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Campus - Initiative

« Vous n’êtes pas faibles. Votre souffrance a un sens »

Les jeunes peuvent désormais combattre ensemble leur anxiété grâce à une initiative lancée d’abord sur Facebook par un étudiant en pharmacie souffrant de dépression chronique.


Joseph Zeidan, psychothérapeute.

Dans une salle aux couleurs vives au deuxième étage d’un immeuble d’Achrafieh, des jeunes assis en cercle racontent chacun des bribes de son histoire, comme dans un film américain. C’est la première réunion, le mercredi 8 août, d’un groupe de soutien aux jeunes souffrant d’anxiété et/ou de dépression.

Pendant une heure, partager son expérience avec la maladie mentale n’est plus tabou. Une dizaine de personnes reviennent sur certains moments de leur vie, sur leurs peurs, sur l’impact de leur anxiété ou de leur dépression sur leur quotidien, et, plus important encore, sur leurs attentes d’un tel groupe de soutien. Jeune psychothérapeute, Joseph Zeidan encadre le groupe, valide l’expérience de chacun puis va plus loin pour écouter la souffrance sous-jacente et interpréter les pensées négatives qui lui sont associées.

Cette rencontre est le fruit d’un groupe sur Facebook, Lebanon Anxiety and Depression Support Group, créé il y a trois mois par Roudy Fares, 23 ans, étudiant en pharmacie, qui souffre de dépression chronique. Parmi les 75 membres du groupe, certains publient souvent des mots d’encouragement pour les autres, d’autres écrivent des messages pour évacuer leur frustration. « Organiser une rencontre avec les membres du groupe, bien qu’étant la suite logique d’une telle plateforme, n’a pas été chose facile, confie Roudy Fares. Derrière son écran, on n’a pas peur de parler. Ce n’est pas le cas lorsqu’on doit le faire devant du monde. » Le jeune homme explique qu’en effet, trois mois ont été nécessaires pour que la rencontre ait lieu, suite à des tentatives échouées de réunions où personne ne s’est présenté. « Je ne m’attendais pas à ce que ça réussisse, je suis agréablement surpris », dit-il.


(Pour mémoire : Quand des jeunes partagent leur expérience de la maladie mentale)


Pistes de réflexion
L’étudiant en pharmacie revient sur les raisons qui l’ont poussé à créer ce groupe. « Je n’ai pas tout de suite su que je souffrais d’une dépression. Personne ne m’a orienté vers un spécialiste, je croyais que tout était de ma faute. Durant les périodes les plus difficiles de ma maladie, il n’y avait personne vers qui je pouvais me tourner. J’ai créé ce groupe pour dire aux autres qu’il y a quelqu’un près de vous prêt à vous écouter ».

Jade* et Talia*, deux participantes à la réunion, sont en effet soulagées de briser le silence qui les hantait jusque-là. « Je ne peux pas contrôler les pensées qui m’envahissent constamment, ces idées dévalorisantes qui me poussent à bout. J’espère pouvoir mieux me comprendre », confie Jade, 23 ans. La jeune enseignante de maths avoue ne pas avoir les moyens de se payer les séances d’un thérapeute. Ce groupe de soutien, bien qu’il ne puisse pas remplacer une thérapie individuelle, présente une alternative très abordable au niveau financier. Talia, quant à elle, évoque des moments dans sa vie où sa condition l’a menée à abandonner ses études et à délaisser son travail. « Demander de l’aide n’est pas une honte », assure la jeune femme de 25 ans.

Même son de cloche chez le jeune thérapeute, Joseph Zeidan, qui répète sans relâche : « Vous n’êtes pas faibles. Votre souffrance a un sens. » Selon lui, le but principal d’un tel groupe est la « psychoéducation », soit l’explication scientifique des troubles auxquels ces jeunes font face et leur impact sur la vie de tous les jours. Il leur offre également des pistes de réflexion sur lesquelles ils peuvent méditer pour mieux se comprendre.

À la fin de la séance, les participants expriment leur volonté de s’engager au sein du groupe et de venir aux prochaines séances. Peut-être que ces jeunes ont enfin trouvé un lieu où ils ne seront pas jugés sur quelque chose qu’ils ne peuvent pas contrôler.

*Les prénoms ont été changés par souci d’anonymat.



Dans une salle aux couleurs vives au deuxième étage d’un immeuble d’Achrafieh, des jeunes assis en cercle racontent chacun des bribes de son histoire, comme dans un film américain. C’est la première réunion, le mercredi 8 août, d’un groupe de soutien aux jeunes souffrant d’anxiété et/ou de dépression. Pendant une heure, partager son expérience avec la maladie mentale n’est...

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