L'Iran libère une démographe accusée d'espionnage

Les autorités iraniennes ont libéré une spécialiste iranienne de la démographie arrêtée en décembre à Téhéran après avoir été accusée de travailler avec des "réseaux d'espionnage" étrangers, a indiqué dimanche son avocat, cité par l'agence de presse officielle Irna.

"Le tribunal m'a dit ce matin que Mme Meimanat Hosseini Chavoshi avait été libérée il y a quelques jours", a déclaré son avocat Mahmood Behzadi.

Début décembre, Mme Chavoshi avait été accusée par un quotidien ultraconservateur de travailler avec des réseaux d'espionnage étrangers pour infiltrer les institutions gouvernementales, mais les charges à son encontre n'ont jamais été officiellement annoncées.

Il n'a pas été immédiatement possible de savoir si un procès avait eu lieu ou si les charges avaient été abandonnées sans procès.

Professeure à l'université de Melbourne (Australie), au sein du département sur la démographie et la santé mondiale, Mme Chavoshi a mené des recherches sur la fertilité en Iran et les politiques de planification familiale.

Elle avait été invitée par le ministère iranien du Travail et des Affaires sociales à une conférence à Téhéran sur le vieillissement de la population. Ancienne employée du ministère iranien de la Santé, elle avait été arrêtée alors qu'elle était sur le point de quitter le pays après la conférence.

A l'époque de son arrestation, le quotidien ultraconservateur Kayhan avait rapporté l'arrestation de plusieurs "activistes (spécialistes de la démographie)" qui selon lui avaient pris "pour prétexte des activités scientifiques" et "infiltré les institutions gouvernementales".

Les personnes arrêtées ont déformé les statistiques et transmis des informations confidentielles aux ennemis de l'Iran dans le but d'une "invasion culturelle et sociale", avait assuré le quotidien.

L'Iran, qui a encouragé pendant plus de deux décennies le contrôle des naissances, s'inquiète désormais de la chute du taux de croissance de sa population, très légèrement au-dessus de 1% en 2017 selon la Banque mondiale.

Les femmes iraniennes, qui avaient en moyenne sept enfants dans les années 1980, n'en ont plus que 1,66 en 2016, d'après la même source.

Il s'agit de la "plus rapide chute de fertilité jamais enregistrée" dans le monde, avait affirmé Mme Chavoshi dans un livre publié en 2009.

Selon Khayan, les ennemis de l'Iran utilisent des spécialistes de la démographie afin de contrer les efforts pour relancer le taux de natalité.