa terre brûler".

Le chef de l'Etat, accusé d'avoir amorcé un tournant autoritaire, assure qu'intervenir dans le processus électoral n'est pas le rôle de l'exécutif.

Deux partis proches du pouvoir se partageront les 83 sièges du nouveau Parlement, qui devrait être inauguré le 15 mai.

Mais Boni Yayi et Nicéphore Soglo avaient lancé un ultimatum au président: "Talon marchera sur nos corps" avant d'entériner le nouveau Parlement, avait averti Boni Yayi.

Des centaines de personnes s'étaient rassemblées dans le centre de Cotonou, près du domicile de Boni Yayi, dès mercredi après-midi, craignant que la police ne vienne arrêter l'ex-président.

"Yayi, ça l'arrange tout ça, il veut se présenter comme un homme du peuple, arriver comme le sauveur", estime un observateur de la vie politique au Bénin.

Cotonou, la capitale économique du Bénin, semble avoir renoué vendredi avec le calme et ses activités habituelles, même si les esprits sont toujours échauffés après deux jours de violences post-électorales dans la foulée de législatives dont l'opposition a été exclue. Des soldats sont toujours déployés devant plusieurs barrages dans les rues de Cotonou après ces violences qui...