Combats à Beyrouth en 2014 : Chaker Berjaoui, caïd prosyrien, libéré sous caution

Le chef du Courant arabe Chaker Berjaoui, un caïd sunnite proche du Hezbollah et du régime syrien, qui s'est rendu à la justice jeudi, a été libéré aujourd'hui sous caution par le tribunal militaire au terme d'un procès expéditif, suscitant la colère du Courant du Futur qui a dénoncé des pressions politiques sur la justice.

Il s'est rendu aux autorités jeudi et a été libéré sous caution vendredi par le tribunal militaire, après avoir écopé d'une peine de prison de neuf mois qu'il peut éviter en payant une amende de 6.900.000. livres libanaises.

Dans un communiqué, le courant de Futur du Premier ministre désigné, Saad Hariri, hostile au Hezbollah, s’était insurgé jeudi contre "les pressions exercées par des parties sécuritaires" sur le tribunal militaire afin qu’il innocente Chaker Berjaoui. Il a estimé que le communiqué issu par la soi-disant rencontre des partis, forces et personnalités nationales libanaises (prosyriennes), qui constitue une  "couverture politique" à Chaker Berjaoui, est "une preuve de ces pressions sur la justice" pour innocenter "une personne recherchée qui est en fuite depuis plus de deux ans et est protégé par les parties avec lesquelles elle traite en Syrie". Il a prévenu qu’il "ne resterait pas silencieux face au crime de la dépravation de la justice", appelant la justice libanaise à "ne pas plier devant les pressions et les demandes de parties politiques connues".

Des avocats et des militants du Futur s'étaient rassemblés devant le Tribunal militaire pendant la séance. "Nous n'acceptons pas les ingérences politiques dans l'action du Tribunal militaire", a déclaré Omr el-Kouck, responsable des avocats au sein du Futur.

Chaker Berjaoui a eu un parcours chaotique. D'abord militant sous les couleurs de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine), il s'était ensuite rendu en Irak pour combattre avec les troupes de Saddam Hussein contre l'Iran, puis il était rentré au Liban où il a fait figure d'opposant à la présence syrienne avant d'être arrêté et jeté en prison à Damas. À sa sortie, il avait changé son fusil d'épaule pour se faire le chantre du régime syrien, s'implantant dans le quartier sunnite de Tarik Jdidé.