Benjamin Netanyahu. Ariel Schalit/Pool via Reuters
Avec la victoire de Benjamin Netanyahu et sa désignation probable pour former le nouveau gouvernement israélien, les efforts du président américain et même ceux du président russe auront porté leurs fruits. En effet, Donald Trump a fait au cours des dernières semaines d’importants cadeaux électoraux à Netanyahu, comme les attaques du secrétaire d’État américain Mike Pompeo contre le Hezbollah depuis Beyrouth et, plus important encore, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan occupé, montrant ainsi clairement son souhait de le voir remporter les élections. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a lui aussi fait de son mieux pour assurer la victoire de Netanyahu en lui remettant la dépouille mortelle du soldat israélien tué en 1982, lors de la confrontation entre l’armée israélienne et l’armée syrienne à Sultan Yaacoub au Liban-Sud.
Pour l’actuelle administration américaine, le maintien de Benjamin Netanyahu au pouvoir signifie la poursuite de la tentative d’imposer « le deal du siècle » sur lequel travaillent Donald Trump et ses conseillers depuis quelques mois déjà et pour lequel ils ont préparé le terrain à travers l’élargissement et le durcissement des sanctions contre l’Iran et ses alliés dans la région, qui constituent « l’axe de la résistance ».
Si les détails du plan américain de solution du conflit arabo-israélien ne sont pas encore divulgués, quelques points semblent se confirmer. Selon une source diplomatique arabe à Beyrouth, il est désormais clair que ce fameux plan, qui est en faveur des Israéliens et de Benjamin Netanyahu en particulier, passe par le règlement du cas de Gaza. Apparemment, la situation dans cette bande territoriale est devenue inacceptable pour Netanyahu et son équipe qui veulent désormais en finir avec ce foyer de rébellion qu’ils ont déjà essayé de mater à plusieurs reprises, à travers des opérations militaires successives et un blocus strict, mais en vain. Selon la même source, Benjamin Netanyahu serait ainsi favorable à une opération de grande envergure à Gaza qui passerait par la réoccupation de ce territoire, sous prétexte qu’il constitue une menace réelle pour l’entité israélienne. La prochaine guerre israélo-arabe, que beaucoup attendent au Golan ou même au Liban, aurait donc lieu dans cette bande étroite et aboutirait à la domination israélienne sur ce territoire. Cela constituerait un grand retournement dans la politique israélienne qui, depuis des années, considère que la bande de Gaza devrait être le noyau du futur État palestinien et que la plus grande partie de la population palestinienne devrait donc s’y entasser. L’espace géographique limité, la misère, le blocus et le manque de ressources devaient, selon les pronostics israéliens, provoquer des luttes intestines interminables entre les différentes factions palestiniennes, qui mettraient définitivement un terme à leur cause nationale. Mais ces pronostics ne se sont pas vérifiés, à cause notamment du développement de l’envergure du Hamas et du Jihad islamique, appuyés par l’Iran, qui continuent de constituer une menace pour les Israéliens, en raison de leur potentiel militaire qui ne cesse de les surprendre.
Dans ce contexte, le lancement à partir de Gaza il y a près d’un mois d’un missile à tête explosive, qui est tombé au nord de Tel-Aviv et qui semble avoir été fabriqué à Gaza même, a constitué un choc pour les Israéliens, lesquels estiment désormais qu’ils ne peuvent plus attendre pour régler le problème que constitue ce territoire pour eux, car le temps semble jouer en faveur du Hamas et du Jihad islamique.
Pour cette raison, toujours selon la source diplomatique arabe, Benjamin Netanyahu planifierait une nouvelle opération militaire contre Gaza qui serait le prélude de l’exécution du « deal du siècle », lequel semble prévoir la cession par l’Égypte de territoires du Sinaï aux Palestiniens. Ce qui devrait compenser, aux yeux de l’État hébreu et de ses protecteurs, l’annexion par les Israéliens de portions importantes de territoires en Cisjordanie, puisque lors de la campagne électorale, Netanyahu avait annoncé qu’il ne comptait démanteler aucune colonie israélienne installée dans ce secteur. Autrement dit, il ne devrait pas y avoir, comme l’avaient prédit certains, une annexion totale de la Cisjordanie par les Israéliens, car cela pourrait modifier en faveur des Arabes l’équilibre démographique au sein de l’entité israélienne (ce qui n’est pas le cas du Golan très peu peuplé).
Ces développements, s’ils se vérifient, pourraient être considérés comme rassurants, pour certaines parties libanaises, qui expriment leurs craintes de voir éclater une nouvelle offensive israélienne contre le Liban, en raison de la puissance affichée du Hezbollah et du refus des autorités libanaises de prendre des mesures contre lui. De toute façon, en dépit des menaces permanentes israéliennes et de plus en plus marquées américaines, la plupart des parties locales ne semblent pas privilégier le scénario d’une nouvelle attaque israélienne contre le parti chiite, en raison de la capacité de riposte de ce dernier. Mais une opération à Gaza pourrait entraîner une nouvelle vague d’exode de Palestiniens qui pourraient une fois de plus choisir le Liban comme destination. Mais c’est surtout vers le conflit entre l’administration américaine et la République islamique d’Iran que les yeux sont actuellement tournés. Surtout après la phrase prononcée par Hassan Nasrallah dans son discours d’hier : « Il existe des mesures qui, si elles sont prises par les Américains, provoqueront une forte riposte avec les atouts que possède l’axe de la résistance. »
L Iran devrait ceder aussi une partie de son immense territoire aux palestiniens qu ils aiment tant.
02 h 43, le 23 avril 2019