Rechercher
Rechercher

Dernières Infos

La Cour suprême canadienne force Vice Media à révéler ses sources

La Cour suprême canadienne a ordonné vendredi à un journaliste de Vice Media Canada de révéler ses sources à la police fédérale dans un dossier sensible portant sur un jihadiste présumé, au grand dam des organisations de presse.

Le plus haut tribunal canadien, dans une décision unanime consultée par l'AFP, a estimé que "l'intérêt de l'Etat à obtenir les messages" entre le reporter et ses sources "l'emport(ait) sur le préjudice causé aux droits de Vice Media". Vice Media Canada contestait devant la Cour suprême l'obligation faite à son journaliste Ben Makuch de révéler le contenu de ses conversations électroniques avec Farah Shirdon, un Canadien soupçonné d'avoir rejoint le groupe extrémiste armé Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak en 2014.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) réclamait les captures d'écran des conversations que le journaliste a eues avec le jihadiste présumé, une demande validée en première instance au motif que ces éléments pourraient permettre à la police de mener à bien son enquête.

Originaire de Calgary (ouest), ce jihadiste canadien aurait, selon l'armée américaine, perdu la vie dans une frappe aérienne en 2015. "C'est un jour noir pour la liberté de la presse", s'est indigné après le jugement la rédaction de Vice, média américain né à Montréal dans les années 1990. "Nous ressentons une profonde déception, notre société a échoué à reconnaître l'importance d'une presse libre et indépendante", a déploré Vice. "Le journalisme, qui est attaqué partout à travers la planète, doit être libre de toute intervention étatique".

La Cour suprême, tout en déboutant Vice, a reconnu que la loi canadienne devait être améliorée pour mieux protéger les journalistes. "La Cour a statué qu'il faut établir un équilibre entre le droit à la vie privée du média contre lequel une ordonnance est demandée, d'une part, et l'intérêt de l'Etat à enquêter sur les crimes, d'autre part", écrivent les neuf magistrats.

Les juges recommandent d'adopter une nouvelle loi qui "tiendrait compte explicitement du droit de la presse d'être à l'abri des fouilles, des perquisitions et des saisies abusives ainsi que de son droit d'être protégée contre toute ingérence indue dans ses activités légitimes de collecte d'informations".

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Stéphane Giroux, s'est déclaré "amèrement déçu", tandis que Reporters sans frontières (RSF) s'est alarmée d'une décision qui "compromet dangereusement l'indépendance des journalistes".

La Cour suprême canadienne a ordonné vendredi à un journaliste de Vice Media Canada de révéler ses sources à la police fédérale dans un dossier sensible portant sur un jihadiste présumé, au grand dam des organisations de presse.Le plus haut tribunal canadien, dans une décision unanime consultée par l'AFP, a estimé que "l'intérêt de l'Etat à obtenir les messages" entre le reporter...