Quelques centaines de personnes rassemblées lors d'une manifestation anti-immigration à Chemnitz, en Allemagne, le 30 août 2018. REUTERS/Hannibal Hanschke
L'extrême droite allemande s'est à nouveau rassemblée jeudi soir à Chemnitz contre la politique migratoire d'Angela Merkel à la suite d'un homicide dans cette ville de l'ex-RDA devenue l'épicentre de la protestation de la droite ultra contre les étrangers et la chancelière.
Quelques centaines de personnes brandissant des drapeaux allemands ont commencé en début de soirée à se regrouper dans le calme, à l'appel d'un groupuscule local d'extrême droite "Pro Chemnitz". La manifestation se déroule en marge d'un "dialogue citoyen" organisé par les autorités locales avec des habitants de la cette cité de Saxe en ébullition depuis le week-end dernier.
Plusieurs centaines de policiers ont été mobilisés pour l'occasion, dans la crainte d'incidents similaires à ceux qui ont émaillé les précédents rassemblements du même type dimanche, avec des "chasses collectives" à l'étranger dans la rue, puis lundi lorsque des échauffourées entre sympathisants de l'extrême droite et de la gauche radicale avaient fait 20 blessés.
L'élément déclencheur est survenu au cours du week-end, lorsqu'un Allemand de 35 ans a été tué à coups de couteau en marge d'une fête locale. La police a arrêté deux suspects, un Irakien et un Syrien de 22 et 23 ans accusés d'avoir agi après une "altercation verbale".
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a quant à lui parlé d'une évolution "choquante".
La situation est embarrassante pour les forces de police et la justice en Saxe car elles doivent affronter depuis plusieurs jours des accusations de collusion avec la mouvance d'extrême droite.
Un gardien de prison, employé par le ministère saxon de la Justice, a révélé jeudi soir être à l'origine d'un scandale sur la fuite de documents judiciaires confidentiels concernant l'enquête sur l'homicide au couteau qui a mis dimanche le feu aux poudres. Dans un communiqué rendu public par son avocat, l'homme, Daniel Zabel, a dit avoir voulu ainsi faire en sorte que "le public sache ce qui s'est passé", accusant les médias de "manipuler" la vérité et les autorités de "mentir" à la population. Il a précisé avoir photographié le mandat d'arrêt dans la prison où venait d'être envoyé le principal suspect irakien et l'avoir transmis notamment au groupuscule d'extrême droite "Pro Chemnitz", qui l'a ensuite diffusé sur les réseaux sociaux.
Le document donnait des détails sur l'agression, la victime ayant été frappée de cinq coups de couteau au thorax, mais aussi l'identité et l'adresse du suspect ainsi que les noms de témoins.
Une stratégie de la tension qui semble porter électoralement ses fruits : l'AfD (Alternative pour l'Allemagne, extrême droite) talonne désormais le parti social-démocrate dans les sondages derrière les conservateurs d'Angela Merkel, dans le contexte des élections régionales qui se profilent en Bavière et en Hesse en octobre.
Le suspect irakien du meurtre de Chemnitz est arrivé en 2015 en Allemagne en provenance du Kurdistan irakien. Il avait déjà été condamné à plusieurs reprises pour violences et détention de drogues. Censé être expulsé, il avait fait appel de cette décision et obtenu gain de cause en 2016, affirme le quotidien Bild. Samedi, l'extrême droite de Chemnitz prévoit une "marche funèbre" en l'honneur de la victime des coups de couteau.
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