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France: 40 ans après, l'enquête sur la mort mystérieuse d'un ministre relancée

L'ancien ministre du Travail, Robert Boulin, à l’Elysée, en septembre 1979. Photo d'archive AFP / MARCEL BINH

Suicide ou assassinat politique ? Quarante ans après les faits, la justice française a affecté un deuxième juge à l'enquête sur une de ses plus grandes énigmes, la mort mystérieuse d'un ministre en exercice, Robert Boulin.

Ce deuxième juge a été désigné "début 2019" à la suite d'une demande faite le 9 novembre 2018, a indiqué vendredi à l'AFP Marie Dosé, l'avocate de la famille.

En 2015, la famille de Robert Boulin, ancien ministre des présidents Charles de Gaulle, Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing (droite), avait obtenu l'ouverture d'une nouvelle instruction après un non-lieu rendu en 1991 dans cette affaire dans laquelle subsistent de nombreuses zones d'ombre.

Robert Boulin avait été retrouvé mort le 30 octobre 1979, dans 50 cm d'eau, dans un étang d'une forêt de la lointaine banlieue de Paris.

Alors ministre du Travail, il avait occupé de nombreux portefeuilles ministériels à tel point qu'en 1979, à 59 ans, sa popularité nourrit des rumeurs qui le désignent comme un futur Premier ministre. Jusqu'à ce qu'à l'automne, son nom apparaisse dans la presse, qui fait ses choux gras de "l'affaire Ramatuelle", du nom d'une ville de la Côte d'Azur où il aurait acquis un terrain dans des conditions douteuses.

Le 29 octobre, il dépose des dossiers confidentiels dans son appartement de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, puis part pour une destination inconnue. Il est retrouvé mort le lendemain.

Selon la version officielle de l'époque, il s'est suicidé en ingérant des barbituriques. Des médias et différentes personnalités ont d'ailleurs reçu des lettres, signées de sa main, où il semble faire ses adieux.

Estimant que des éléments infirment la thèse du suicide, la famille porte cependant plainte pour homicide volontaire en 1983, entrainant l'ouverture d'une enquête.

Une deuxième autopsie révèle notamment deux fractures au visage, non relevées en 1979. L'analyse des poumons du défunt s'avère impossible, plusieurs organes censés avoir été conservés à l'Institut médico-légal ayant disparu en cours d'enquête.

En 1991, un non-lieu est prononcé.

"Une affaire en souffrance" 

Convaincue que son père a été assassiné parce qu'il disposait d'informations sur un financement occulte de sa famille politique, Fabienne Boulin demande la réouverture de l'enquête mais le parquet général de Paris répond négativement en 2007, puis en 2010.

Le procureur suggère cependant d'engager une nouvelle procédure afin de permettre une "nouvelle orientation de l'enquête".

En 2015, Fabienne Boulin dépose une nouvelle plainte et une instruction pour "arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat" est ouverte.

Depuis, au moins deux témoins qui remettent en cause la thèse du suicide ont été entendus par la juge.

Le médecin urgentiste arrivé le premier sur les lieux a affirmé que la position du corps ne correspond pas à celle d'une personne noyée par suicide.

Un autre témoin a indiqué avoir croisé Robert Boulin le jour de sa mort à bord d'une voiture. Selon lui, l'ancien ministre occupait la place du passager et était accompagné de deux hommes.

Vendredi, un médecin-légiste, qui avait procédé à la deuxième autopsie du corps, doit être entendu, à indiqué à l'AFP Fabienne Boulin.

Des archives non classifiées ont par ailleurs été récemment mises à disposition par la préfecture de la police.

"Cela fait 40 ans que j'attends que la vérité sur l'assassinat de mon père soit faite", résume vendredi Mme Boulin, qui estime que l'instruction n'avance pas assez vite. "On a une perte de chance colossale", dit-elle.

"C'est une affaire en souffrance", ajoute son avocate, Marie Dosé. "La lenteur des investigations menées dans un dossier comme celui-là est extrêmement préjudiciable", dit-elle, soulignant que les témoins encore vivants sont très âgés.

La nomination d'un deuxième juge a été saluée par Mme Boulin qui souligne "l'urgence" à entendre certains témoins mais aussi à réaliser une reconstitution sur place.

Elle demande par ailleurs la constitution d'un collège d'experts médico-légaux pour éplucher les autopsies, et l'exploitation des archives mises à disposition.

Suicide ou assassinat politique ? Quarante ans après les faits, la justice française a affecté un deuxième juge à l'enquête sur une de ses plus grandes énigmes, la mort mystérieuse d'un ministre en exercice, Robert Boulin. Ce deuxième juge a été désigné "début 2019" à la suite d'une demande faite le 9 novembre 2018, a indiqué vendredi à l'AFP Marie Dosé, l'avocate de la ...