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Lifestyle - Un peu plus

Goal !

C’est fini. Demain, la Russie fermera ses portes aux supporters de la France et de la Croatie, et le monde entier va retrouver une vie quasi normale. Au Liban, on va ôter les drapeaux des balcons (quoique les favoris des Libanais soient très tôt sortis de la course) et on reverra, par la même occasion, les portraits des candidats aux législatives qui n’ont toujours pas été retirés depuis. Ce qui est bien dommage puisque c’est bon, on a compris l’entourloupe.

Finis les pronostics, les analystes de dernière heure, les engueulades. On n’aura plus à expliquer aux éternels novices ce que c’est qu’un corner, un hors-jeu, une transversale, deux cartons jaunes = un carton rouge et qui joue avec qui et dans quel club. C’est qu’il y a des gens pour qui le foot, c’est chaque quatre ans. Même l’Euro, ils le zappent.

Pendant un mois, on aura eu droit donc aux fans absolus du ballon rond qui connaissent le nom de tous les joueurs, savent s’ils sont avec le Real Madrid, Manchester United ou le Bayern. Connaissent le montant de leurs transferts, leur âge, le nom de leur copine et de leurs enfants. Savent quand ils ont débuté, d’où ils viennent. De vrais cahiers Panini à eux tout seuls. Il y aura eu également les amateurs épisodiques de foot, ceux et celles qui n’aiment que les grandes compétitions (la Champions League pas toujours incluse). Généralement, avant le début du Mondial, ils ont fait leurs recherches, écouté les interviews après les matches, retenu les propos des commentateurs et auront fini par briller dans les salons sportifs. Ils furent d’ailleurs parmi les plus sympathiques des supporters et même si l’évolution de Mbappé au sein du PSG, ils n’en sauront pas grand-chose, ils seront devant leur écran dans deux ans quand les pays d’Europe se confronteront à nouveau. Et confondront peut-être le joueur de 19 ans avec son coéquipier Paul Pogba. On a souvent la mémoire qui lâche après 24 mois d’abstention.

Il y aura eu aussi ceux qu’on ne regrettera pas : les chieurs. Les chieurs qui commencent par critiquer votre équipe : trop colorés, pas assez de « vrais » Français, rien de Croate, trop violents, trop laids, trop petits. Comme si une équipe ne devait être composée que de pur-sang bleus d’1m87 au profil grec, à la mèche rebelle ; en gros, une sorte de concentré de Piqué, Beckham et Becker. Le talent est accessoire pour ces chieurs-là. Après avoir jonglé entre propos racistes (souvent contre l’équipe de France) et commentaires inutiles, ils deviennent « contre ». Pas par amour du foot mais juste pour vous emmerder. Ricanements limite hystériques quand un joueur de votre équipe rate un but. Leur but (c’est le cas de le dire), c’est de vous énerver sous prétexte que c’est plus drôle quand on n’est pas d’accord. Sauf que généralement ils ne savent pas où on en est ; soudainement aiment la Corée, l’Uruguay, le Mexique ou la Russie et font du bruit lors d’une passe décisive en mâchant leurs chips et en parlant au téléphone.

Le problème avec ces gens-là, c’est qu’ils ne comprennent pas que pour certains, le foot, c’est sérieux. Surtout pour les gamins qui suivent leurs clubs préférés religieusement, saison après saison, ne ratent pas un classico ni un match en Ligue 1, followent leurs « stars » préférées sur Instagram, reçoivent des alertes « sifflet » sur leur téléphone dès qu’un match commence n’importe où dans le monde. Ça peut finir mal ce genre de comportement. Très mal. On a tout de même eu un jeune homme pro-Selação poignardé par ses voisins, furieux de voir l’Allemagne capituler.

Et il y aura eu enfin, pendant ce mois, les « rien-à-foutre du foot », divisés en deux catégories : ceux qui se doraient les fesses pendant le match France-Argentine et ceux qui venaient retrouver leurs potes, pour l’ambiance. Ambiance qui va nous manquer quand même. Entre les bars où il n’y avait que des étrangers, adulateurs de l’Angleterre, le drapeau à la croix rouge minutieusement dessiné sur les joues, les écrans géants qu’on a matés entre deux bouchées de hommos autour d’un mezzé et les soirées chez sa copine à Baabdate avec 15 personnes qui auront hurlé devant les occasions ratées de Neymar… On ne peut pas nier que c’était particulièrement sympathique. Fêtes, retrouvailles, et alliances étonnantes entre Brésiliens d’un mois et nouveaux Belges. Bref, c’était cool le Mondial. On va maintenant retourner à nos moutons. Nos moutons de poussière.

C’est fini. Demain, la Russie fermera ses portes aux supporters de la France et de la Croatie, et le monde entier va retrouver une vie quasi normale. Au Liban, on va ôter les drapeaux des balcons (quoique les favoris des Libanais soient très tôt sortis de la course) et on reverra, par la même occasion, les portraits des candidats aux législatives qui n’ont toujours pas été retirés...

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Pour changer un commentaire sympa sur le Mondial, merci Madame Médéa et à la prochaine ! Irène Saïd

Irene Said

15 h 25, le 14 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • Pour changer un commentaire sympa sur le Mondial, merci Madame Médéa et à la prochaine ! Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 25, le 14 juillet 2018

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