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Nos Lecteurs ont la Parole - par Yazid HADDAR

L’islam politique et la république !

L’Algérie est confrontée à ses vieux déments ! Si l’Algérie a réussi à réduire l’activité des branches armées islamistes, qui ont laissé des centaines de milliers de victimes, sans compter les victimes collatérales, elle n’a pas réussi à mettre fin à leur idéologie qui ne cesse de s’étendre à l’ensemble de la société algérienne et atteindre les espaces politiques, culturels et économiques du pays. Les exemples ne manquent pas : des jeunes chômeurs qui refusent des aides de l’État car, selon eux, les banques n’étaient pas aux normes islamiques ; la fermeture des bars ; l’instauration des règles « officieuses » pour le port du voile ; des maires de certaines villes côtières qui demandent une tenue vestimentaire pas trop courte à la plage ; des jeunes filles qui ont été insultées pour le port d’un maillot de bain ; à Jijel, un maire qui interdit un concert du raï ; un député qui demande officiellement de mettre au musée la statue de la fontaine de « Aïn el-Fouara » de Sétif ; les festivités estivales perturbées par les jeunes, dans plusieurs régions du pays, qui prient aux mêmes lieux des concerts, etc.
Tous ces signes ne sont que l’aboutissement de leur idéologie. Désormais, les islamistes procèdent avec une stratégie étudiée, en s’appuyant sur les failles juridiques et la faiblesse des politiques afin d’atteindre leur objectif. Dorénavant, rien ne les arrête. Après des années d’arabisation aveugle et une religiosité dite « authentique », au nom de l’identité retrouvée, l’islam politique a miné le projet républicain en Algérie. À vrai dire, après avoir fréquenté l’école, qui les a assujettis à « l’identité nationale » voulue par le système éducatif algérien, une grande partie des citoyens se trouvent piégés dans leur raisonnement idéologique entre être « un bon croyant » et « un citoyen ». Cependant, les politiques poursuivent leur suprématie sur le citoyen, qui n’a pas été éduqué ni sollicité pour exercer sa citoyenneté. Comme le confirme l’actuel président, qui a déclaré que le citoyen n’a pas « l’ancrage de la démocratie et la promotion du sens civique pour tirer le meilleur avantage de la diversité de nos opinions ». Mais qu’a-t-il fait ? Peu ! Pis, la société civile est désemparée. Des associations voient leur budget à géométrie variable, selon les penchants et les états d’humeur des responsables au pouvoir. À vrai dire, tout le monde se plaint, mais personne ne fait quelque chose, ou plus ou moins ceux qui font sont entravés par ceux qu’ils gênent ! Ainsi, certains citoyens ont fait leur choix en optant pour une place « au paradis » plutôt que vivre « le paradis dans leur cité ».
Ce phénomène fait peur à la classe moyenne qui ne veut plus revivre la décennie noire ; nombreux sont ceux qui ont choisi de quitter le territoire national, principalement pour l’Europe. La situation est devenue grave, même si les autorités sont conscientes du phénomène. Cependant, politiquement, elles sont discréditées et affaiblies. C’est le cas du ministre des Affaires religieuses qui a avoué que « ces idées constituent un danger pour nos enfants ». Il essaye de les confronter, par une armada de textes juridiques qui malheureusement se heurtent à la légitimité de « la morale religieuse », de la suprématie des références religieuses aux politiques, et à la faillite du système juridique. Désormais, des imams subissent des violences dans les mosquées par dogmatisme religieux. Dans le même ordre d’idée, l’actuel ministre de l’Éducation nationale depuis son arrivée au ministère ne cesse de subir la pression des organisations associatives et civiles qui sont soumises à l’idéologie religieuse conservatrice. Un groupe d’enseignants l’a attaqué en justice pour une démarche pédagogique, le tout au nom de la préservation « de l’identité nationale et authentique » !
Désormais, occulter l’islamisme politique et le réduire à l’ignorance du « vrai islam », ce n’est qu’une crédulité et une paresse intellectuelle, car le « spectre vert » est en marche. Nous assistons de plus en plus à une accélération du phénomène de l’islamisation ; l’exemple de cette année devient flagrant.

Yazid HADDAR
Psychologue et chargé
d’enseignement à l’université à Lille.

L’Algérie est confrontée à ses vieux déments ! Si l’Algérie a réussi à réduire l’activité des branches armées islamistes, qui ont laissé des centaines de milliers de victimes, sans compter les victimes collatérales, elle n’a pas réussi à mettre fin à leur idéologie qui ne cesse de s’étendre à l’ensemble de la société algérienne et atteindre les espaces politiques,...

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