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Moyen Orient et Monde - Affaire Benalla

Macron adopte une défense paradoxale et risquée

« Le seul responsable de cette affaire, c’est moi, et moi seul », a dit le président français qui a aussi fustigé « des médias qui ne cherchent plus la vérité ».

Le président français Emmanuel Macron, empêtré dans l’affaire Benalla, a contre-attaqué mardi soir devant son équipe. UGC/AFP

En invitant un adversaire indéterminé à venir le « chercher » dans l’affaire Benalla et en mettant en cause le travail de la presse, Emmanuel Macron adopte une défense paradoxale et risquée face à la plus importante crise politique de son quinquennat. Près d’une semaine après les révélations du quotidien Le Monde sur les violences commises par son ex-collaborateur le 1er mai, le chef de l’État est sorti de son silence mardi soir, sans cependant s’adresser directement aux Français. Devant les parlementaires de son mouvement La République en marche, déboussolés par l’affaire, Emmanuel Macron a pris sur lui toutes les responsabilités.
 « Le seul responsable de cette affaire, c’est moi, et moi seul, a-t-il dit. Parce que celui qui a fait confiance à Alexandre Benalla, c’est moi, le président de la République, celui qui a été au courant et qui a validé (...) la sanction de mes subordonnés, c’est moi. » Une affirmation surprenante, alors que son directeur de cabinet, auditionné quelques heures plus tôt par la commission d’enquête de l’Assemblée sur ces faits, s’était attaché à l’exonérer d’une responsabilité directe dans le choix de la sanction, jugée trop clémente par l’opposition, décidée au lendemain des violences exercées par l’adjoint au chef de cabinet du président.
Emmanuel Macron a ensuite semblé inviter l’opposition, la justice ou les journalistes à s’en prendre directement à lui, un nouveau paradoxe alors qu’il a refusé de répondre à la presse, que la présidence juge impossible une audition devant les commissions d’enquête en raison de la séparation des pouvoirs, et que son immunité le préserve sur le front judiciaire.

Attaques contre la presse
« S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher », a-t-il dit, à la veille de son départ pour les Hautes-Pyrénées, suivi d’un déplacement en Espagne et au Portugal. « Jamais depuis un an, il n’y a eu qui que ce soit protégé ou soustrait aux règles, au droit de la République », a assuré Emmanuel Macron, alors qu’une partie de la polémique repose sur l’absence de signalement au procureur de la République des violences et du port par Alexandre Benalla d’équipements réservés à la police, sur la faiblesse de la sanction et sur le silence de l’Élysée jusqu’aux révélations du Monde. Ces déclarations ont décuplé la colère de l’opposition.
 « C’est une sorte de bras d’honneur qu’il a fait hier soir », a dit le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, sur France 2.
« Un bras d’honneur vis-à-vis de l’opposition quand il dit “Qu’ils viennent me chercher”, un bras d’honneur vis-à-vis des journalistes, de la presse, un bras d’honneur vis-à-vis des Français parce que, en réalité, il devait s’exprimer non pas devant sa cour, non pas en entre-soi et ne devait pas en réserver la primeur seulement aux siens », a-t-il ajouté.
Le député La France insoumise Alexis Corbière a adopté la même expression et demandé que le chef de l’État s’exprime devant la commission d’enquête de l’Assemblée.

Un « bras d’honneur » pour l’opposition
« “Qu’ils viennent me chercher”, dit le président devant son cercle de députés fidèles. Il ne viendra donc pas de sa propre volonté s’expliquer ? C’est un bras d’honneur au Parlement et au Peuple ! » a-t-il écrit sur Twitter. Emmanuel Macron a également attaqué les médias, à l’origine des révélations sur les agissements d’Alexandre Benalla.
« Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité », a-t-il lancé, contestant l’honnêteté des médias en laissant entendre qu’ils auraient renâclé à diffuser des images pouvant discréditer les personnes malmenées par celui qui était alors son collaborateur.
« Je vois un pouvoir médiatique qui veut devenir un pouvoir judiciaire », a-t-il ajouté, une déclaration similaire à celles de François Fillon lorsqu’il était fragilisé pendant la campagne présidentielle par des révélations du Canard enchaîné qui ont contribué à l’élection d’Emmanuel Macron. Alexandre Benalla a été mis en examen dimanche pour « violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité totale de travail », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique », « port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique », « recel de détournement d’images issues de la vidéoprotection » et « recel de violation du secret professionnel ».

Source : AFP

En invitant un adversaire indéterminé à venir le « chercher » dans l’affaire Benalla et en mettant en cause le travail de la presse, Emmanuel Macron adopte une défense paradoxale et risquée face à la plus importante crise politique de son quinquennat. Près d’une semaine après les révélations du quotidien Le Monde sur les violences commises par son...

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