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Liban - Les échos de l’agora

Vers une crise de régime et de système ?

Samedi 10 novembre 2018, Salon du livre francophone de Beyrouth. Un hommage est organisé à la mémoire de Michel Chiha dont un ensemble d’extraits de ses œuvres vient d’être publié par L’Orient-Le Jour. Prenant la parole en premier, et ne mâchant pas ses mots, le ministre de l’Éducation Marwan Hamadé dit : « Ce que nous vivons n’est pas seulement une crise de gouvernement. Le Liban risque de glisser vers une crise de régime, voire une crise de système. »

Il ne croyait pas si bien dire. À la sortie de cette cérémonie, nous sommes allés écouter le discours, d’une violence inouïe, de Hassan Nasrallah. Il nous était difficile de croire que nous n’étions pas au beau milieu d’un cauchemar qui dure depuis de longues années ; plus particulièrement depuis l’assassinat de Rafic Hariri en 2005, qui inaugura la période, non encore close, de la stratégie iranienne du « coup d’État permanent » que le Hezbollah et ses associés libanais pratiquent. Samedi soir, le fruit étant arrivé à maturité, Hassan Nasrallah a donc enlevé le masque et proclamé son pronunciamiento. Sans ménagement, il a intimé l’ordre à toute la classe politique, à tout pouvoir, à toute autorité, à toute notabilité communautaire de n’opposer aucune résistance à sa volonté ferme de voir une des personnalités du groupe des « sunnites du Hezbollah » bénéficier d’un portefeuille ministériel pris sur la part du Premier ministre Saad Hariri. On peut difficilement être plus clair.

Hassan Nasrallah n’a cure de l’intérêt supérieur du Liban au bord de la faillite et de l’implosion. Hélas, il n’est pas le seul à se moquer du bien-être de tout un chacun. Les gouvernants actuels ne sont pas dans de meilleures dispositions à l’égard du citoyen. Ils ne sont préoccupés que par leur seul intérêt personnel, à l’exemple de leurs prédécesseurs de 1952 que dénonçait en son temps Georges Naccache, les traitant de système de filouterie.

Aujourd’hui, il n’y a plus aucune marge de manœuvre laissée aux artisans de la filouterie politique libanaise actuelle. Hassan Nasrallah l’a bien fait comprendre. Il a levé son index menaçant en leur disant en substance : « Ne m’obligez pas à exiger 10 portefeuilles pour la communauté chiite. » Étrange mise en demeure qui nous fait entrer dans une crise de régime avant la crise de système.

Dix ministres chiites ? Cela implique de mettre fin au régime bipartite « chrétiens-musulmans » né des accords de Taëf, en vue d’instaurer un régime tripartite « chiites-sunnites-chrétiens » que reflète le slogan mortel « armée-peuple-résistance ».

L’allié chrétien du Hezbollah a-t-il les moyens de résister à une telle éventualité ? Le peuple libanais possède-t-il encore l’énergie nécessaire pour se révolter et en finir de l’occupation iranienne comme il avait mis fin à l’occupation israélienne et à l’occupation syrienne ?

La crise majeure qui s’annonce en cette fin d’année est la plus difficile que l’État libanais connaît depuis sa naissance. Une révolution citoyenne est-elle encore envisageable afin de sauver ce qui peut encore l’être ? En tout cas, cette révolution est en marche, du moins dans les esprits qui ne souhaitent pas que le 1er septembre 2020 soit l’occasion de la célébration des funérailles du Grand Liban, né le 1er septembre 1920.

Samedi 10 novembre 2018, Salon du livre francophone de Beyrouth. Un hommage est organisé à la mémoire de Michel Chiha dont un ensemble d’extraits de ses œuvres vient d’être publié par L’Orient-Le Jour. Prenant la parole en premier, et ne mâchant pas ses mots, le ministre de l’Éducation Marwan Hamadé dit : « Ce que nous vivons n’est pas seulement une crise de...

commentaires (4)

Je pense qu'une lecture moins alarmante est possible aussi. Le Sayyed est très charismatique. Je ne sais pas quelle société de communications le conseille mais ils sont très forts !!! En face de lui des politiques qui détestent à mort leurs concurrents communautaires, ce qui neutralisent toutes les autres forces. Les sunnites comme les maronites sont divisés, donc dans un Gouvernement d'Union Nationale, tout le monde devrait être présent. Il faut préserver Taëf coûte que coûte. Le Président Martyr Rafic Hariri a murmuré à l'oreille du Roi Fahed pour qu'ils disent aux libanais à Taëf dès que vous serez 50/50 arrêtez de compter !!!! Oublions les armes du Hezb à l'intérieur du pays, leurs usage est impossible contre l'Etat et contre les autres communautés. Bien sur qu'il craint les faillites puisque sa communauté a un poids énorme dans l'économie et dans les dépôts bancaires.

Shou fi

20 h 03, le 12 novembre 2018

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Commentaires (4)

  • Je pense qu'une lecture moins alarmante est possible aussi. Le Sayyed est très charismatique. Je ne sais pas quelle société de communications le conseille mais ils sont très forts !!! En face de lui des politiques qui détestent à mort leurs concurrents communautaires, ce qui neutralisent toutes les autres forces. Les sunnites comme les maronites sont divisés, donc dans un Gouvernement d'Union Nationale, tout le monde devrait être présent. Il faut préserver Taëf coûte que coûte. Le Président Martyr Rafic Hariri a murmuré à l'oreille du Roi Fahed pour qu'ils disent aux libanais à Taëf dès que vous serez 50/50 arrêtez de compter !!!! Oublions les armes du Hezb à l'intérieur du pays, leurs usage est impossible contre l'Etat et contre les autres communautés. Bien sur qu'il craint les faillites puisque sa communauté a un poids énorme dans l'économie et dans les dépôts bancaires.

    Shou fi

    20 h 03, le 12 novembre 2018

  • UNE CRISE PERSIQUE PAR INTIMIDATION RELIGIEUSE DES ARMES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 36, le 12 novembre 2018

  • Croisons les doigts, mais je n'ai pas beaucoup d'espoir

    Tabet Ibrahim

    12 h 27, le 12 novembre 2018

  • CRISE DE REGIME DITES VOUS ? QUI S'EN MOQUE ? Un Pres de la Republique s'en va, un autre le remplace . SAUF QUE C BIEN UNE CRISE DE SYSTEME QUI PERDURE DEPUIS LA CREATION DU GRAND LIBAN.

    Gaby SIOUFI

    12 h 20, le 12 novembre 2018

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