Moscou hôte d'une rencontre entre talibans et membres de l'opposition afghane

Les talibans ont indiqué dimanche qu'ils rencontreraient la semaine prochaine à Moscou des membres de l'opposition afghane, dans ce qui apparaît comme le premier dialogue intra-afghan, une semaine seulement après des pourparlers de paix menés avec les Etats-Unis.

La délégation afghane sera composée des principaux rivaux politiques du président Ashraf Ghani, qui s'est plaint que son gouvernement soit écarté des discussions menées depuis l'été entre Washington et les talibans.

Aucune institution gouvernementale afghane chargée des négociations de paix avec le groupe insurgé ne participera aux réunions prévues sur deux jours à partir de mardi à l'hôtel Président de Moscou, ce qui laisse entrevoir des dissensions au sein de la sphère politique à Kaboul.

Amrullah Saleh, qui se présente sur la liste de M. Ghani pour les élections présidentielles du 20 juillet prochain, a dénoncé "une supplique adressée aux terroristes". "Un sourire à l'ennemi est un coup porté à l'esprit national", a-t-il posté dimanche sur sa page Facebook.

Parmi les membres de l'opposition dont la présence a été confirmée à Moscou figurent Haneef Atmar, un des principaux rivaux de M. Ghani à la présidentielle, ainsi que d'autres opposants au président actuel: l'ancien seigneur de guerre Atta Muhammad Noor et l'ancien président afghan Hamid Karzaï.

M. Noor a décrit dimanche ces rencontres de Moscou comme "une voie vers le renforcement des efforts de paix menés par les Etats-Unis" tandis que M. Atmar a déclaré qu'il s'agissait "d'un pas important vers des pourparlers de paix intra-afghans".

Un haut responsable taliban a confirmé dimanche auprès de l'AFP l'envoi d'une délégation et a décrit cette réunion comme étant apolitique et "organisée par certaines organisations basées à Moscou".

L'ambassade de Russie à Kaboul a indiqué que les invités sont des "personnalités influentes", dans un communiqué diffusé au nom de la "Société afghane de Russie", qui se dit prête "à jouer un rôle dans l'instauration de la paix en Afghanistan".

Le rôle joué par la Russie dans l'organisation de cette rencontre n'est pas clair et l'ambassade de Russie à Kaboul n'a pu être jointe dimanche.

Début novembre autour du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, une rencontre internationale sur l'Afghanistan avait réuni une délégation talibane et le Haut conseil pour la paix, un organisme gouvernemental afghan. Mais les deux parties ne s'étaient pas parlé, les talibans estimant que le gouvernement n'était pas "légitime".

Etats-unis et talibans doivent tenir une nouvelle série de pourparlers de paix fin février à Doha, après six jours fin janvier au Qatar où les deux parties ont fait état de "progrès".

L'émissaire américain pour la paix en Afghanistan Zalmay Khalilzad a annoncé qu'une "ébauche d'accord" avait été conclue mais a averti qu'il restait "encore du travail à accomplir".