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Culture - Rencontre

Cheriff Tabet a choisi son camp/combat : le beau

C’est avec une réelle ferveur et une sérénité enthousiaste à toujours aller plus loin que l’ancien publicitaire se place désormais parmi les galeristes incontournables au Liban.

Cheriff Tabet.

Après des études à l’AUB en communication et journalisme, une longue carrière dans le monde de la publicité au Liban et dans les pays arabes, et l’âge de la retraite arrivant, Cheriff Tabet se devait de rester actif, peut-être pour échapper à un quotidien absurde. Pour avoir été d’abord fils de, frère de ou époux de, il est entré dans l’art par la porte familiale. « J’ai toujours été bien entouré, reconnaît le galeriste, j’ai une famille qui a toujours baigné dans l’art grâce à mon père, le peintre Samir Tabet. » Ayant été porté par sa passion de collectionneur à l’œil aiguisé et aguerri, c’est naturellement que la vie le conduit vers le choix d’un nouveau métier. Aujourd’hui, il conjugue au goût d’entreprendre un regard éclairé sur l’art actuel.

« Pour ce qu’ils sont... »

Tout vient à point pour sait qui attendre. Quand l’opportunité s’est présentée de trouver un espace à la mesure de son ambition, il n’a pas résisté et s’est lancé. Il sait que la route est longue, mais il a choisi de faire ce qu’il a toujours aimé : côtoyer le beau. « Je n’ai pas choisi le meilleur moment compte tenu de la situation économique, mais j’ai choisi mon camp. » Celui de son espace, de son champ de diffusion et de ses rencontres. Cheriff Tabet s’est rapidement acclimaté et épanoui dans le marché de l’art. Ce n’est pas sans investir une dépense d’énergie intense et soutenue, et, à l’en croire, un réel attachement aux artistes qu’il représente, soutient et vend. Le métier de galeriste est avant tout une curiosité pour l’invisible et l’indicible ; une quête continue, un « pont entre l’art et la société ».

Voyageur effréné, c’est au fil de ses pérégrinations qu’il trouve une partie de ses réponses. Passer des heures à parcourir les villes pour regarder les artistes dans la rue, traverser le seuil des galeries ou rencontrer les artistes dans leurs ateliers restent ses moments préférés. Le galeriste ne renonce jamais à faire entrer de nouveaux talents, dans l’espoir de leur tendre une échelle pour fendre les nuages. Ce métier est à la fois une expérience et une responsabilité. « Un bon galeriste aide les artistes dans le développement de leur carrière, nous sommes des accompagnateurs. » Et si les galeries sont par leur nombre des actrices économiques importantes du marché, elles restent avant tout les premiers partenaires des artistes.

Tabet mène sa barque en réfléchissant constamment à l’évolution artistique et avec le désir de communiquer à la jeunesse le savoir et la fonction de l’œuvre d’art. En tant que galeriste, il ne pose pas d’exigences aux artistes qu’il défend : « Je les choisis pour ce qu’ils font, pour ce qu’ils sont. Je m’accorde néanmoins le droit de choisir les œuvres que j’expose. Nous travaillons en confiance. J’essaye d’ailleurs de présenter une large gamme de prix pour que chacun puisse trouver son bonheur. » Une bonne journée pour lui, c’est quand il voit briller les yeux d’un visiteur et quand il lui propose, avec l’artiste, une part de rêve. « Notre rôle consiste à construire une carrière et donc à aider les artistes dans leur cheminement », précise-t-il. Pour avoir toujours eu le sens des affaires et avoir toujours su bien les mener, Cheriff Tabet avoue : « Ce nouveau métier me passionne, la galerie m’a fait bouger d’un monde d’affaires à un monde de beauté, les artistes sont des personnes qui souffrent et qui se battent. Et mon devoir est d’adhérer à ce combat. »

Elles et lui

Dans sa galerie inaugurée le 7 novembre 2017, Cheriff Tabet célèbre un an de pur bonheur en mettant sept femmes libanaises à l’honneur. Deux fois dans l’équation, le chiffre sept se révélera peut-être prémonitoire. Pour célébrer le culte d’Apollon, dieu grec des arts, ne choisissait-on pas le septième jour du mois ? Joyce Khoury Hélou, Soukayna Hawila, Maria Arida, Roula Bazergi, Lola Saab, Joëlle Berbérian et Britta Depping Rafie possèdent toutes en commun une certaine humilité, une appréhension à se dévoiler au public et une inquiétude à escalader les cimaises. Le galeriste a été le moteur et l’heureux initiateur.

Pour certaines, c’est le désir de créer, l’amour de la nature, des couleurs ; pour d’autres, le plaisir de se retrouver seule face à une toile ou d’honorer des gènes artistiques. Voilà ce qui a poussé ces femmes à traverser le seuil de la galerie sous le regard bienveillant du galeriste. Déambuler face à leurs œuvres, c’est honorer leur courage et leur talent naissant, c’est aussi se dire que tout commence forcément quelque part et, pourquoi pas, sur les cimaises d’une galerie qui croit en leur combat et qui leur a ouvert grands les bras.

*« L’artiste en elle », galerie Cheriff Tabet, 01/253664, jusqu’au 7 décembre 2018

Après des études à l’AUB en communication et journalisme, une longue carrière dans le monde de la publicité au Liban et dans les pays arabes, et l’âge de la retraite arrivant, Cheriff Tabet se devait de rester actif, peut-être pour échapper à un quotidien absurde. Pour avoir été d’abord fils de, frère de ou époux de, il est entré dans l’art par la porte familiale....

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