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Yémen: les grandes puissances au chevet d'un processus de paix moribond



Martin Griffiths, émissaire de l'ONU pour le Yémen, le 11 février 2019 à Sanaa. AFP / Mohammed HUWAIS

L'ONU a apporté mercredi un soutien unanime à Martin Griffiths, son émissaire pour le Yémen, afin de sauver la trêve conclue début décembre et menacée de voler en éclats, sans toutefois avancer d'initiatives nouvelles majeures pour inverser le cours des choses.

Les principales dispositions de cet accord --redéploiement hors de ports, échanges de prisonniers, etc-- arrêté par les rebelles Houthis et le gouvernement yéménite soutenu par une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, ne sont toujours pas appliquées.

"C'est très difficile, il n'y a pas de confiance entre les parties", a souligné un ambassadeur occidental à l'issue d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité avec M. Griffiths. "Le fait que le Conseil de sécurité soit uni est déjà positif", a relevé un autre diplomate.

Peu avant la réunion, les cinq membres permanents (P5) du Conseil de sécurité --Etats-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni-- s'étaient réunis avec l'émissaire. "C'est désormais le P5 qui est à la manoeuvre" pour le Yémen, a indiqué une source diplomatique.

"Tout le monde reconnait qu'il y a du retard dans l'application des accords de décembre, y compris le Koweït" membre non permanent du Conseil et élément de la coalition arabe. "Il faut un engagement des deux parties" à appliquer l'accord de Stockholm et "c'est toujours l'histoire de bâtir la confiance entre elles", a ajouté la même source.

Dans leurs efforts pour débloquer la situation, Martin Griffiths et Michael Lollesgaard, chef d'une mission onusienne d'observation à Hodeida (ouest), sont focalisés sur cette ville portuaire par laquelle arrive la majorité de l'aide humanitaire internationale envoyée à un pays menacé par la famine, selon des diplomates.

La mission d'observation de l'ONU décidée fin 2018 doit compter à terme 75 membres mais seulement 16 ont été déployés à ce stade. Une trentaine d'observateurs supplémentaires pourrait arriver prochainement, une fois des obstacles bureaucratiques et sécuritaires levés.


"Extrêmement inquiets"

Les ambassadeurs chinois, français, russe, britannique et américain auprès du Yémen s'étaient dits mardi dans un communiqué "extrêmement inquiets de la non-application" de l'accord de Stockholm.

Outre un cessez-le-feu, que les deux parties s'accusent régulièrement de violer, les belligérants sont dans l'impasse concernant un vaste échange de prisonniers et un retrait de combattants des ports de Saleef, Ras Issa et Hodeida, afin de libérer des accès humanitaires. Ces ports sont contrôlés par les rebelles Houthis.

L'ONU n'a d'autre part guère de liberté d'utiliser les stocks de céréales de Red Sea Mills, près de Hodeida, sous contrôle du gouvernement yéménite.

Dans leur communiqué, les cinq membres permanents du Conseil demandent aux parties "de commencer immédiatement et de bonne foi à appliquer les accords sur les redéploiements de forces sans chercher à exploiter les retraits de l'autre partie".

Selon un diplomate, les rebelles Houthis craignent qu'un recul de leurs positions dans les ports ne soit utilisé par la partie adverse pour reprendre du terrain.

"Le problème des accords de décembre, c'est qu'il n'y a pas de volonté des deux côtés d'avancer. Les deux parties se sentent en position de force", a indiqué à l'AFP un spécialiste du dossier à l'ONU, sous couvert d'anonymat. "Il y a une nécessité de davantage de pressions du Conseil de sécurité", a estimé cette source.

Interrogé sur la possibilité de déployer une opération de Casques bleus dans les zones évacuées par des combattants, un diplomate a indiqué qu'aucun des membres du Conseil ne l'a proposé. "Personne n'en parle", a-t-elle dit, reconnaissant que l'application de l'accord de décembre "est bloquée". 

L'ONU a apporté mercredi un soutien unanime à Martin Griffiths, son émissaire pour le Yémen, afin de sauver la trêve conclue début décembre et menacée de voler en éclats, sans toutefois avancer d'initiatives nouvelles majeures pour inverser le cours des choses.Les principales dispositions de cet accord --redéploiement hors de ports, échanges de prisonniers, etc-- arrêté par les...