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Nos Lecteurs ont la Parole - Louis INGEA

Lettre ouverte... Contre vents et marées !

Je crains, cher lecteur, que mon propos de ce jour ne soit aussi inutile que tout ce qui s’écrit en ce moment sur l’indigence de ce malheureux pays nommé Liban.

Je viens de parcourir des yeux l’un des derniers spécimens du genre, intitulé La faute aux coutumes, paru en éditorial dans notre unique quotidien francophone. Lequel s’interroge sur le comment et le pourquoi de notre incapacité à gérer la chose publique. « Vieillesse de la machine gouvernementale ou incompétence de ses cheminots », se demande-t-on. Et l’on ajoute : « Constitution dysfonctionnelle ou interprétation fausse des textes ? »

À cela, il y a, certes, une réponse. Car c’est bien de tous ces manquements à la fois qu’il s’agit : un comportement en continu et à répétition depuis la promulgation de notre boiteuse Constitution, mauvaise copie de celle d’une république colonialiste, imposée à nous à partir de 1925.

Je ne fais pas encore allusion à la corruption rampante qui s’est emparée du pays d’une décennie à l’autre depuis lors. Les responsables locaux, censés prendre en main nos destinées nationales, se révèlent être, en définitive, à l’image de notre population et de sa timide culture… Si tant est que culture il y a !

Alors pourquoi nous lamenter de la médiocrité de leur gestion ? Ces dirigeants-là ne nous ont pas été parachutés depuis la Chine ou la Stratosphère. Il sont bien les fils de notre montagne prétendûment fière et « pure comme le lait et le miel ».

Acceptons plutôt l’évidence et ayons la lucidité de la reconnaître telle qu’elle est. N’oublions pas, en outre, que les peuples du Moyen-Orient ont toujours été, pour leur malheur et le nôtre, incapables de pragmatisme et qu’ils l’ont prouvé tout au long de leur histoire depuis que les grandes valeurs telles que la culture et la religion, nées pourtant sur leurs rivages, n’auront réussi à s’épanouir qu’en s’exportant dans le reste du monde. Regrettable phénomène ou malédiction ? Peu importe, les faits sont là !

Si le régime de ce pays y a survécu pendant un siècle en naviguant sur les flots glauques de la ruse et de l’hypocrisie, c’est tout simplement parce que, par un juste retour des choses ou peut-être par le hasard de notre position géographique à la charnière de deux continents également tentaculaires et omnivores, il y eut sur nos mœurs un impact d’influences autant sociales que culturelles. Ce qui, fort heureusement, aura contribué à lubrifier les incohérences établies. Nous avons même bénéficié d’enseignements divers, de langues variées et de coutumes diversifiées. Sauf que le fol accroissement démographique, les invasions des pays avoisinants et le poids insoutenable d’un Orient sclérosé par un patrimoine monolithique aura fini par noyer dans la gangue toutes nos possibilités d’ouverture, empêchant de la sorte un équilibre nécessaire pour la gouvernance rationnelle d’une société complexe telle que la nôtre.

Ce constat nous montre sans complaisance que la majorité tant mahométane que judéo-chrétienne est restée d’Orient alors qu’une minorité agissante et désireuse de progrès doit se rendre compte, à son grand désarroi, qu’elle n’est en fait ni d’Orient ni d’Occident.

Voilà pourquoi il ne faut pas s’indigner de l’état de délabrement de nos institutions par rapport à une société encore immature. Les choses étant ce qu’elles sont, et la désespérance ayant atteint aujourd’hui son apogée, il ne reste aux rares bien-pensants que la perspective d’un rêve sans doute irréalisable : celui d’envoyer le fameux « destour » de 1925 rejoindre les déchets accumulés à Dora-sur-mer…

Ce qu’il nous faudrait, en réalité, ce ne sont ni des manifestations stériles dans la rue ni quelque révolution, impossible à mener, vu la mosaïque ambiante, mais tout bonnement une refonte totale, une réécriture osée pour une Constitution libanaise décente et adaptée à l’étroitesse de nos horizons et de notre territoire.

