Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Un peu plus

Tu oses ou tu dis la vérité ?

Il suffit d’une soirée un tout petit peu arrosée (2-3 verres, pas plus) pour réaliser qu’au fond, on aura éternellement 15 ans. D’une discussion tout à fait dans les normes, on passe à un dialogue moins sage, puis à des blagues puériles, pour finir par un « Tu oses ou tu dis la vérité », où tous les coups seront permis. Moyenne d’âge des questions ? 15 ans, voire même 12. Moyenne d’âge des participants? Peu importe. 33, 45, 54, 63, c’est kif-kif.
 Au début, on n’ose pas oser. On se dit qu’il va sûrement y avoir un bouffon pour vous demander de rouler une pelle au type d’en face que vous ne connaissiez pas il y a 3 heures. C’est plus drôle de jouer avec des inconnus qu’entre potes, avec qui il y a un côté légèrement prévisible. On préférera donc s’aventurer sur le chemin de la vérité. Ce qui est étonnant, c’est que malgré la maîtrise d’un jeu comme celui-ci, auquel on a joué des dizaines de fois quand on était petit, quand on nous demandera de dire la vérité, on aura peur de mentir. Comme si l’interlocutrice en face allait découvrir votre mensonge. « C’est quand ta dernière baise ? » On dira ce qu’on voudra, 95 % des questions et des actions tournent autour du cul. « Il y a un an. » Gros silence. Fallait peut-être pas être sincère. Ça a foutu un sacré coup à la virilité du sondé. Un « Il y a deux jours » aurait été une réponse plus sensée. De toutes les manières, malaise il y aura. « Tu vas épouser la jeune fille à côté de toi ? » Oups. « Lève-toi et viens m’embrasser à pleine bouche », dit le questionneur à l’hétéro estomaqué. Oups, bis. Ça rit, mais ça rit souvent jaune. « Déshabille-toi », « As-tu déjà fait un threesome? » « Qui te taperais-tu ici présent ? » « Va lui peloter les seins ». Ça glousse. Ça a 15 ans. 16 ans tout au plus. Ce dîner entre intellectuels et entrepreneurs s’est terminé comme une party de teenagers, les volets fermés à 16 heures. Sauf qu’il n’y avait pas une bouteille de RC au milieu pour désigner le bourreau et sa victime d’en face.
Il suffit d’une histoire d’amour et/ou d’un chagrin d’amour pour constater qu’on aura éternellement 15 ans. Du langage enfantin (le babil de Lacan) qu’on emploie pour s’adresser à l’autre au sourire béat du crétin satisfait qui s’affiche quand on le/la voit, au unfollow sur Instagram, on agira comme un bon ado… voire même un pré-ado. On s’envoie des cœurs, des émoticônes débiles, des «  hey baby », « bonjour mon canananananard ». Ok, c’est pas 15 ans, c’est 4. Et quand la rupture sonne le glas de cette historiette d’été (oui, on a aussi des historiettes de 3 semaines à 40 ans), la midinette (qui peut également être un garçon), abreuvée de Barbara Cartland, se retrouve à chialer les larmes de son corps, une main dans un paquet de chips et l’autre sur son téléphone à voir s’il est online, s’il a regardé ses stories, s’il l’a blocked, s’il est avec quelqu’un d’autre. Comme quand elle avait 15 ans, la technologie et les réseaux sociaux en plus.
Réseaux sociaux qui ont fait de tout adulte soi-disant bien calibré un ado retardé. 47 ans, à Mykonos (tiens, encore elle), debout sur une table et éclaboussant de champagne tout droit sorti d’un immense magnum les jolies filles du fauteuil d’à côté. Et ça glousse, ça ricane. Pareil pour n’importe quel post de fête, de voyage ou de vacances. On pose, la bouche en cul de poule, avec exactement la même tête que sa fille de 16 ans ; on se jette dans l’eau du haut d’un tremplin à 4 heures du matin, tout habillé… comme son gamin de 14 ans, une heure avant ; on se bourre la gueule en chantant à tue-tête et en plein milieu de la rue et on affiche tout ça fièrement sur son compte Insta avec les hashtags de circonstance : #foreveryoung #yolo, et ceux piqués aux millenials: #swag (trop le style) #beastmode (le sport, c’est pour tout le monde), #squad (on sort en bande, alors autant le montrer), #TBT (pour bien montrer que l’année dernière, on s’est bien éclaté à Ibiza), #BFF (c’est avec elle qu’on remplit ses stories, ce journal intime du XXIe siècle) et j’en passe.
Ce serait bien d’avoir éternellement 15 ans. Ou 5 pour certains. Ce serait bien de ne jamais avoir à être sérieux. De faire le con devant une caméra… mais pour de vrai. De rouler une pelle à un mec qu’on ne connaît pas, de s’en foutre… mais pour de vrai. Ce serait bien d’avoir 15 ans à nouveau, mais sans l’acné ni les hormones #onfire.

Il suffit d’une soirée un tout petit peu arrosée (2-3 verres, pas plus) pour réaliser qu’au fond, on aura éternellement 15 ans. D’une discussion tout à fait dans les normes, on passe à un dialogue moins sage, puis à des blagues puériles, pour finir par un « Tu oses ou tu dis la vérité », où tous les coups seront permis. Moyenne d’âge des questions ? 15 ans, voire...

commentaires (2)

Les allusions au sexe et au libertinage sont quasi présentes dans les articles de madame Medea à qui je souhaite un week end plein d'amour .

Hitti arlette

16 h 46, le 28 juillet 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Les allusions au sexe et au libertinage sont quasi présentes dans les articles de madame Medea à qui je souhaite un week end plein d'amour .

    Hitti arlette

    16 h 46, le 28 juillet 2018

  • SUPERBE ET TELLEMENT VRAI NOUS AVONS TOUS DANS L'ESPRIT QUE NOUS AVONS ENCORE 15/20 ANS SURTOUT QUAND ON DEPASSE LES 50/60 ANS

    LA VERITE

    13 h 55, le 28 juillet 2018

Retour en haut