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Moyen Orient et Monde - Compte-rendu

Dans la tête d’Abou Bakr al-Baghdadi...

Le livre de Sofia Amara, « Baghdadi Calife de la terreur », dresse un portrait détaillé de l’homme le plus recherché de la planète.

Il n’a ni le charisme d’Oussama Ben Laden ni le cerveau d’Ayman al-Zawahiri. Il n’a pas non plus l’aura de combattant que pouvait avoir Abou Moussab al-Zarqaoui. Comment expliquer alors qu’Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim al-Badri, soit devenu le plus puissant chef de l’histoire contemporaine du jihadisme ? Comment expliquer que l’enfant pauvre de Samarra soit devenu le maître d’un territoire, à cheval entre l’Irak et la Syrie, aussi vaste que la Grande-Bretagne ?

C’est pour lever une partie du voile sur ce mystère que la journaliste Sofia Amara a décidé de mener une longue enquête sur les traces de l’histoire de celui que l’on surnomme « le fantôme ». En découle un livre prenant et bien documenté, intitulé Baghdadi Calife de la terreur (éditions Stock, 2018).

L’auteure sillonne l’Irak à la recherche d’indices, de proches, de documents inédits qui lui permettraient de mieux comprendre l’ascension d’un homme que rien ne semblait destiné à devenir aussi important. Elle raconte son enfance dans une famille pauvre et pieuse, son goût pour le football qui lui vaudra le surnom de Maradona, sa détermination à poursuivre ses études jusqu’à obtenir son titre de docteur en théologie, ou encore sa volonté manifeste, quel que soit le contexte, de prendre le leadership, tel un animal politique assoiffé de pouvoir.


(Lire aussi : L’étau se resserre autour de Baghdadi)


Le livre donne les clés de compréhension de la fabrication de toute une génération de jihadistes dans l’Irak post-2003. L’intervention américaine a détruit les structures de l’État de Saddam Hussein et ouvert la voie à une radicalisation à la fois des ex-baassistes, mais aussi des sunnites. C’est la prison américaine de Bucca, où les détenus étaient torturés, qui deviendra le lieu de la genèse du jihadisme 2.0. C’est là-bas qu’Abou Bakr al-Baghdadi a tissé la toile du futur État islamique, qu’il a gagné en autorité et qu’il a rencontré la plupart des cadres du mouvement. L’auteure ne fait toutefois pas l’impasse sur la responsabilité des deux frères ennemis du Baas, l’Irak et la Syrie, dans la montée du mouvement. Elle rappelle que la violence de l’EI découle directement de celle du régime de Saddam, et que celui des Assad a instrumentalisé, autant que possible, cet ennemi idéal, qui a combattu l’opposition modérée et lui a permis de se présenter comme le « moindre mal ».

Abou Bakr al-Baghdadi est la résultante de ces trois histoires : celle de l’intervention américaine, celle des régimes hypercommunautaires et hyperviolents en Irak et en Syrie et celle de la radicalisation de l’islamisme, et même du jihadisme, qui a permis la naissance de l’État islamique. Loin de tomber dans le piège du récit victorieux de la reconquête et de la fin de l’EI, Sofia Amara démontre au contraire que les racines de l’organisation n’ont pas été coupées et que celle-ci pourrait même survivre à la mort de son leader.

Les différents entretiens avec les proches du calife autoproclamé, notamment son ex-femme Souja al-Doulaïmi – réfugiée au Liban –, constituent la grande valeur ajoutée du livre. On regrettera en revanche de ne pas en apprendre davantage sur la formation idéologique de l’homme le plus recherché du monde ou sur sa façon de gouverner le proto-État. On regrettera également les quelques facilités de style ou d’analyse qui ne sont pas à la hauteur du reste de l’ouvrage, ainsi que cette volonté systématique de qualifier de laïc le régime de Saddam, qui en avait peut-être les habits, mais certainement pas l’esprit.



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Il n’a ni le charisme d’Oussama Ben Laden ni le cerveau d’Ayman al-Zawahiri. Il n’a pas non plus l’aura de combattant que pouvait avoir Abou Moussab al-Zarqaoui. Comment expliquer alors qu’Abou Bakr al-Baghdadi, de son vrai nom Ibrahim al-Badri, soit devenu le plus puissant chef de l’histoire contemporaine du jihadisme ? Comment expliquer que l’enfant pauvre de Samarra soit devenu...

commentaires (2)

IL A SERVI TOUS SES MAITRES A COMMENCER PAR LES LOCAUX PUIS LES REGIONAUX ET LES INTERNATIONAUX ! DES MERCENAIRES... QUOI !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 37, le 10 novembre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • IL A SERVI TOUS SES MAITRES A COMMENCER PAR LES LOCAUX PUIS LES REGIONAUX ET LES INTERNATIONAUX ! DES MERCENAIRES... QUOI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 37, le 10 novembre 2018

  • Qu'elle ne perde pas son temps à le chercher n'importe où mais plutôt quelle aille chercher du côté de la cia/mossad entre Washington et tel aviv.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 47, le 10 novembre 2018

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