Ce n’est, certes, pas au citoyen lambda que je suis d’en dicter les termes ou le genre. Mais il est urgent de voir surgir au plus tôt la formation d’un comité national de sauvetage de la patrie afin d’aboutir, pourquoi pas, à une réforme de base absolument radicale. Et cela pour essayer de juguler les effets de la corruption généralisée des serviteurs de l’État en même temps que les réactions imbéciles du sectarisme confessionnel de tous bords qui nous étouffent. Je proposerais donc, sans complexe, le projet inouï suivant :

1 – Placer à la tête de l’État un seul et unique personnage élu au suffrage universel pour un mandat de cinq années absolument non renouvelables quelles que soient les circonstances.

2 – Répartir la charge de ce poste présidentiel « à tour de rôle » entre les six principaux groupements confessionnels composant le Liban : sunnites, chiites, druzes, catholiques, orthodoxes et diverses minorités. Chose qui ne laisserait à chacune de nos communautés que la possibilité de détenir le pouvoir, une seule fois tous les trente ans. Dans pareilles conditions de régime ultraprésidentiel, plus besoin d’un Premier ministre ni surtout d’un nombre de députés supérieur à soixante, chapeautés par une douzaine de ministres désignés exclusivement par le président en exercice. Plus qu’il n’en faut pour un pays lilliputien.

Que de crises à tous les niveaux nous seraient alors épargnées, sans parler du fait d’économiser la moitié des fuites financières dont pâtit le citoyen. La continuité politique qu’impliquent les lois promulguées entre-temps garantirait, par ailleurs, le suivi rassurant d’une réforme taillée sur mesure.

Quant au reste des dispositions étatiques, laissons-en le soin aux compétences des nombreux juristes que compte le pays.

Voilà ! Hors de cet axe de pensée, franchement, point de salut ! C’est pourquoi je m’arrête de rêver tout en souhaitant que ce texte, sur le point de s’envoler en fumée, puisse éparpiller à tout le moins quelques brûlantes flammèches sur les consciences enfin réveillées de qui de droit.


Je crains, cher lecteur, que mon propos de ce jour ne soit aussi inutile que tout ce qui s’écrit en ce moment sur l’indigence de ce malheureux pays nommé Liban.Je viens de parcourir des yeux l’un des derniers spécimens du genre, intitulé La faute aux coutumes, paru en éditorial dans notre unique quotidien francophone. Lequel s’interroge sur le comment et le pourquoi de notre...

commentaires (3)

PRIERE LIRE COMMENT FONCTIONNE LE BORDEL ETC... MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 42, le 18 janvier 2019

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Commentaires (3)

  • PRIERE LIRE COMMENT FONCTIONNE LE BORDEL ETC... MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 42, le 18 janvier 2019

  • IL NE FAUT PAS TROP D,INTELLIGENCE POUR SAVOIR COMMENT FONCTIONNENT LE BORDEL ! LES MEMES PATRONS LE DIRIGENT DE GRANDS PERES A PERES PUIS A FILS, PETITS FILS, GENDRES ET PARENTS... VOILA OU NOUS EN SOMMES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 55, le 18 janvier 2019

  • CERCLE VICIEUX dans lequel nous continuerons a nager jusqu'a ce que- Miracle- quelque chose ET quelqu'un sauront resoudre LE SEUL PROBLEME a l'origine de tous nos maux : LA SOUSCRIPTION DES LIBANAIS(pour etre PRECIS, des politiciens libanais) a une seule vision du Liban - nul besoin de blablater, tous savons de koi il s'agit). sans quoi RIEN de salutaire ne peut se faire . aussi,par la suite, le libanais doit Rapprendre a avoir Peur Peur des sanctions lors de la non application de la loi, meme la plus infime. sans quoi le civisme lui sera toujours etranger. la civilisation moderne n'est pas innee dans l'esprit des gens, elle a ete a la fois une evolution spirituelle naturelle ET Forcee . 1 ptit ex: un suisse au volant au liban se permet toutes les libertes jamais revees chez lui.

    Gaby SIOUFI

    12 h 03, le 18 janvier 2019

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