Ukraine: le président veut classer les médias prorusses comme "agents d'influence"

Le président ukrainien Petro Porochenko a réclamé jeudi, à quelques mois de la présidentielle, l'adoption d'une loi créant un statut d'"agent d'influence" sous lequel devraient s'enregistrer les médias considérés comme prorusses, invoquant la "sécurité de l'information".
"Nous voyons la cinquième colonne relever la tête", a dénoncé M. Porochenko lors de son discours annuel devant le Parlement.
"Un réseau d'agents russes reste actif en Ukraine, il prend sous son contrôle des médias et crée des organisations présentées comme indépendantes. Elles sont indépendantes en Ukraine mais sous le contrôle du Kremlin et attisent les sentiments anti-ukrainiens, anti-européens et anti-américains", a-t-il poursuivi.
"Je soutiens donc l'idée d'un projet de loi sur l'enregistrement des agents d'influence du pays agresseur", a-t-il poursuivi.
Cette dénomination rappelle celle d'"agents de l'étranger" qui s'applique en Russie depuis 2012 aux organisations bénéficiant d'un financement de l'étranger et ayant une "activité politique".

Cette mesure, rappelant le terme utilisé sous l'URSS pour les dissidents, a été étendue l'an dernier aux médias internationaux en réponse à l'enregistrement aux Etats-Unis de la chaîne russe RT sous cette désignation.
Avant même la prise de position de Petro Porochenko, l'idée d'une telle loi en Ukraine, proposée par un parti de la coalition au pouvoir, avait été critiquée par l'Union ukrainienne pour les droits de l'Homme d'Helsinki, y voyant un recul des libertés publiques.
Mais le président ukrainien a insisté sur l'importance de la "sécurité de l'information" à l'approche de la présidentielle attendue au printemps 2019, à laquelle il devrait se présenter malgré une faible popularité.
"Une partie de notre champ d'information est occupée, comme est occupée une partie de notre territoire", a-t-il estimé.
L'Ukraine et la Russie sont à couteaux tirés depuis l'arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev en 2014, suivie de l'annexion de la Crimée et d'un conflit ayant fait 10.000 morts dans l'Est entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses soutenus, selon Kiev et les Occidentaux, par Moscou.