« L’amitié du chien est sans conteste plus vive et plus constante que celle de l’homme », écrivait Montaigne. C’est par une phrase laconique, mais qui contient en elle l’expression d’une véritable déchirure, d’une profonde meurtrissure – « Adieu mon ami le plus cher. Adieu mon compagnon le plus cher. Adieu mon chéri Oscar » –, que le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt a fait hier ses adieux sur son compte Twitter à son chien Oscar, 15 ans, décédé d’un cancer. Quand bien même ils émanent d’un homme politique maître dans l’art de la rhétorique, les mots de Walid Joumblatt ne recèlent aucune emphase, mais une douleur sincère et vive. Oscar était vraiment son compagnon le plus fidèle, et ces deux amis-là ne se lâchaient pas d’une semelle depuis que l’épouse du seigneur de Moukhtara, Nora, avait offert en 2004 le magnifique et attachant shar-pei, alors tout petit, à son mari. En quinze ans, Oscar acquit une renommée internationale, témoin des réunions les plus secrètes et les plus importantes, posant pour les photographes des plus grandes agences, accompagnant Walid Joumblatt dans les fragrances de la liberté, lors du printemps de Beyrouth de 2005, comme dans la tourmente de la violence, en mai 2008. Moins alerte au cours de ces dernières années, en raison de l’âge et de l’arthrose, il pouvait toujours compter sur l’affection et l’amour inconditionnel de son maître, qui n’hésitait pas à le porter pour l’aider à gravir quelques marches devenues insurmontables. Et comment aurait-il pu en être autrement ? Oscar ne possédait-il pas « la beauté sans la vanité, la force sans l’insolence, le courage sans la férocité et toutes les vertus de l’homme sans ses vices », pour reprendre les mots de lord Byron sur son chien ? Membre à part entière de la famille, c’est en gardien du clan Joumblatt et de ses ancêtres pour l’éternité qu’il repose désormais dans les jardins de Moukhtara.
Liban - Arrêt sur image
Le gardien du clan pour l’éternité
OLJ / le 23 mars 2019 à 00h00
commentaires (4)
Dans le fond, Joumblat est un mec bien.
Remy Martin
18 h 45, le 21 avril 2019