Paris a demandé lundi à Washington de donner des garanties à ses alliés sur son engagement envers l'OTAN, au moment où la France est sollicitée pour participer à la force internationale que les Etats-Unis veulent maintenir dans le nord-est syrien.
"Je m'inquiète personnellement de la notion selon laquelle la solidité de l'OTAN pourrait être conditionnée au fait que les alliés achètent tel ou tel équipement", a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly. "Les Européens se demandent (...) si l'engagement des Etats-Unis est pérenne".
"L'Alliance devrait être inconditionnelle, ou alors ce n'est pas une alliance. La clause de solidarité de l'OTAN s'appelle Article 5, pas l'article F-35", a ajouté la ministre française en allusion au nouvel avion furtif de l'armée américaine que les Etats-Unis voudraient voir les Européens acheter, au détriment d'appareils fabriqués en Europe.
Elle prononçait un discours à l'Atlantic Council, un centre de réflexion de la capitale américaine, avant une rencontre avec son homologue Patrick Shanahan au Pentagone, qui devait notamment être consacrée à la participation française à la force internationale destinée à éviter une résurgence du groupe Etat islamique (EI) en Syrie.
Adressant une pique au président Donald Trump sans le nommer, Mme Parly a ajouté que "quand les Européens ont entendu, en juillet dernier à l'OTAN, que si leurs dépenses militaires n'atteignaient pas 2% du PIB, les Etats-Unis +suivraient leur propre chemin+, ils n'ont pas été rassurés".
C'est à cause de cette nouvelle incertitude que les Européens "ont commencé à se préparer, au cas où", a-t-elle ajouté, en défendant l'initiative de défense européenne qui fait grincer des dents à Washington.
La ministre française s'est gardée de s'engager sur la présence de militaires français en Syrie: "Nous étudions avec attention l'offre récente des Etats-Unis de maintenir une présence résiduelle américaine, en coopération avec quelques partenaires étrangers".
Mais là encore, "pour l'instant, nous n'avons pas de certitude", a-t-elle précisé au cours d'une conférence de presse.
Questions "nombreuses"
A son arrivée au Pentagone, où elle a été reçue avec la pompe et les honneurs réservés aux invités de marque -- y compris 19 coups de canon --, Mme Parly a souligné être venue chercher des réponses "aux multiples questions" qu'elle se posait.
"Je sais qu'il y a déjà eu beaucoup de travail accompli sur cette question sensible et je suis sûre que nous progresserons pendant nos discussions", a-t-elle indiqué.
Les Etats-Unis restent vagues sur les contours de la force que M. Trump s'est laissé convaincre de maintenir en Syrie après l'élimination du dernier réduit contrôlé par l'EI dans le nord-est syrien, zone contrôlée par les alliés kurdes des Etats-Unis.
Alors que M. Trump a évoqué 200 militaires américains, le Pentagone refuse de chiffrer cette force et le chef d'état-major américain, le général Joe Dunford, a fermement démenti dimanche des informations de presse selon lesquelles il pourrait laisser jusqu'à 1.000 hommes en Syrie.
"C'est factuellement incorrect", a-t-il souligné dans un communiqué. "Il n'y a eu aucun changement dans le plan annoncé en février et nous continuons à mettre à exécution l'ordre du président de faire passer le nombre de forces américaines à une présence résiduelle".
La France considère le chiffre de 200 militaires américains comme insuffisant pour garantir la sécurité des alliés, indique-t-on dans l'entourage de Mme Parly.
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