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Agenda - Reportage

Dabké Fever : « Le festival de l’amour et de la spontanéité »

Dimanche, le village de Maasser el-Chouf a invité tout le Liban à danser au rythme des danses traditionnelles libanaises. Une ambiance conviviale tout au long de la journée pour célébrer et partager le patrimoine local.

Une troupe de dabké originaire de Aley sur la grande scène du festival. Photo Paul Moisson

Dans une vallée verdoyante des montagnes du Chouf, quelques kilomètres avant d’arriver à la somptueuse forêt de cèdres du caza, des toits de tuile rouge semblent se détacher de cette nature sauvage. Ce panorama authentique est celui de Maasser el-Chouf. Bercé par les montagnes, ce village est surtout connu pour son calme et son ambiance paisible. Mais dimanche cette atmosphère avait disparu. Dès 11 heures, percussions et chants libanais résonnaient dans la montagne. Sur la route, une file de voitures garées sur plusieurs kilomètres annonçait l’arrivée au village. Cette ambiance inhabituelle pour la région, nous la devons au « Dabké Fever », un festival d’une journée qui rend honneur depuis quatre ans à cette danse patrimoine du Liban.

Une atmosphère conviviale

Réservées pour le festival, les deux rues principales du village sont noires de monde. L’artisanat local est à l’honneur. Sur les trottoirs, les stands de nourritures – uniquement faites maison – ravissent les gourmands. Les rues sont ombragées et le vent de la montagne circule dans le festival. Au croisement de ces deux artères, la scène fait office de carrefour. Venus de tout le Liban, amateurs de dabké ou simples curieux se sont donné rendez-vous pour danser le patrimoine libanais. Sur scène, des troupes de la Békaa, du Chouf, de Beyrouth, de Saïda se succèdent. On repère les disparités régionales aux costumes, mais aussi aux chorégraphies. Les danseurs de la Békaa et du Liban-Sud dansent en groupe serré, ceux des montagnes sont plus dispersés. Devant la scène, un espace laissé vide de chaises se retrouve rapidement envahi par des danseurs amateurs. Des familles et des groupes d’amis se mélangent, se rencontrent, dansent ensemble, l’ambiance est au rendez-vous.

Habib est venu de Jounieh avec ses amis pour ce festival. « On vient chaque année depuis quatre ans, parce qu’on aime faire la fête, manger, et bien sûr la dabké, confie-t-il. Cet événement rassemble tout à la fois ! Et puis c’est un festival vraiment divers sur le plan culturel. L’ambiance est familiale. Tout le monde se parle comme s’ils se connaissaient. On fait des rencontres, on discute, c’est très agréable. »

La mission de Yolla Noujaim, la fondatrice du festival, semble accomplie. « Je veux un festival d’amour et de spontanéité, que les gens de tout le Liban mangent, rigolent et dansent ensemble, explique-t-elle. Quand je vois tous ces gens rassemblés, je me dis que j’ai réussi. »

Un patrimoine à conserver

Au fond du festival, une petite scène accueille toute la journée des cours de dabké. Jeunes et moins jeunes s’exercent ensemble à cette danse qui semble pour certains plus compliquée que prévue. Youssef est venu avec sa fille. « Je danse la dabké depuis que je suis tout jeune, mais plus je vieillis, plus je me rends compte à quel point c’est physique, confie-t-il. Avant, j’aurais dansé toute la journée. Maintenant, j’ai besoin de plusieurs pauses », plaisante Youssef entre deux essoufflements.

L’objectif du festival est aussi de faire rayonner la dabké. Le festival est rempli d’enfants et d’adolescents. Pour la plupart, cette danse est celle de leurs parents. Mais fiers de leur culture, cet événement est l’occasion pour eux de s’en rapprocher. « Je n’écoute presque que de la musique américaine, raconte Aïda, une Beyrouthine de 17 ans. Pourtant, la musique libanaise me plaît, et plus je grandis plus j’y reviens. La dabké, c’est une part de notre patrimoine. Mes ancêtres la dansaient et je ne veux pas être la première génération incapable de faire un pas. »

Les jeunes sont de plus en plus nombreux à danser la dabké. Tourass est une troupe de Baalbeck. Présente au festival, elle s’occupe aussi d’organiser des cérémonies festives. « On fait beaucoup de mariages. Aujourd’hui, les jeunes couples demandent presque exclusivement de la dabké. C’est impressionnant ! Cette culture n’est pas près de s’essouffler au Liban. »

Entre 10 000 et 15 000 personnes avaient fait, dimanche, le déplacement à Maasser el-Chouf. Un festival réussi, qui n’empêche pas Yolla Noujaim de se projeter. « Mon rêve serait d’organiser une journée nationale de la dabké à travers tout le Liban, un véritable moment de partage autour de ce patrimoine culturel », souligne-t-elle. Il ne reste plus qu’à rêver avec elle.

Dans une vallée verdoyante des montagnes du Chouf, quelques kilomètres avant d’arriver à la somptueuse forêt de cèdres du caza, des toits de tuile rouge semblent se détacher de cette nature sauvage. Ce panorama authentique est celui de Maasser el-Chouf. Bercé par les montagnes, ce village est surtout connu pour son calme et son ambiance paisible. Mais dimanche cette atmosphère avait...