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Liban

Affaire Khashoggi : « La décision de la justice saoudienne va dans le bon sens », affirme Hariri

Mohammed al-Shaikh/AFP

Le Premier ministre désigné Saad Hariri a déclaré hier que la décision de la justice saoudienne, qui a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés pour leur rôle dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre, allait « dans le bon sens ».

« La décision de la justice saoudienne contre les accusés du meurtre de Jamal Khashoggi va dans le bon sens pour établir les principes de la justice et couper court aux tentatives de politisation et aux campagnes contre le royaume » saoudien, a écrit M. Hariri sur son compte Twitter.

De son côté, le mufti de la République, Abdellatif Deriane, a estimé que l’action de la justice saoudienne contre les cinq accusés devait mettre un terme aux « campagnes de politisation et aux surenchères médiatiques pernicieuses ».

« Nous nous tenons aux côtés du royaume face à toutes les campagnes immorales et malveillantes, d’autant que les mesures judiciaires montrent que la justice contre les accusés est en marche. Cette affaire a fait ressortir le meilleur et le pire et l’opportunisme de certains États », a-t-il ajouté, soulignant que « ceux qui surenchérissent contre le royaume provoquent un milliard de musulmans ».

« L’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi (…) constitue un acte barbare totalement inacceptable. Cependant, l’exploitation de ce crime à des fins qui n’ont rien à voir avec le crime lui-même, dans une tentative de cerner de toutes parts l’Arabie saoudite, est inacceptable », a affirmé pour sa part le président des Forces libanaises, Samir Geagea, dans un communiqué.

« Nous condamnons le fait que ce meurtre soit exploité pour torpiller le rôle que joue l’Arabie saoudite, surtout au cours des dernières années. Si l’Arabie ne s’était pas tenue aux côtés de plusieurs pays arabes et de bien de causes arabes justes, la face du Moyen-Orient tout entier aurait changé », a-t-il poursuivi.

« Ceux qui sont soucieux de combattre le crime dans le monde devraient aider la justice dans son action visant à révéler tous les dessous de ce crime atroce, pas l’utiliser comme prétexte pour aboutir à des fins qui n’ont rien à voir avec Jamal Khashoggi, a conclu M. Geagea.

L’affaire Hariri dans « Le Monde »

Dans un long article publié hier, Le Monde a mis de son côté en relation le meurtre de M. Khashoggi et l’épisode de la séquestration de Saad Hariri à Riyad l’année dernière, qui l’aurait préfigurée, et qui aurait été organisé par le prince héritier saoudien Mohammad ben Salman, selon le journaliste Benjamin Barthe.

Selon cet article publié dans les pages du Monde, basé sur des témoignages anonymes auprès d’une dizaine de sources libanaises et étrangères, « Saad Hariri a bel et bien été l’otage du prince héritier. Convoqué à Riyad, malmené, forcé à démissionner, le leader sunnite n’avait pu retrouver son poste et sa liberté que grâce au sursaut d’orgueil de la classe politique libanaise et au forcing des capitales occidentales, notamment Paris. Le plan a été conçu par MBS comme une manière de regagner du terrain face à l’Iran ». Selon Benjamin Barthe, cette affaire est « révélatrice de l’hubris et de l’amateurisme du quasi-régent de Riyad ».

Selon un diplomate occidental cité dans l’article, « l’idée de MBS consistait à dresser deux fous l’un contre l’autre, Hassan Nasrallah d’un côté et Baha’ Hariri de l’autre, le frère aîné de Saad, qui a tenté de prendre son poste. Le prince héritier était prêt à déclencher une sorte de guerre civile entre sunnites et chiites pour obliger le Hezbollah à se désinvestir du Yémen ».

L’article raconte comment Saad Hariri, que MBS a convié à participer à un pique-nique dans le désert, a été séparé de son escorte personnelle puis introduit dans une pièce où trois fidèles du prince héritier l’attendaient : Thamer al-Sabhane, le gestionnaire du dossier libanais à la cour, Walid Yaacoub, son adjoint, et Saoud al-Kahtani, le conseiller de MBS, tous de farouche adversaires du Hezbollah.

Selon l’article, c’est M. Kahtani qui « supervise l’interrogatoire du trop conciliant Saad ». Selon une source citée par Le Monde, M. Hariri a été « secoué ». « Il n’y a pas eu de violence physique, mais les Saoudiens ont été brutaux et l’ont insulté. Dans leur esprit, ils ne parlaient pas avec le Premier ministre du Liban, mais avec un membre de leur tribu, dont l’Arabie a fait la fortune. »

« Pour les putschistes saoudiens, l’alternative à Saad Hariri ne pouvait être que son frère aîné Baha’. Toutes les figures du clan sont priées les unes après les autres de se rendre à Riyad. Objectif : réunir un conseil de famille qui propulserait Baha’ à la tête du gouvernement libanais. Mais aucune n’a accepté de se déplacer (...) À partir de là, les sbires de MBS enchaînent les revers, signe de leur totale impréparation », ajoute l’article.

Nouvelles poursuites contre « ad-Diyar »

Sur un tout autre plan, de nouvelles poursuites ont été engagées hier par le procureur général près la Cour de cassation, le juge Samir Hammoud, contre le quotidien ad-Diyar suite à un article paru dans son édition du 18 novembre sous le titre : « Pourquoi Boukhari (l’ambassadeur saoudien) a mis en place une aile spéciale pour les femmes et boit le vin français le plus cher ? », et la manchette de l’édition d’hier, qui titrait : « Boukhari est dérangé par le clocher de l’église chrétienne voisine et demande qu’il cesse de sonner (…) » Le quotidien s’est par ailleurs attiré une réponse du ministère des Affaires étrangères suite à cette manchette. Le palais Bustros a indiqué dans un communiqué que le diplomate saoudien, contacté à ce sujet, avait totalement démenti l’information, la qualifiant d’ « intox ».

Le 1er novembre, le procureur Hammoud avait déjà engagé des poursuites contre le rédacteur en chef du quotidien, Charles Ayoub, au lendemain d’un article dans lequel le journal insultait, dans des termes particulièrement virulents, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane au sujet de l’affaire Khashoggi et du conflit au Yémen.

Le Premier ministre désigné Saad Hariri a déclaré hier que la décision de la justice saoudienne, qui a requis jeudi la peine de mort contre cinq accusés pour leur rôle dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul le 2 octobre, allait « dans le bon sens ».« La décision de la justice saoudienne contre les accusés du meurtre de Jamal...

commentaires (3)

Désormais on parlera du syndrome de MBS avec en toile de fond le fantôme de Kashoggi. Bouhouuu...

Tina Chamoun

20 h 23, le 18 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • Désormais on parlera du syndrome de MBS avec en toile de fond le fantôme de Kashoggi. Bouhouuu...

    Tina Chamoun

    20 h 23, le 18 novembre 2018

  • J'avais réagi à cette déclaration de Saad et de celle de walid ben talal qui disaient tous les 2 la même chose à savoir que leur relation avec le " puissant" prince héritier tortionnaire charcutier était plus forte aujourd'hui après et malgré leur torture. On ne m'avait pas publié, mais je repeterai que comment pourront ils dire autre chose quand ils ont vu le sort du pauvre Khashoggi. NO OPTIONS.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 18, le 17 novembre 2018

  • Interessant de constater que personne n’a commente cet article. Doit on en conclure que : Qui ne dit rien approuve Ou desapprouve ? A bon entendeur.

    Cadige William

    14 h 31, le 17 novembre 2018

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