Dacca accuse la Birmanie de retarder le rapatriement des Rohingyas

Les autorités birmanes retardent délibérément le retour des 700.000 Rohingyas réfugiés au Bangladesh, a assuré la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina, qui assure ne pas avoir les moyens de les intégrer. "J'ai déjà 160 millions d'habitants dans mon pays. Je ne peux pas en recevoir plus (...) Mon pays ne peut pas faire face", a-t-elle déclaré mardi soir à Reuters, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.
L'exode des Rohingyas, minorité musulmane du nord de la Birmanie, a débuté après l'attaque, le 25 août 2017, d'une trentaine de commissariats. L'opération revendiquée par les séparatistes de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ASRA) a donné lieu à des vastes représailles militaires et a une crise humanitaire sans précédent dans la région.

Le département d'Etat américain a accusé lundi les forces gouvernementales d'avoir commis des exactions "planifiées et coordonnées avec soin" pour chasser cette minorité.

La première ministre bangladaise, dont le mandat sera remis en jeu lors des élections de décembre, assure ne pas vouloir une confrontation avec la Birmanie, mais laisse clairement entendre que sa patience a des limites.
Les deux pays ont conclu un accord en novembre pour entamer le rapatriement des Rohingyas dans les deux mois, mais rien n'a encore été fait et l'afflux de réfugiés se poursuit. "Ils sont d'accord avec tout, mais n'agissent malheureusement pas. C'est tout le problème. Tout est réglé, mais (...) ils cherchent toujours de nouvelles excuses", poursuit Sheikh Hasina.

Les autorités birmanes ont fait construire des centres de transit en vue du rapatriement des réfugiés, mais reprochent au gouvernement bangladais de ne pas leur avoir fourni les documents administratifs nécessaires, ce que Dacca dément.