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Moyen Orient et Monde - Égypte

Le Parlement vote pour permettre à Sissi de prolonger sa présidence

Le Parlement égyptien était réuni hier pour voter en faveur d’une réforme constitutionnelle permettant au président Sissi de prolonger son mandat. Photo AFP

Le Parlement égyptien a octroyé hier après-midi la possibilité au président Abdel Fattah al-Sissi, dont le régime est accusé de graves violations des droits humains, de rester au pouvoir jusqu’en 2030, à la faveur d’une réforme de la Constitution votée en session plénière. La presse étrangère n’a pas été autorisée à couvrir cette réunion, comme souvent lors des sessions parlementaires.

Arrivé au pouvoir après le renversement par l’armée du président islamiste Mohammad Morsi en 2013, M. Sissi a été réélu président l’an dernier. Mais, à ce jour, la Constitution limite le nombre de mandats à deux, de quatre ans chacun.

Plusieurs amendements à la Constitution ont été proposés en février par un bloc parlementaire soutenant le chef de l’État. Le nouvel article 140 permet ainsi de faire passer le second mandat de M. Sissi de quatre à six ans, portant ainsi son terme à 2024. Le chef de l’État pourrait en outre se présenter en 2024 à un troisième mandat de six ans.

M. Sissi a été élu pour la première fois en 2014, un an après avoir renversé M. Morsi, dont il était le ministre de la Défense, avec l’armée, à la faveur d’un mouvement populaire.

« Stabilité »

Sa réélection en 2018 avec plus de 97 % des voix a eu lieu dans le cadre d’un scrutin marqué par la présence d’un seul rival, relégué au rang de faire-valoir, et par une série d’arrestations d’opposants.

Chantre de la stabilité et de la lutte antiterroriste auprès des chancelleries occidentales, Abdel Fattah al-Sissi, 64 ans, est à la tête d’un pouvoir accusé par les ONG de graves violations des droits humains : torture, disparitions forcées, record d’exécutions capitales, emprisonnement d’opposants, musellement de la presse...

Mais les partisans du chef de l’État au Parlement maintiennent que la révision constitutionnelle s’avère indispensable à la stabilité politique et économique du pays. M. Sissi « a pris d’importantes mesures politiques, économiques et sécuritaires (et) doit poursuivre ses réformes », a expliqué à l’AFP Mohammad Abou Hamad, un député pro-Sissi.

Comptant moins d’une vingtaine de députés, la petite alliance d’opposition, le bloc « 25-30 », a appelé les Égyptiens a rejeter cette révision. Celle-ci doit être soumise à un référendum populaire. Les banderoles appelant le peuple à voter en faveur de cette réforme ont envahi les rues du Caire ces dernières semaines.

Hier à Paris, deux acteurs égyptiens, Amr Waked et Khaled Abol Naga, ont dénoncé la révision constitutionnelle lors d’une conférence de presse dans les locaux de la Ligue des droits de l’homme. « Ces amendements (constitutionnels) font revenir l’Égypte à une dictature digne du Moyen Âge », a lancé M. Waked. Fin mars, le syndicat égyptien des acteurs avait interdit à ces deux vedettes d’exercer en Égypte, les accusant de « haute trahison ». Une campagne de dénigrement menée par les médias pro-Sissi s’est abattue sur les deux acteurs après leur rencontre en mars avec des membres du Congrès américain pour discuter de la situation des droits humains en Égypte.

À contre-courant

Ce vote au Parlement égyptien intervient à contre-courant du climat régional. Au Soudan voisin, Omar al-Bachir, au pouvoir depuis trois décennies, a été renversé le 11 avril au terme d’une contestation populaire. En Algérie, la perspective d’un cinquième mandat présidentiel de Abdelaziz Bouteflika a provoqué des manifestations de rue inédites et la démission du président le 2 avril.

« Après la chute de Bouteflika en Algérie et de Bachir au Soudan (...), n’avons-nous pas appris la leçon ? » a ironisé sur Twitter Haitham el-Hariri, jeune député membre de l’opposition. Mais cette opposition à la révision constitutionnelle reste presque exclusivement cantonnée aux réseaux sociaux. L’écrasante majorité des médias, en particulier la télévision, relaye le discours des soutiens du président Sissi, diabolisant les voix critiques, qui vivent généralement en exil.

Human Rights Watch (HRW) a appelé la semaine dernière le Congrès américain à ne pas donner son « feu vert à la répression » en Égypte, alors que M. Sissi était en visite à Washington, où il a rencontré son allié Donald Trump. Selon l’ONG, le « projet de réforme constitutionnelle (...) institutionnalise davantage l’autoritarisme ».

La révision constitutionnelle doit également accroître le contrôle du pouvoir judiciaire par l’exécutif et institutionnaliser le rôle politique de l’armée, pilier du régime.

Source : AFP

Le Parlement égyptien a octroyé hier après-midi la possibilité au président Abdel Fattah al-Sissi, dont le régime est accusé de graves violations des droits humains, de rester au pouvoir jusqu’en 2030, à la faveur d’une réforme de la Constitution votée en session plénière. La presse étrangère n’a pas été autorisée à couvrir cette réunion, comme souvent lors des sessions...

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