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Moyen Orient et Monde - Analyse

Macron de plus en plus isolé en Europe

Le président français Emmanuel Macron au Conseil de sécurité des Nations unies. Angela Weiss/AFP

Depuis son appel à une « refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique » pour éviter de succomber au nationalisme ou au protectionnisme, le président français Emmanuel Macron a certes obtenu quelques succès, mais reste au final bien seul à se mobiliser dans une Europe divisée.

« Un an après ce discours, on peut dire qu’Emmanuel Macron a enregistré quelques victoires symboliques (comme dans le domaine de la défense, NDLR), mais il a été confronté à une dégradation du paysage politique européen d’élections en élections qui n’a pas permis d’avoir un terreau favorable », analyse Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques Delors.

Le 26 septembre 2017, dans le cadre solennel de l’Université de la Sorbonne, le jeune président français développe sa feuille de route pour l’Europe. Le discours est attendu dans toutes les capitales, d’autant que l’Union patine depuis longtemps.

Lyrique comme il sait l’être, le président français brosse le tableau d’une Europe « plus fragile, exposée aux bourrasques de la mondialisation (...) et même ce qui est sans doute pire », aux « passions tristes » : « Nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli » qui séduisent les électeurs un peu partout. Contre cela, il développe alors ses idées pour des « actions concrètes » sur les questions de défense, sécurité, immigration, fiscalité, réforme institutionnelle, etc. Autant de chantiers qu’il a poussé depuis avec ses partenaires. Les partisans de l’intégration européenne se sont réjouis. Le think tank de la Commission, l’European Political Strategy Centre, a salué les « points de convergences majeurs » entre les propositions françaises et celles du président de la Commission, Jean-Claude Juncker.

Le sort des urnes

Mais le sort des urnes a été défavorable au camp du président français, celui du libéralisme économique et politique. En Italie, en Autriche, en Hongrie, les formations populistes, protectionnistes et contemptrices de l’Union européenne ont le vent en poupe, portées par les courants migratoires qui convergent sur l’Europe laquelle ne parvient pas à les réguler efficacement, provoquant des tensions politiques croissantes.

« Le contexte est difficile », a reconnu Emmanuel Macron le 20 septembre à Salzbourg. Le président français tente de rassembler son courant de pensée, mais reste isolé et, surtout, il ne peut vraiment compter sur un partenaire solide. « Il doit être très déçu, car il a eu très peu de soutien de plusieurs pays européens-clés », relève Judy Dempsey du think tank Carnegie Europe.

Première visée : la chancelière allemande Angela Merkel. Si Emmanuel Macron a attendu le 26 septembre 2017 pour parler d’Europe alors qu’il avait été élu en mai, c’est qu’il attendait de connaître les résultats des élections générales allemandes du 24 septembre. Las ! Elles ont accouché d’une complexe coalition dirigée par Angela Merkel, aux commandes de la première économie de la zone euro depuis... 2005.

Le président français « a tendu la main à Berlin deux jours après les élections en Allemagne, mais Berlin n’a pas saisi la main », analyse Ronja Kempin de la Fondation Science et Politique (SWP) à Berlin.

Léthargie allemande

« Ce discours s’est heurté à une Allemagne pas du tout en état politique d’y répondre, alors que cela ne pouvait marcher qu’avec un soutien allemand », abonde M. Maillard. « C’est un peu le drame de Macron, de ne pas avoir pu trouver en Europe un vrai complice pour porter sa vision », estime-t-il.

« Le vrai problème n’est pas la faiblesse de la chancelière, mais une léthargie très répandue en Allemagne en ce qui concerne l’UE », estime Mme Kempin. « L’Allemagne profite du statu quo après la crise financière : le chômage est bas, l’économie connaît un boom, du point de vue économique l’UE marche bien », selon elle. Mme « Merkel a très peu apporté. C’est toujours nein, nein, nein ou peut-être », estime Mme Dempsey.

Au palais de l’Élysée, on ne désespère pas de réussir à mobiliser Mme Merkel. L’action française pour l’Europe doit « se fonder sur le moteur franco-allemand, un moteur franco-allemand qui a des projets précis », selon une source du palais, ajoutant que le président a toutefois « considérablement changé par rapport à l’approche française traditionnelle dans ses contacts » comme en attesterait ses récentes visites au Danemark ou en Finlande, pour nouer des relations avec des pays qui pesaient peu dans le passé.

Le prochain jalon de la trajectoire européenne sera posé en mai avec les élections européennes, où le scénario qui se met en place est celui de l’affrontement du camp libéral mené par Emmanuel Macron et du camp « illibéral » du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Le président français « veut transformer les élections européennes en sorte de référendum contre le populisme. Mais cette stratégie est risquée », estime Mme Kempin.

Source : AFP

Depuis son appel à une « refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique » pour éviter de succomber au nationalisme ou au protectionnisme, le président français Emmanuel Macron a certes obtenu quelques succès, mais reste au final bien seul à se mobiliser dans une Europe divisée.« Un an après ce discours, on peut dire qu’Emmanuel Macron a enregistré...

commentaires (2)

L'analyse est un peu dure avec le Président Macron. Il fallait lui reconnaître le système de troc qu'il a mis en place depuis quelques jours, pour contrer les sanctions américaines, et pour sauver l'accord avec l'Iran. Si Macron était à la place de Hollande du temps d'Obama, Daech ne serait pas étendu autant en Irak et en Syrie. Depuis Giscard, la France n'a pas eu un Président aussi bon.

Shou fi

16 h 29, le 27 septembre 2018

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Commentaires (2)

  • L'analyse est un peu dure avec le Président Macron. Il fallait lui reconnaître le système de troc qu'il a mis en place depuis quelques jours, pour contrer les sanctions américaines, et pour sauver l'accord avec l'Iran. Si Macron était à la place de Hollande du temps d'Obama, Daech ne serait pas étendu autant en Irak et en Syrie. Depuis Giscard, la France n'a pas eu un Président aussi bon.

    Shou fi

    16 h 29, le 27 septembre 2018

  • "Macron de plus en plus isolé en Europe"... et en France aussi où sa cote de popularité frôle les abîmes "hollandais".

    Yves Prevost

    08 h 21, le 27 septembre 2018

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